Rien ne semble pouvoir l'ébranler. Sa confiance en soi, sa détermination et son fort caractère font d'elle déjà une championne exceptionnelle. Bientôt, elle va représenter le Maroc aux JO de Rio 2016 et pour la deuxième fois dans sa carrière. Il faut dire que Wiam Dislam est une sportive par comme les autres. Les exploits de cette taekwondoïste, âgée de 28 ans, inspirent aujourd'hui des millions de jeunes sportifs marocains. Et son parcours faisant foi. Pourtant, elle est venue au monde des arts martiaux par la force du destin. En fait, Wiam, a été contrainte dès sa petite enfance à intégrer les cours de la balle jaune. C'était le vœu de son père, Mustapha, qui fut d'ailleurs son entraîneur, champion du royaume durant quatre années consécutives (1997 à 1981). Mais, la rigueur et la sévérité du papa durant les séances d'entrainement l'ont poussée à déserter les terrains de Tennis. «Mon père était dur avec moi, à telle enseigne que je n'ai pas pu supporter ses coups de gueule et ses admonestations ; pourtant il me gâtait souvent. Il avait le sens de la paternité et il nous entourait d'amour, ma mère Fatiha qui est une artiste plasticienne, mon frère et moi», raconte-t-elle à Al Bayane. A l'âge de 14 ans, et plus précisément en 2001, Wiam va changer de cap. «J'ai du acquiescer aux conseils de mon père, qui m'a fréquemment recommandé de faire du sport pour maintenir ma santé», déclare-t-il. Après moult réflexions, l'enfant de Rabat va décider de s'inscrire dans le club des étoiles de Taekwondo. L'objectif escompté, selon elle, «c'est juste de faire du sport, pas plus». Il lui a fallu, seulement, trois mois de pratique sans désemparer, pour qu'elle impressionne tout le monde par ses capacités physiques et son habileté dans le jeu. Suite aux encouragements et à l'insistance de son coach, Benabderrassoul Abdellatif, Wiam a décidé de prendre par à la finale de la Coupe du Trône par équipes. «Au début, j'avais la peur au ventre ; comment se fait-il que je participe à une telle compétition, alors que je suis encore novice », relate-elle. Le jour J, l'enfant prodige de la capitale a brillé par sa prestation en parvenant à battre, Majda Zahrani, championne du Maroc et médaille d'argent lors du championnat du monde militaire de Taekwondo. Reconnaissance de la femme marocaine ! Ce moment fut crucial dans son parcours. Ainsi, elle a été convoquée par les dirigeants de la Fédération afin de renforcer les rangs de la sélection nationale. Depuis, elle a commencé à enchainer les succès dans plusieurs tournois nationaux et internationaux. Elle compte à son actif 5 titres de championne d'Afrique, médaille de bronze en coupe du monde 2009, médaille d'argent en championnat du monde universitaire et plus de 20 médailles dans des tournois internationaux, sans omettre qu'elle a été sacrée également 10 fois championne du Maroc et a été désignée numéro un mondial entre 2009 et 2011. Mais au-delà de la dimension sportive, Wiam considère que le Taekwondo lui a permis de forger sa personnalité. «Durant mon enfance, j'étais un peu fragile. Maintenant, je suis plus zen et plus calme, je sais bien prendre mes décisions au moment opportun». En 2012, elle a été choisie par le Comité national olympique marocain pour porter le drapeau de la délégation marocaine lors de la cérémonie inaugurale des jeux olympiques de Londres. «Quand on m'a annoncé l'information, j'ai failli pleurer de joie. Ma désignation constitue une reconnaissance non seulement pour moi, mais aussi pour toutes les femmes marocaines. C'est un acte d'une forte portée symbolique», confie-t-elle à Al Bayane. Pour Wiam, atteindre le sommet requiert des sacrifices énormes. Certains sportifs ont été condamnés à abandonner leurs études, ce qui pourrait se répercuter négativement sur leur avenir, laisse-t-elle entendre. Ainsi, elle appelle à la mise en place d'un système scolaire combinant sport et étude, comme c'est le cas dans plusieurs pays du monde. «Je peux me considérer que je suis très chanceuse. Cette année, j'aurais mon master en ingénierie de réseaux et de télécommunications. Je tiens à remercier vivement la Fondation Mohammed VI des champions sportifs qui m'a soutenu matériellement pour pouvoir achever mes études», fait-elle savoir. Pour l'heure, Wiam Dislam ne pense qu'aux Jo de Rio. «Je suis optimiste quant à ma participation. C'est une occasion qui s'offre une fois durant les 4 ans. Je suis de nature optimiste et j'espère que cette fois, ce sera la bonne», conclut-elle.