Mahmoud Abbas et Benyamin Netanyahu se sont donc retrouvés à Washington pour une ultime poignée de main après celle historique entre Yasser Arafat et Isaak Rabin sur le jardin de la Maison Blanche un certain 13 septembre 1993. Deux moments de dialogue séparés par des rivières de sang, de drames et de violences faites au peuple palestinien. La secrétaire d'Etat américaine Hilary Clinton flanquée des deux responsables en ce deux septembre 2010 avait toutes les raisons de jubiler. Elle est en train de réussir où nombre de ses prédécesseurs ont essuyé des échecs patents. Ce début de réussite de médiation tient à un fil tellement fin qu'il risque de rompre à n'importe quelle tergiversation de part et d'autre. Certains observateurs regardent d'un bon œil ce début de dynamique de dialogue dans le processus de paix. Mais ce qui est remarquable, c'est ce face à face entre les deux protagonistes, un moment de vérité comme dans un chef-d'œuvre du septième art. Avec cette différence de taille est que les acteurs sont ceux-là même qui font la guerre et la paix dans la vie de tous les jours. Ce qui retient l'attention particulièrement dans cet échange d'une rare intensité entre deux hommes qui font la guerre venus pour faire la paix, c'est quand les deux hommes se sont adressés l'un à l'autre : Abbas dit : « Nous demandons à Israël de cesser toutes les opérations d'implantation de colonies dans les territoires occupés et de mettre fin au blocus imposé à la bande de Gaza ». Netanyahu réplique : « Vous voulez que nous reconnaissions l'Etat palestinien comme un Etat-Nation du peuple palestinien. Nous, de notre côté, nous voulons que vous reconnaissiez l'Etat-Nation d'Israël comme le représentant légitime du peuple israélien». Cet échange court mais lourd de signification a fait le tour du monde dans la majorité des JT. Sur le fond, le responsable israélien se surprend en train de ramener le conflit du siècle du Moyen-Orient à son équation de base. Nous ne sommes plus dans la logique des monologues où chaque partie ignore l'autre et lui tourne le dos, avec tout ce que cela comporte comme crispations et affres imposés aux peuples de la région. Au contraire, il semble évident que nous entrons de plain pied dans la logique du dialogue et des concessions mutuelles. Le face à face n'est pas toujours synonyme de conflictualité. Il peut aussi être annonciateur de paix. L'administration américaine, du moins, souhaiterait inscrire à son actif cette prouesse. Mais l'expérience nous apprend que des négociations aussi corsées et coriaces, demandent à ce que les négociateurs aient plusieurs arguments dans leur sac. Or, la partie palestinienne a fait le déplacement à Washington affaiblie par tous types de pression et un Hamas qui campe sur ses positions.