Encore et encore la corruption, c'est d'elle qu'il s'agit. Le gouvernement la met en pôle position de ses préoccupations. Les acteurs de la société civile actifs dans ce domaine n'ont de cesse de monter au créneau au grès des conjonctures et de l'incrédulité de ceux sensés changer les choses. Le phénomène est aussi vieux que le plus ancien métier du monde. Lié à la nature humaine, la corruption recouvre des réalités diverses et sa perception devient des plus problématiques et complexes. L'éradication de ce mal nécessite immanquablement la conjugaison des efforts de tous. L'engagement de Mohamed Saad Alami, ministre de la Modernisation des secteurs publics, devant les parlementaires d'engager une action d'envergure, est un message fort dont nous attendrons les prolongements concrets sur le terrain. L'Instance Centrale de Prévention Contre la Corruption a eu le mérite de mettre en place un référentiel national de qualification du phénomène. Le travail inauguré par Transparency Maroc en partenariat avec un certain nombre de départements de l'administration publique a contribué à asseoir également les bases d'une approche de nature à objectiver le processus quotidien de lutte contre la corruption. Par ailleurs, le grand chantier lancé en grandes pompes sous la houlette du gouvernement d'alternance concernant la moralisation de la vie publique s'est vite consumé sur l'autel des réticences. Un chantier qui devait en principe servir de cadre global au paramétrage de cette guerre en rangs serrés que le Maroc devait entamer afin de gagner la bataille de la bonne gouvernance. Le Maroc (toutes institutions confondues) ne peut en aucun cas s'offrir le luxe aujourd'hui de se confiner dans une démarche consistant à lancer des initiatives sous la forme d'effets d'annonce. Notre pays qui vit depuis plus d'une décennie au rythme de chantiers de réformes structurantes aux plans politique, économique, social et culturel, se doit d'adopter une position ferme quand à la lutte contre la corruption. Tout déficit récurrent en la matière risque de produire des retombées négatives exponentielles sur son image. Et nous savons pertinemment que les guerres les plus implacables que mènent les nations aujourd'hui ont pour champs fertile celui de la perception. La cohérence dans ce grand dessein de construction du Maroc de demain veut que l'on se doive d'entretenir la dynamique des réformes en parfaite harmonie avec la nécessaire obligation d'exorciser les vieux démons.