A quelques jours du premier tour de l'élection présidentielle en France, prévu dimanche prochain, la menace terroriste continue de planer sur le pays surtout après l'annonce mardi de l'interpellation à Marseille de deux hommes soupçonnés de préparer un attentat imminent en pleine campagne électorale. Cet attentat déjoué vient confirmer que bien que les autorités ne cessent de répéter que tout est mis en œuvre pour assurer la sécurité de ce rendez-vous électoral important, le risque terroriste reste élevé d'autant plus que la France a été endeuillée ces deux dernières années par plusieurs attaques, dont les attentats de Paris et de Nice qui ont fait de nombreuses victimes et amené l'exécutif à décréter l'état d'urgence. Face à cette situation et en vue de rassurer les Français, le ministre de l'Intérieur Matthias Fekl a réagi immédiatement lors d'un point de presse après l'annonce de l'arrestation de ces deux suspects, en affirmant que les services de son département sont « totalement et plus que jamais mobilisés partout en France pour assurer la sécurité des Français, pour assurer le bon déroulé de la campagne présidentielle, pour assurer la sécurité des meetings et des rassemblements, pour assurer la sécurité des candidats et de leurs quartiers généraux de campagne ». Il a aussi rappelé que « plus de 50.000 policiers, gendarmes et militaires » seront déployés pour assurer la sécurité de l'élection, notamment dans les 67.000 lieux de vote. Pour sa part, le président François Hollande a salué le travail « remarquable » des services et des policiers qui a permis effectivement d'arrêter deux personnes qui « vont maintenant être confrontées devant des juges et devant des policiers pour que nous sachions exactement quelles étaient leurs intentions ». A rappeler qu'en février dernier, le président Hollande avait demandé que des « mesures spécifiques » soient prises pour lutter contre d'éventuelles cyberattaques à l'occasion de l'élection présidentielle. Dans ce cadre et à trois jours du premier tour de l'élection présidentielle, François Hollande a réuni ce mercredi un conseil de défense et de sécurité nationale pour considérer les dispositions prises afin de mettre en échec les projets d'attentat terroriste dirigés contre le pays, ainsi que pour examiner les mesures spécifiques de vigilance et de protection, y compris dans le domaine cybernétique, prises à tous les niveaux pendant la période électorale. Lors de cette réunion, le président français a souligné la nécessité de mobiliser l'ensemble des moyens adaptés pour garantir le bon déroulement de l'élection présidentielle, notamment face à la menace terroriste. Par ailleurs, la presse quotidienne paraissant ce mercredi s'est également attardée sur l'interpellation à Marseille de deux hommes soupçonnés de préparer un attentat en cette période présidentielle, tout en commentant son impact sur le déroulement de la campagne électorale. « Ce n'était pas un fantasme ni une volonté de faire peur aux Français. Depuis des mois, nos services de renseignement travaillent jour et nuit pour prévenir un acte terroriste susceptible d'impacter l'élection présidentielle », écrit Aujourd'hui en France, précisant que ce risque a fait l'objet de mises en garde et s'est concrétisé hier avec l'interpellation de deux hommes accusés de vouloir s'attaquer aux candidats. Dans un éditorial intitulé » Un risque concret », la publication relève que « malgré la série d'attaques meurtrières que notre pays a connue ses dernières années, la campagne avait jusqu'ici été épargnée par cette menace », notant qu' »elle vient de se rappeler à nous ». Le scénario tant redouté par les services antiterroristes, celui d'un d'attentat majeur en pleine campagne pour la présidentielle, a été évité de justesse, indique, pour sa part, « Le Figaro », soutenant que si de nombreuses questions demeurent, une certitude se dégage après l'interpellation, par la DGSI et le Raid, de deux hommes mardi, à Marseille, dans le cadre d'une enquête ouverte le 12 avril par le parquet de Paris pour association de malfaiteurs terroriste criminelle et infraction à la législation sur les armes en relation avec une entreprise terroriste. Au vu de l'arsenal découvert dans l'appartement « conspiratif » loué dans le IIIe arrondissement, ces deux islamistes avaient tout le nécessaire pour commettre un véritable carnage, fait observer le quotidien, ajoutant qu'au-delà du choix d'une cible éventuelle, il est évident que Daech souhaiterait marquer un grand coup à l'occasion du scrutin en France. « Nouvel échec du terrorisme », indique « Libération », relevant qu'au rythme infernal d'un attentat sanglant par jour dans le monde, les fanatiques de Daech – ou ceux qui s'en réclament – tentent de faire pression sur les peuples par le biais d'une terreur aveugle. Le terrorisme touche tous les régimes, dont les dictatures et les démocraties, poursuit l'auteur de l'article, soulignant que la double arrestation de mardi, montre que c'est bien plus l'action de renseignement des services spécialisés comme la DGSI qui aboutit à des résultats tangibles que le soi-disant réalisme des avocats d'une répression tous azimuts et d'un état d'urgence permanent. « Dans la lutte contre la terreur, la démocratie n'est pas un handicap. C'est même souvent le contraire », croit savoir la publication. A rappeler que le ministre de l'Intérieur avait indiqué que les deux hommes radicalisés arrêtés à Marseille sont nés respectivement en 1987 et 1993, de nationalité française et « avaient l'intention de commettre à très court terme, c'est-à-dire dans les tout prochains jours, un attentat sur le sol français », expliquant que les investigations « ont apporté des éléments permettant de matérialiser ce projet d'attentat terroriste. Si on ignore pour l'instant la cible des suspects arrêtés à Marseille, ce qui est sûr c'est que ce scrutin, qui s'annonce inédit au vu de l'écart resserré entre quatre favoris et du nombre d'électeurs indécis, se déroulera sous la menace terroriste ce qui exige un renforcement de la sécurité et davantage de vigilance. Imad El Honsali Abridi (MAP)