Qui parmi nous n'a pas encore lu une œuvre majeure des temps modernes : l'Etranger? Une création qui a marqué toute une époque! C'est à travers en effet ce roman incarnant la réalité absurde où l'homme était parti à la quête du sens et de la signification de son existence vertigineuse, que bon nombre de lecteurs en découvert l'homme de Lettres et le jeune philosophe qu'est Albert Camus. En fait, le 10 décembre 1957 fut une date exceptionnelle pour ce philosophe, journaliste et cet homme de position. C'est en cette date qu'il avait reçu à Stockholm le Prix Nobel de littérature sur son Œuvre. A ce moment-là, deux romans fondamentaux traçant le cheminement de pensée d'Albert Camus ont été récompensés à savoir, «L'Etranger» et «La Peste». Un essai philosophique braquant les lumières sur l'absurdité de la destinée humaine figurait par les deux romans : «Le mythe de Sisyphe». À cette époque où le monde subissait les fouets d'une humanité sanguinaire, où notamment, la guerre battait son plein en Algérie, que Camus avait dénoncé le drame où vivait son époque. Cette prise de position qui lui avait coûté d'ailleurs une amitié de 10 ans avec ses camarades «progressistes» du quartier de Saint-Germain-des-Prés, notamment avec un théoriciens de l'existentialisme, Jean-Paul Sartre, et sa accompagnant, figure de proue du féminisme moderne, Simone de Beauvoir. Bref, pour dénoncer les massacres lors de cette guerre, Camus avait soufflé cette fameuse citation : «S'il faut choisir entre la justice et ma mère, je choisis ma mère». À l'âge de 44 ans, cette figure intègre l'Histoire par la plus grande des portes. Humble et modeste, Camus a su contrer les mauvaises intentions auxquels aspiraient certains esprits. C'est alors que lors de la réception de ce prestigieux Prix, il déclarait que son Œuvre est inachevée et que «C'est Malraux qui aurait dû l'avoir». «Tout homme et, à plus forte raison, tout artiste désire être reconnu. Je le désire aussi. (...) Comment un homme presque jeune, riche de ses seuls doutes et d'une œuvre encore en chantier, habitué à vivre dans la solitude du travail ou dans les retraites de l'amitié, n'aurait-il pas appris avec une sorte de panique un arrêt qui le portait d'un coup, seul et réduit à lui-même, au centre d'une lumière crue ? De quel cœur aussi pouvait-il recevoir cet honneur à l'heure où, en Europe, d'autres écrivains, parmi les plus grands, sont réduits au silence, et dans le temps même où sa terre natale connaît un malheur incessant ?», a-t-il déclaré dans son discours lors de la réception du Prix Nobel de littéraire. Témoin de son temps. Camus a tout fait pour devenir philosophe, pour se révolter contre l'injustice, pour dire non aux inégalités, mais aussi et surtout, dire un grand OUI à la vie. Pauvre, tuberculeux à l'âge de 7 ans, sa mère était femme de ménage et son père avait retrouvé la mort dans la guerre. Camus est allé jusqu'au bout de ses rêves pour équilibrer sa voix avec celle de la sagesse. En effet, dans son œuvre, parmi les plus lues d'ailleurs dans le monde, Camus incarne la notion de l'absurde dans «L'Etranger», «Le Mythe de Sisyphe», «Caligula» et «Le Malentendu». Ainsi, pour en finir avec cet état solitaire, il faut passer à l'acte, à la révolte et être solidaire. Camus voulut que cette pensée soit mise en valeur dans son roman «La Peste» et dans son essai philosophique «L'homme révolté», qui a été largement critiqué par Jean Paul Sartre. Un essai qui fait couler beaucoup d'encre ! Mais Camus a toujours cru au monde d'ici-bas, à ce paradis terrestre. Or, rien que l'amour ne pourra sauver la mise. Il y poétise l'existence de l'être humain. «Je ne connais qu'un seul devoir, et c'est celui d'aimer», écrivait le philosophe dans ses «Carnets». Dans «Le Premier Homme», un roman autobiographique posthume inachevé, édité par sa fille aux éditions Gallimard, Albert Camus rend hommage à l'Amour. Pour lui, le Prix Nobel est une consécration internationale à la fois qui le comble et le terrorise. Sa mort était absurde ! Une mort qu'il trouve dans un accident de voiture le 4 janvier 1960 (46 ans) à Villeblevin, dans l'Yonne en France.