La mondialisation n'est point une fatalité. Est-ce une raison pour lui tourner le dos ? Non ! Affirme Dominique Strauss Khan, patron du FMI, intervenant lors de la séance inaugurale du Forum sur le développement humain qui se tient à Agadir. La pertinence des analyses de DSK tient au fait qu'elles sont adossées à une approche globale du modèle économique mondial d'avant la crise de 2008. Une approche qui intègre non seulement les facteurs économiques et financiers mais surtout la composante sociologique du modèle. A la base, la crise des «subprimes», déclenchée à cause de risques que certaines banques américaines ont pris dans le secteur de l'immobilier, ne devait, selon DSK, pas dépasser ce périmètre. En fait, cet événement a provoqué l'écroulement de « l'illusion d'une croissance soutenable », toujours selon le patron du FMI. Une illusion qui a longtemps bercé les appétits de pays comme la Chine qui doit aujourd'hui faire face à la gouvernance des inégalités sociales générées par ce modèle de croissance basé sur l'accumulation de taux de croissance des exportations, qui deviennent le seul apanage à des ilots de prospérité. DSK n'a pas manqué de convoquer la fameuse main invisible d'Adam Smith qui a longtemps servi à justifier une certaine forme de répartition de la richesse des nations par les mécanismes naturels du marché. Il rappelle cependant que pour peu que cette assertion soit d'actualité, il ne faut absolument pas que cette main invisible devienne un point noir dans la gouvernance de la croissance du fait des impondérables de son coût social. La sortie de crise qui commence à s'esquisser un peu partout dans le monde donne l'opportunité de penser à une nouvelle mondialisation. Un nouveau modèle économique qui commence à voir ainsi le jour, du point de vue des pays du sud, nécessite, immanquablement, la génération d'une classe moyenne appelée à jouer le rôle d'un relais important dans le processus de redistribution des richesses. Pour Strauss Khan, avant d'entamer la construction d'un nouveau modèle de croissance au niveau mondial, cela nécessite un préalable : traiter les problèmes de l'ancien modèle. En premier, prendre à bras le corps les déviances du système bancaire et limiter la prise du risque. Le deuxième problème concerne le traitement du chômage. La perte de l'emploi qui se traduit par des conséquences négatives directement sur l'individu au plan de sa santé, de ses relations familiales ainsi que sur son comportement civique (au sens où sa perception des institutions devient négative). La difficulté pour le nouveau modèle est de concilier entre ces deux impératifs, surtout pour des pays comme ceux de la région MENA, qui doivent trouver des opportunités d'insertion pour quelque 18 millions de jeunes qui arriveront sur le marché du travail dans les dix prochaines années. Il est évident que ce nouveau modèle doit être capable de générer de nouvelles solidarités pour mener à bien la construction d'une nouvelle mondialisation qui concilie entre objectifs du développement humain et redistribution équitable des richesses.