Les entités syndicales appellent à la grève. Réussis ou pas, si l'on considère ces débrayages avec tout ce qu'ils causent de perturbations, il n'est nullement permis de minimiser leur impact, si insignifiants soient-ils, en termes de ceux et celles qui les observent, partout dans les secteurs publics et privés. L'heure est à la vigilance ! Le message des grévistes devrait interpeller, au lieu de faire la sourde oreille. Loin de toute animosité stérile contre le régime, à l'instar des autres résurrections d'ailleurs. Chez nous, c'est plutôt la lutte contre la dépravation multiforme, l'économie de rente, l'accaparement illicite, le monopole vorace... dont il est question. Sans nul conteste, les populations aspirent à une vie meilleure. L'emploi et la dignité reviennent, à chaque fois dans les slogans brandis haut et fort, à tue-tête. La cherté des denrées de consommation et la hausse des produits rudimentaires accablent les petites bourses. Les disparités sociales et spatiales, la privation, l'exclusion et la précarité exaspèrent le petit peuple. Mais également, l'indignation devant les dépassements, les atteintes à la liberté et aux droits divers, les fraudes et les mafias de tous bords. Ils n'ont rien dit de mal, ces manifestants qui rouspètent par-ci et par-là, sauf que certains opportunistes extrémistes, de droite et de gauche, ont constamment la malveillance de s'approprier les sursauts de masses, inspirés des vagues de protestation qui s'opèrent autour d'eux. Ces groupuscules, sortis de leurs tanières et tournant perpétuellement le dos au processus de long terme auquel la Nation s'identifie à plein régime, ont toujours tenté de se faufiler dans les rangs des victimes en colère, et cru bon de semer l'amalgame dans des rassemblements de civilité. Même les jeunes, indignés par les soubassements perfides, ont fustigé les horreurs de la spoliation. On ne saurait alors envenimer les desseins communs et hypothéquer les délivrances embaumées par les entrains de la révolte pacifique. Il va sans dire que le panache des jeunes, virevoltants de nature, est avide d'interlocuteurs adultes, prédisposés à l'écoute, au respect et à l'estime. On n'a pas le droit de laisser germer le spectre du nihilisme et du désespoir au sein des jeunes, fragilisés par les affres de la vie. Quoique mitigée par les générations de nuisances, la scène politique nationale, région par région, localité par localité, devra se ressaisir en direction de cette jeunesse flamboyée par les beaux idéaux, mais terrassés par les souillures de la médisance. Le paysage politique a besoin d'être meublé de propos de la raison, de la sagesse et de la citoyenneté. Ces discours, seules les forces de la démocratie, de la modernité et du progrès peuvent les tenir, loin de toute simulation malhonnête. Ces forces légitimes et responsables ont tout intérêt à reprendre, encore de plus belle, ces sonnets envers les jeunes, somme toute désemparés par la timouride de l'extrémisme béat. Plus que jamais, les citoyens cherchent les civets de la confiance et les duvets de la défiance. A l'aune des réformes de haute facture qui émaillent actuellement notre pays, le peuple est en quête de la main tendue. Celle qui ne le trahit pas. Celle de la confiance et de la vérité.