La politique d'austérité avec laquelle le gouvernement conservateur de Mariano Rajoy en Espagne a inauguré son mandat, a éliminé d'un seul trait de la loi des finances de 2012 la rubrique destinée aux programmes d'intégration des immigrés. C'est une mesure de grande gravité qui menace les fondements de la politique migratoire et hypothèse les conditions d'intégration socioculturelle des immigrés et de leurs enfants. Pour des considérations d'ordre budgétaire, le Fonds pour l'Intégration, l'Accueil et le Renforcement Educatif des Immigrés a été totalement éliminé des budgets destinés à l'administration centrale et aux gouvernements régionaux. Le fonds, qui était doté de 67 millions euros dans l'exercice de 2011, a disparu de la grille des dépenses dans le projet de loi de finances de 2012, qui a été approuvé, vendredi dernier, au conseil des ministres. Le fonds a été créé en 2004 par l'ex-gouvernement socialiste avec une dotation de sept millions euros avant d'atteindre, devant son succès, 200 millions euros en 2009. Le gouvernement qui a décidé d'appliquer des coupes budgétaires dans l'ensemble des rubriques, a opté pour la disparition pure et simple de ce fonds à travers duquel sont financés des programmes d'apprentissage de la langue espagnole aux étrangers et le renforcement au plan pédagogique de la formation des enfants d'immigrés. Des ONG et institutions relevant des gouvernements régionaux et municipalités se partageaient les fonds destinés à cette fin. Le fonds avait, en outre, souffert des réductions en 2010 et 2011 pour le ramener à 67 millions euros. Pourtant, mardi dernier, la Commission de l'Emploi et de la Sécurité Sociale du congrès des députés avait autorisé une initiative parlementaire qui recommande au gouvernement de garantir le financement de ce fonds en accordant les ressources suffisantes aux gouvernements régionaux et municipalités en matière d'intégration des immigrés. Pour le ministère du Travail et de la Sécurité Sociale, le fonds n'a pas été éliminé mais il a été décidé de suspendre son financement en 2012. Toutefois, les associations d'immigrés et des droits humains ont vivement déploré cette mesure qui va les priver d'une bonne part des subventions qu'elles reçoivent pour promouvoir des activités et initiatives au profit des immigrés et la convivialité entre autochtones et étrangers. Elles craignent que les futures réductions affectent les subventions destinées à financer d'autres programmes d'intégration. A la surprise générale, le gouvernement a également réduit de 50% les fonds destinés à la coopération au développement qui profite à de nombreuses ONG opérant dans les pays du tiers monde et dans le domaine de l'immigration. Ces fonds ont été ramenés à 1,389 milliard euros, lit-on dans le projet de loi de finances pour 2012, approuvé vendredi dernier. A titre d'exemple, le Fonds de Promotion pour le Développement (FONPRODE) a été réduit de 670 millions euros alors que le budget de l'Agence Espagnole de Coopération Internationale pour le Développement (AECID) a été diminué de 594 millions euros par rapport à l'exercice de 2011. Eu égard à ces réductions, la contribution du gouvernement à l'Aide Officielle au Développement (AOD) a baissé de 47,6% et se situe au niveau de 2005. L'AOD a clos l'exercice de 2011 avec un taux de 0,29% du Produit Intérieur Brut, contre 0,43% en 2010, un pourcentage loin de l'objectif de 0,75 que comptait atteindre l'Espagne. Les réductions des rubriques destinées à l'intégration de l'immigration et à l'aide au développement traduisent une nouvelle doctrine de gouvernance obéissant aux objectifs fixés par l'Espagne en vue de ramener le déficit public à 5,3% du PIB. Les immigrés, les grandes victimes de la crise économique, se voient cette fois privés d'un instrument qui les aide à accéder à de meilleures conditions d'intégration socioculturelle.