Le gouvernement d'Espagne est sérieusement préoccupé par le déficit public à tel point que citoyens et observateurs se demandent de quelle manière va-t-il prélever les cinq milliards euros, que l'Union Européenne lui exige pour ramener le déficit public à 4,4% du Produit Intérieur Brut (PIB). En débarquant au pouvoir, à l'issue des élections du 20 novembre, le cabinet de Mariano Rajoy s'est empressé d'annoncer une coupe de 30 milliards euros du déficit public en optant pour une série de mesures d'austérité. Comme le Parti populaire (PP : au pouvoir) dirige la plupart des gouvernements régionaux, le gouvernement de Rajoy n'a pas eu de grandes difficultés de mettre en pratique un premier paquet de mesures drastiques dont les résultats sont apparents au niveau des services sociaux. A titre d'exemple, des manifestations estudiantines se sont déroulées dans plusieurs villes pour protester contre la réduction des rubriques budgétaires destinées à l'équipement, à la recherche et à l'entretien des installations scolaires. Les récentes statistiques sur l'état du marché du travail ont été comme une douche froide pour le gouvernement en entamant son mandat avec plus de 5,7 millions de chômeurs et que 55% de jeunes de moins de 30 sont sans emploi. Deux mesures cruciales devaient être prises, vendredi par le conseil des ministres pour réduire le déficit public. Il s'agit de décréter l'extinction de plusieurs entreprises publiques et prospecter de nouvelles formules pour éliminer cinq milliards euros supplémentaires du déficit public. De cette manière, le gouvernement va supprimer du patrimoine de l'Etat 27 entreprises publiques, dont la Société Publique de Loyer. Le plan de rationaliser le secteur public vise, à court terme, 49 entreprises, soit 35% des 140 existantes, lit-on dans une note gouvernementale. Peu de jours après son arrivée au pouvoir, le gouvernement avait décidé la liquidation de 14 entreprises publiques et retiré les participations de l'Etat dans huit autres. De même, le gouvernement annonce sa détermination de retirer ses participations dans 35 compagnies. L'objectif de ce plan, a indiqué la présidence du gouvernement dans un communiqué parvenu à Al Bayane, est de réorganiser le secteur public en prenant considération les principes constitutionnels d'efficience, d'économie et de stabilité budgétaire. Le rapport élaboré par le ministère espagnol des finances et la Présidence signale que la restructuration des entreprises à vocation commerciale, où l'Etat dispose de participations supérieures à 50%, fait partie du plan déjà mis en application en imposant le contrôle sur les rétributions des hauts cadres et réduire le nombre de conseillers. L'Espagne compte quatre mille entreprises publiques dont plus de la moitié appartiennent aux communautés régionales. La Présidence du gouvernement avait annoncé qu'elle étudiait la possibilité d'éliminer 20% des 2.381 entreprises publiques, 613 fondations et 1.029 consortiums existants. Pour éviter de nouvelles réprimandes de l'UE, il est fort probable que le gouvernement étudie toute formule possible en prévision d'une coupe de cinq milliards euros additionnels du déficit public. Le parti socialiste l'accuse d'occulter un « plan B » qui viserait une hausse de l'Impôt sur la Valeur Ajoutée en vue d'augmenter ses recettes, licencier entre 200.000 et 300.000 fonctionnaires pour réduire les dépenses publiques et une forte baisse des prestations sociales pour chômage afin d'équilibrer les comptes de la Sécurité sociale. Les socialistes ont manifesté leur inquiétude devant le grand effort budgétaire qui sera exigé des gouvernements régionaux pour réduire les rubriques destinées aux services publics de base. Toutefois, lors de la séance de contrôle du gouvernement au parlement, mercredi dernier, le ministre des finances, Cristobal Montoro, a rejeté en bloc les “accusations” venant du groupe socialiste. Le gouvernement ne compte pas augmenter les impôts qui pénalisent les carburants, l'alcool et le tabac, a-t-il dit. A côté des maux de tête causés par les pressions de l'UE pour exiger une coupe supplémentaire du déficit public de cinq milliards euros, les recettes à titre de l'impôt sur la valeur ajoutée dans les transactions immobilières ont diminué en 2011 puisque les prix de l'habitat neuf a baissé de plus de 11,2% et risquent de continuer dans leur tendance négative en 2012. Ces données sont suffisantes pour dresser un panorama peu favorable pour accomplir les engagements de ramener le déficit public au même niveau que celui de la plupart des pays membres de l'euro-groupe.