“Cela fait longtemps que j'attendais cet hommage, mais mieux vaut tard que jamais”, c'est en ces termes que Mohamed Majd, vétéran du cinéma marocain, a commenté, dans une déclaration à la MAP, l'hommage qui lui a été rendu par la 18ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan. “Cet hommage, qui consacre un demi-siècle de carrière, est un honneur que j'attendais depuis longtemps, d'autant plus qu'il m'est rendu à Tétouan, une ville que j'adore et que je visite annuellement, et qu'il coïncide avec l'hommage rendu à l'acteur égyptien Karim Abdelaziz que je considère comme un fils de la ville de Tétouan” , a-t-il déclaré dans un entretien accordé à la MAP. Pour Mohamed Majd, le cinéma marocain va dans la bonne direction, à la faveur des nouvelles idées et techniques introduites par la nouvelle génération de jeunes cinéastes formés à l'étranger. En soi, le fait que le film marocain soit primé lors de festivals de cinéma de par le monde, constitue un signe de bonne santé, a-t-il estimé. Dans le même ordre d'idées, l'acteur a noté une nette amélioration des conditions de production et de distribution des œuvres cinématographiques par rapport au passé, appelant les responsables “à soutenir les artistes qui ne demandent pas l'aumône, mais juste un travail décent”. En revanche, a-t-il relevé, le cinéma marocain a besoin, pour asseoir sa notoriété et son autonomie, de scénaristes faisant montre de créativité et puisant leurs sujets dans la culture marocaine. Il est grand temps, selon Mohamed Majd, que le cinéma marocain s'affranchisse de l'influence étrangère, crée sa propre valeur ajoutée et vole de ses propres ailes. Evoquant sa propre expérience cinématographique, le comédien a indiqué qu'en respect de son public et de l'image qu'il s'est fait de lui, il n'accepte que les rôles qu'il juge intéressants et pouvant intéresser les cinéphiles, une attitude lui vaut souvent plusieurs mois de chômage. A titre d'exemple, depuis ma participation au sitcom “Yak hna jiran” , cela fait 8 mois, je n'ai joué dans aucune production, faute de propositions probantes, confie-t-il. S'il lui arrive de rejeter certains rôles qui lui sont offerts, ce n'est pas pour des considérations financières comme certains réalisateurs seraient tentés de penser, mais bel et bien parce que ces rôles ne lui ressemblent pas, affirme celui qui se dit disposé à consentir des sacrifices pour un rôle qui arrive à le séduire. Ce qui importe, insiste-t-il, c'est que l'artiste soit convaincu du personnage qu'il incarne à l'écran et de sa capacité à le camper, et qu'il n'accepte pas le premier rôle qui lui est proposé juste pour gagner de l'argent, aussi difficile sa situation financière puisse être. Né à Casablanca en 1940, Mohamed Majd est l'un des acteurs marocains les plus prolifiques et les plus estimés de la scène cinématographique, grâce à son brillant parcours cinématographique, au cours duquel il a collaboré à plus de 80 œuvres marocaines et étrangères dont les plus remarquables restent “Arrissala” de l'Américano-syrien Mutspha Akkad, “Mille et une nuits” du Français Philippe de Broca, “En attendant Pasolini”, de Daoud Oulad Seyed, “Ali Zaoua” de Nabil Ayouch et “Le grand voyage” du Franco-marocain Ismail Ferroukhi. Le documentaire, un genre largement marginalisé Le documentaire n'a pas eu jusqu'à présent la place qui lui échoit dans le paysage cinématographique et reste un genre marginalisé, a estimé le président du jury des films documentaires de la 18ème édition du Festival international du cinéma méditerranéen de Tétouan (FICMT), l'Espagnol Antonio Delgado. Dans un entretien accordé à la MAP, M. Delgado, également réalisateur et directeur du Festival international du film documentaire de Madrid, a expliqué que, bien que le documentaire soit le genre le plus ancien dans l'histoire du cinéma, il se trouve aujourd'hui largement devancé par la fiction. D'après lui, cette situation s'explique par le fait que le documentaire est souvent confondu avec l'information, puisqu'on a l'habitude de ne le voir presque que sur la télévision. D'où l'intérêt, ajoute M. Delgado, de festivals comme le FICMT qui donnent au public l'occasion de voir des documentaires dans des salles de cinéma. Le Festival a également le mérite de faire connaître à une large échelle les cinématographies des pays méditerranéens, notamment le cinéma maghrébin, le cinéma syrien et le cinéma égyptien qui fait cas d'école dans le monde arabe, relève-t-il. Pour M. Delgado, le cinéma méditerranéen ne doit pas être assimilé à un mouvement cinématographique propre aux pays de la région. Loin de là, insiste-t-il, qui dit cinéma de la Méditerranée dit cinéma à portée universelle qui, à l'instar de toutes les cinématographies du monde, reste dominé par les problématiques sociales et les thèmes puisés dans la vie quotidienne. Evoquant le Festival de Tétouan, M. Delgado relève que sa réputation a dépassé à présent les frontières de la Méditerranée, en témoigne la programmation, dans la 18ème édition de films en provenance de pays d'autres parties du monde, notamment de la Serbie et de la Roumanie. “Ce qui que me paraît le plus intéressant dans ce Festival, c'est qu'il permet au public de voir des films qu'il n'a pas l'occasion de voir ailleurs, et montre qu'il y a une autre façon de faire le cinéma”, souligne-t-il. Le cinéaste espagnol a, par ailleurs, salué la bonne qualité des films documentaires sélectionnés pour la compétition officielle de cette 18ème édition, précisant que la qualité cinématographique et l'intensité des personnages et du message social véhiculé constituent les principaux critères que le jury va prendre en compte pour choisir les documentaires qui seront primés.