Pour la majorité des espagnols qui ont porté au pouvoir par leurs votes le Parti Populaire, le meilleur cadeau de récompense à recevoir en cette fin d'année est le grand paquet de mesures drastiques et de réduction par le gouvernement des dépenses publiques en 2012. Aucun secteur public n'a été épargné par le programme d'austérité que Mariano Rajoy, nouveau président de gouvernement, avait occulté durant la campagne électorale. Dix jours seulement après son investiture, la société espagnole se rend compte que les conservateurs au pouvoir ne sont pas différents de leurs prédécesseurs. Face à un gouvernement socialiste au creux de la vague, le Parti Populaire, alors dans l'opposition, avait su comment capitaliser la grogne de la classe ouvrière, les contradictions entre les engagements d'un gouvernement progressiste et la gestion de la crise avec des instruments néolibéraux, et, le soutien d'un patronat avide de privatisations et de bénéfices de l'entreprise à des coûts bas. Aujourd'hui, il s'appuie sur une majorité absolue au moment où l'opposition au parlement paraît balkanisée avec des socialistes en quête de leader. Le gouvernement de Rajoy a tenu, vendredi, son premier (véritable) conseil de ministres et a adopté des mesures qui vont rendre encore plus dure la vie aux classes vulnérables. Les syndicats, qui s'étaient opposés frontalement à toutes les initiatives des socialistes de réformer le marché du travail, humaniser les conditions de licenciement des travailleurs et soutenir ceux en chômage, se trouvent confrontés à un dilemme selon lequel le dialogue serait pénible avec l'actuel gouvernement conservateur. Par engagement idéologique, les principales centrales syndicales d'Espagne vont cohabiter avec un gouvernement loyal au néo-libéralisme. La bataille s'annonce dure. Comme première conséquence, les mesures ont été approuvées au conseil des ministres et seront automatiquement adoptées au parlement sans recours ni au consensus avec les autres formations politiques ni au débat sur les amendements que pourrait présenter l'opposition. Le gouvernement, fort de la majorité absolue, a les mains libres de mettre en application les consignes de l'Union Européenne en matière budgétaire et de réduction du déficit public. Toutefois, l'Espagne actuelle ne peut se mesurer à la majorité des pays membres de l'UE et la société s'est finalement rendue à l'évidence que les grands problèmes auxquels est confronté leur pays sont structurels. Quelles sont les mesures qui font peur aux espagnols, aux observateurs et à ceux qui ont voté pour le changement de gouvernement ? En peu de mots : réduire le déficit à 4,4% du Produit Intérieur Brut (PIB) contre 6% en 2011. Ce pourcentage peut être pris comme un code qui cache une infinité de données statistiques, de longues formules d'économétrie et des résultats qui se calculent en termes de réduction des dépenses publiques. Pour obtenir ce taux, le gouvernement doit réaliser une épargne de 16,5 milliards d'euros sur les dépenses publiques. Des sources proches du gouvernement font état d'un déficit de 65 milliards d'euros en 2011 alors que des experts tablent sur une réduction de près de 50 milliards d'euros pour pouvoir ramener l'actuel déficit à 4,4% du PIB. Plusieurs mesuresd'accompagnement ont été également adoptées pour atteindre ce résultat. Parmi ces mesures, l'on retient le gel des dépenses, des salaires etdu recrutement des fonctionnaires, et, l'adoption de l'Accord de Non disponibilité, une démarche qui ne prévoit aucun chiffre relatif à la rubrique-dépenses obligeant les ministères à gérer ce qui leur reste du budget de 2011 jusqu'à ce que soit adoptée la nouvelle loi de financesde 2012. Le gouvernement prévoit également la suppression de certains organismes, agences et entités publiques. Cette démarche conduira inéluctablement à la réduction des dépenses courantes de l'administration générale de l'Etat, la gestion du patrimoine immobilier et loyers et la rationalisation des moyens personnels et matériels mis à la disposition des administrations publiques (gouvernement central et communautés autonomes). La seule augmentation à prendre en considération (comme dépense additionnelle) est l'actualisation des pensions des retraités. Toutefois, le gouvernement fait sienne la réforme héritée des socialistes portant de 65 à 67 ans l'âge légal de partir en retraite mais élimine la formule de «départ volontaire à la retraite». Il ‘s'attaque aussi à un autre gain des socialistes et syndicalistes en imposant des restrictions à l'accès aux indemnités de chômage et gelant le Salaire Interprofessionnel Minimum. La Télévision Publique n'est guère épargnée. Elle doit se soumettre à un immédiat régime d'amaigrissent. Ainsi, Rajoy inaugure-t-il son étape à la tête du deuxième gouvernement populaire en exigeant aux citoyens (autochtones et étrangers) d'assumer leur part de responsabilité dans la politique d'austérité en renonçant à certains de leurs acquis, dont le gel des salaires, la réduction des moyens mis à la disposition des services sociaux et en contribuant au financement du déficit public.