C'est sous le signe de la rigueur budgétaire que le nouveau Premier ministre, Mariano Rajoy, prend ses fonctions ce mercredi. Il entend réduire le déficit public de son pays à 6%, pour cette année. Les Espagnols devront encore se serrer la ceinture. C'est, en clair, le message délivré par le nouveau Premier ministre Mariano Rajoy lors de son discours d'investiture devant le Parlement, lundi. Dévoilant son programme aux représentants du peuple, il a annoncé des coupes budgétaires drastiques en vue de réduire le déficit du pays. «Si les prévisions du gouvernement sont justes, l'année prochaine, nous devrons réduire de 16,5 milliards d'euros le déficit pour l'ensemble des administrations publiques. Tel est notre objectif !», a-t-il déclaré. Alors que l'Espagne est désormais dans la ligne de mire des agences de notation, Mariano Rajoy n'avait d'autre choix que de rassurer les marchés financiers. Le mois dernier, Standard & Poor's avait confirmé la note (AA-) attribuée à la dette espagnole, prétextant des perspectives négatives pour son économie. Menace de récession La menace de la récession pèse également sur le pays, il faut donc agir. L'objectif principal du président du gouvernement espagnol, qui prend ses fonctions aujourd'hui, est de restaurer la confiance. «La première pierre de notre projet réformiste sera la loi de stabilité budgétaire», a souligné Mariano Rajoy. Cette loi sera votée le mois prochain, pour appuyer la règle d'or acceptée par l'Espagne en septembre. La mesure ainsi prise se fixe des limites chiffrées à partir de 2020, de 0,40% du PIB pour le déficit structurel, et 60% du PIB pour la dette. L'Espagne, qui pâtit de la crise de la dette dans la zone euro et de l'éclatement de sa bulle immobilière, s'est fixée comme objectif principal de réduire son déficit public qui a atteint 9,3 % du PIB en 2010. Le chef du gouvernement entend le ramener à 6% pour l'année 2011. Des réformes très attendues par les marchés financiers «Le déséquilibre entre recettes et dépenses de l'ensemble des administrations publiques se soldera cette année, selon les prévisions de la vice-présidente et ministre de l'Economie Elena Salgado, par un déficit de plus de 65 milliards d'euros, soit 6 % de notre PIB», a-t-il déclaré à l'adresse des représentants du peuple. Cependant, il a prévenu que cet objectif risquait «d'être dépassé». Notons que les grandes lignes de son programme de réformes étaient très attendues par les marchés, depuis la victoire sans appel du Parti populaire (PP) aux élections législatives du 20 novembre. La Bourse de Madrid a d'ailleurs bien réagi en prenant 1,6% après l'annonce du Premier ministre, lundi. «Le conseil des ministres du 30 décembre sera l'occasion pour mon gouvernement d'approuver un décret-loi de mesures d'urgence», a annoncé le le chef du gouvernement, promettant «un assainissement du secteur financier, il a principalement appelé» à vendre les immeubles finis que détiennent les banques, faire une valorisation très prudente des terrains en leur possession et mener plus de fusions entre entités bancaires. «Il faut dissiper les doutes sur la valeur des actifs, surtout immobiliers des banques qui empêchent un accès adéquat au marché des entités financières et contaminent aussi la crédibilité de la dette publique espagnole. Il est nécessaire de terminer de manière effective le processus d'assainissement du secteur financier», a-t-il insisté. Selon la Banque d'Espagne, les créances douteuses avaient atteint en octobre 7,42 % du total des créances des banques, ce qui représente un nouveau record depuis novembre 1994. Réduire le chômage Mariano Rajoy a de même promis du travail aux jeunes. Mais ces objectifs ne pourront être atteints sans le moindre effort de la part des Espagnols. Il a notamment annoncé que son gouvernement va mener une modernisation de la législation du travail, en vue de permettre une réduction du taux de chômage (qui est de 21,52%), l'un des plus élevé d'Europe. Aussi, la nouvelle équipe s'efforcera-t-elle de mener une «profonde réforme administrative» en vue d'éliminer les cumuls de fonctions. «Nous allons relever la tête. Nous nous en sortirons, par nous-mêmes, grâce à l'effort, la ténacité et la confiance», a-t-il conclu.