Les problèmes du gouvernement espagnol de redresser les finances publiques de son pays traversent les frontières et sont examinés à la loupe au sein de l'euro-zone. Pas de laxisme disent ses partenaires quant à réduction du déficit public. Madrid se voit cette fois obligée à accepter sans rechigner les réprimandes des ministres des finances de l'euro zone et «faire un effort» supplémentaire pour ramener le déficit public à 5,3% du Produit Intérieur Brut (PIB) pour 2012 au lieu de 5,81% comme l'avait annoncé de manière unilatérale le gouvernement espagnol. Au lendemain d'une chaîne de mobilisations dans les rues de 60 villes espagnoles contre la réforme du marché du travail, le gouvernement a dû, faire face lundi, à une autre bataille, celle de juguler le déficit public. Cette fois, il a eu affaire, à Bruxelles, à des adversaires différents des syndicalistes puisqu'ils sont plus forts, intraitables et disposent du monopole de contrainte. Les ministres d'Economie de l'euro-zone ont rejeté l'objectif de 5,8% du déficit public annoncé par le gouvernement à titre de l'exercice de 2012. Ils lui ont demandé des coupes additionnelles de 0,5% du PIB, un pourcentage qui se traduira par une nouvelle réduction de cinq milliards euros. Ceci signifie que les ministères de l'économie, des finances et des administrations publiques devront revoir leurs calculs dans l'objectif d'amaigrir davantage les rubriques budgétaires assignées à certains secteurs. Déjà, l'annonce de réduire de 39 milliards euros le déficit public a mis contre le mur les gouvernements régionaux qui ont été obligés à renoncer à de nombreux programmes sociaux. Ces mesures drastiques ont eu comme résultat le licenciement de milliers de travailleurs, la diminution des prestations des services publics et l'abandon d'une infinité de projets sociaux par des ONG et municipalités. Le président de l'Euro-groupe, le premier ministre luxembourgeois Jean Claude Juncker, était, lundi, catégorique en déclarant que «le chiffre annoncé initialement par le gouvernement espagnol de 5,8% est mort». Une des conclusions adoptées par les ministres des finances du même groupe remarque que «l'Euro-groupe considère que la correction à temps du déficit doit être garantie par un effort additionnel de l'ordre de 0,5% du PIB, au-delà de ce qui a été annoncé par les autorités espagnoles jusqu'à présent». En tout cas, la réduction additionnelle d'un demi-point du déficit public a été décidée sur la base des analyses d'experts de la Commission Européenne et de la Banque Centrale Européenne (BCE), a précisé de son côté le commissaire des affaires économiques, Olli Rehn. Le nouvel objectif de déficit établi en accord avec l'Euro-groupe pour l'Espagne permet «d'introduire une cohésion entre la nécessité de restaurer la confiance aux finances publiques espagnoles et de faciliter le retour à la croissance durable» tout en «conduisant de manière sûre à l'objectif de 3% en 2013», a soutenu Rehn. Cette attitude traduit la double préoccupation pour garantir la stabilité du budget et la confiance en l'économie espagnole aux marchés financiers internationaux. L'objectif est de permettre à l'Espagne de ramener le taux de son déficit public à ceux des grandes puissances de l'Union Européenne qui comptent moins de chômage et plus de croissance économique. Les membres de l'euro-zone ont également demandé au gouvernement espagnol d'appliquer «strictement» les mécanismes prévus dans la nouvelle loi de stabilité budgétaire pour le contrôle fiscal «à tous les niveaux de l'administration», dont les gouvernements régionaux et les conseils locaux. Dans un communiqué, l'Euro-groupe a signalé, lundi, que «le gouvernement de Madrid a exprimé sa disposition à prendre en considération ces recommandations». Selon la même source, l'importante déviation dans l'exécution budgétaire de 2011, lorsque le déficit public avait atteint 8,5% au lieu de 6% conclu avec l'UE, exige «un grand effort quant au processus de consolidation en 2012» prévu par le gouvernement espagnol. De manière, estiment les pays membres de l'euro-zone, le budget de 2012, que le gouvernement espagnol compte présenter fin mars, doit «prévoir un effort soutenu de consolidation et être appuyé par des mesures bien concrètes qui garantiront que la correction soit crédible et durable à tous les niveaux du gouvernement». Ils ont cependant accueilli favorablement l'engagement de l'Espagne de ramener le déficit public à moins de 3% en 2013, «un objectif très important» pour l'Euro-groupe. Ainsi se présentent-ils les nouveaux défis pour le gouvernement de Mariano Rajoy. Il s'agit d'un panorama plus compliqué au moment où le marché du travail passe par une période délicate et les gouvernements régionaux sont amenés à revoir à la baisse la rubrique dépenses.