Le nouveau gouvernement d'Espagne, dirigé par le conservateur Mariano Rajoy, a adopté jeudi, le deuxième volet de la sa feuille de route dans la bataille qui a pour objectif de réduire le déficit public, lutter contre la fraude fiscale et rendrea effective l'austérité budgétaire. C'est le programme de gouvernement que compte l'Espagne assumer pour sortir de la zone de turbulences budgétaires et récupérer le plus tôt possible les signes positifs de croissance économique. Aussi bien l'administration centrale que régionale sont la cible de ce programme, dont les grandes lignes ont été exposées, jeudi, lors d'une conférence de presse à Madrid par la vice-présidente et porte-parole du gouvernement, Soraya Saenz de Santamaria Le but est de réduire au maximum le nombre d'entreprises publiques et restructurer les organigrammes des gouvernements régionaux. De manière à ce qu'à la fin du mois sera élaboré un plan intégral pour la mise en vente, la transformation, la fusion ou l'élimination pure et simple de toute entité publique. Cette mesure, qui prend le caractère urgent, vise à accomplir les conditions exigées par l'Union Européenne de ramener le déficit public à 4,4% du Produit Intérieur Brut (PIB). Au total ce sont vingt mille entités publiques, dont quatre mille entreprises qui sont réparties entre l'administration centrale et les gouvernements régionaux et municipalités qui sont concernées, selon un rapport du ministre des finances et administrations publiques présenté au conseil des ministres jeudi. L'Etat, représenté par l'administration centrale, doit revoir le statut de plus de quatre mille de ses entités, dont des sociétés à vocation commerciale, consortiums et fondations. Il sera décidé, comme l'a expliqué la porte-parole de l'exécutif, de «revoir celles-ci pour décider définitivement de leur sort». La plupart d'entre elles relèvent des ministères du Développement, des Finances et Economie et «réalisent des activités qui ont peu de lien avec les services publics », a-t-elle remarqué. C'est la raison pour laquelle, leur restructuration s'effectuera selon les critères d'efficience et d'efficacité. Ces critères vont concerner leur situation patrimoniale, la masse salariale, le nombre et la mission des hauts fonctionnaires. Comme l'objectif primordial est de réduire le déficit public, l'Espagne va vivre une nouvelle phase de son histoire marquée par le démantèlement du service public et la disparition de nombreux instruments mis par l'Etat au service du citoyen. Jusqu'à septembre dernier, le cumul du déficit public à titre de 2011 avait atteint 32,285 milliards euros, selon le dernier rapport de conjoncture de la Banque centrale d'Espagne. Outre la privatisation de l'entreprise Aéroports Espagnols et Navigation (AENA) dont la dette s'élève à 12,369 milliards euros, le gouvernements compte compléter le processus de cession à des partenaires privés une partie de la société des Loteries de l'Etat, qui n'a pu être complété par l'ex-cabinet socialiste. D'autres entités de moindre importance, telles les petites et moyennes entreprises et fondations avec une participation étatique seront minutieusement analysées soit pour les fusionner soit pour délocaliser leurs activités à des entités privées. Ce processus de restructuration des entreprises publiques sera élaboré parallèlement à la préparation de la Loi des Finances de 2012 encore en suspens, qui sera présenté au parlement en mars prochain. L'exécutif de Rajoy aspire à défendre un budget « assaini » et avec moins d'entités publiques, comme l'avait promis durant sa campagne électorale. Concrètement, en ce qui concerne l'administration régionale, le gouvernement invite à réduire le poids de l'entreprise publique à 515 entités des deux mille actuellement. Celles-ci comptent un déficit de 15 milliards euros qui plombent les budgets des gouvernements autonomes. Pour le gouvernement actuel, certaines de ces entités régionales sont surdimensionnées et parfois n'accomplissent pas les objectifs pour lesquels ont été créées et qui sont aujourd'hui paralysées faute de subvention. Autre écueil à surmonter est la diminution des recettes de la trésorerie de la Sécurité Sociale qui a dégagé un déficit de 668 millions euros en 211, soit 0,06% du PIB, contre une prévision d'un excédent de 0,4%. Avec la mise en pratique du deuxième paquet de mesures drastiques pour réduire le déficit public, l'Espagne entre de plain-pied dans l'ère néo-libérale avec pour but final l'équilibre de la comptabilité publique au détriment des dépenses à vocation sociale. D'autres surprises viendront lorsque les gouvernements régionaux seront obligés à revoir à la baisse leurs recettes et à la hausse les impôts. Déjà, avec le gel des émoluments des fonctionnaires et du Salaire Minimum Interprofessionnel (SMI), le pouvoir d'achat va se recroqueviller et par conséquent l'animation commerciale stagne.