Madrid : les politiciens espagnols boudent la marche du polisario    Lancement à Rabat d'un bootcamp d'entrepreneuriat au profit de 395 enfants parlementaires    La sécurité alimentaire de l'Afrique, une priorité stratégique pour S.M. le Roi    Ces Lions de l'Atlas ont du caractère !    Tanger Med : saisie de plus de 155.000 comprimés psychotropes dissimulés dans un camion de transport international    President Xi Jinping and Peruvian President Dina Boluarte Attend the Inauguration Ceremony    Rwanda: OCP Africa lance des Centres de services agricoles    Prix des médicaments: un enjeu stratégique pour la santé (économique) des familles    Trump nomme Karoline Leavitt porte-parole de la Maison Blanche    LGV Kénitra-Marrakech : China Overseas remporte un contrat des travaux du 10e lot    Tensions géopolitiques mondiales : le Maroc résiste face aux conjonctures fluctuantes, dit Lekjaâ    Pays-Bas : la coalition reste en place malgré la démission d'une secrétaire d'Etat d'origine marocaine    Mosquée Hassan II de Casablanca : Une polémique sur le paiement qui n'a pas lieu d'être!    Les villes créatives de l'UNESCO se donnent rendez-vous à Tétouan    Maroc: le prix de l'essence en léger recul, le gasoil inchangé    Le Sénat paraguayen apporte son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc    COP29 en Azerbaïdjan : Le Maroc en porte-étendard du leadership climatique africain [INTEGRAL]    Philippines: Evacuation de 250.000 personnes à l'approche du super typhon Man-yi    Fête de l'Indépendance : Edification continue d'un Maroc souverain et social    Walid Regragui : Une bonne prestation face au Gabon, mais encore du travail à faire    Marrakech : le Qatar Africa Business Forum 2024 ouvre ses portes    LDC (F) Maroc 24: Le carré final dévoilé aujourd'hui    Qualifs. AMS. CDM 26/ J11: L'Argentine battue, le Brésil accroché !    CDM des Clubs 25: Le trophée dévoilé    Serie A : La Juventus de Turin met fin au contrat de Paul Pogba    ONU: Omar Hilale nommé co-président du Forum de l'Ecosoc sur la science, la technologie et l'innovation    Revue de presse de ce samedi 16 novembre 2024    La vision de Xi Jinping.. une coopération internationale pour un avenir commun    La météo de ce samedi 16 novembre    Valencia floods : Moroccans mobilize to help those affected    Des constructeurs mondiaux candidatent pour la ligne électrique Dakhla-Casablanca    Un quotidien britannique met en avant les atouts du Maroc en tant que « première destination touristique d'Afrique »    Première édition du Prix Maroc Jeunesse : les lauréats dévoilés    Visa For Music 2024 : une 11e édition qui promet du lourd    Lancement de l' »Académie des Arts Régionale » par la Fondation Al Mada et le MENPS    Casablanca accueille la 6e édition de l'Africa Food Show    Les températures attendues ce samedi 16 novembre 2024    La Fondation Al Mada lance l'Académie des Arts Régionale    Averses de pluies avec chutes de neige et fortes rafales de vent vendredi et samedi dans plusieurs provinces    LDC féminine CAF : L'AS FAR en demi-finale après avoir battu l'University of Western Cape    Covid-19: trois nouveau cas au Maroc    La chambre des représentants adopte à la majorité la première partie du PLF 2025    Pays-Bas : après une séance ministérielle houleuse, une secrétaire d'Etat d'origine marocaine démissionne    OCDE : nouveaux records des flux migratoires et de l'emploi des immigrés en 2023    Trump désigne Doug Burgum ministre de l'Intérieur    Inondations en Espagne : Le Maroc mobilise un dispositif logistique significatif    La visite d'un responsable iranien au Maroc : Est-ce un pas vers l'ouverture des négociations pour la réconciliation des relations entre les deux pays ?    FIFM : Tim Burton, Sean Penn... casting de choc pour les 'Conversations'    







Merci d'avoir signalé!
Cette image sera automatiquement bloquée après qu'elle soit signalée par plusieurs personnes.



Umberto Eco : Le capteur de signes
Publié dans Albayane le 22 - 02 - 2016

«Je ne suis pas sûr de dire là une chose originale, mais il me semble que l'un des problèmes majeurs qui se posent à l'être humain est la question de comment affronter la mort», c'est ainsi que l'intellectuel et écrivain italien Umberto Eco, décédé samedi dernier à l'âge de 84 ans, avait entamé une réflexion qui ne manquait pas d'humour sur comment aborder sereinement la mort. C'était en 1997, dans une lettre destinée à un disciple imaginaire et publiée dans l'hebdomadaire l'Espresso, qui a eu l'intelligence de la republier au moment où l'éminent philosophe rencontre la mort.
C'est l'une des figures les plus brillantes de la philosophie contemporaine, Umberto Eco est devenu mondialement célèbre à partir de son roman, «Le nom de la rose», une intrigue policière médiévale dans les milieux du fanatisme religieux. Tout le récit est mené dans une sorte de huis clos, une abbaye, où des meurtres étaient commis, motivés par la quête autour de l'œuvre d'Aristote, «La comédie». L'enjeu était comment bannir le rire à partir de motifs religieux. Le roman a été porté à l'écran par J.J Annaud avec Sean Connery dans le rôle de l'ex-inquisiteur, Guillaume de Baskerville, chargé de mener l'enquête. Mais le succès du roman dépasse de loin le film. L'œuvre romanesque d'Umberto Eco se présente en effet comme le prolongement de sa réflexion philosophique par les moyens de la fiction. «Le nom de la rose» est, dans ce sens, un formidable exercice sémiotique. Le personnage principal est à l'image de l'auteur lui-même ; un éternel capteur de signes. Toute son action consiste à décrypter des signes sur la voie de la vérité. Dans la fiction, pour démasquer le criminel ; et dans l'œuvre de tous les jours, il s'agit de décrypter les signes de la modernité.
Il faut en effet rappeler que si la notoriété médiatique voire populaire d'Umberto Eco est le résultat du succès de son roman, il n'en demeure pas moins qu'il fut un grand philosophe, un brillant intellectuel, qui ne manquait jamais d'humour et un grand sémioticien. Il a développé une sémiotique conjuguant la théorie et la pratique. Sur le plan théorique, je peux citer des ouvrages qui me paraissent fondamentaux pour comprendre sa démarche. Notamment L'œuvre ouverte qui a marqué le discours critique contemporain dans son rapport à l'œuvre d'art ; celle-ci est définie comme « un message fondamentalement ambigu, une pluralité de signifiés en un seul signifiant », faisant appel à la coopération du récepteur dans une démarche d'interprétation qu'il nourrit de son imaginaire. La clôture d'une œuvre n'est jamais achevée, elle est prolongée par le pacte de lecture qu'elle établit implicitement avec son récepteur.
L'autre œuvre de référence, entre autres bien sûr, est «Sémiotique et philosophie du langage». Le livre, très dense et très académique, analyse cinq concepts qui ont dominé tous les débats sémiotiques : signe, signifié, métaphore, symbole et code.
Umberto Eco n'hésitait pas à confronter sa théorie sémiotique à la pratique quotidienne ; il était en quelque sorte un sémioticien bon vivant, traquant dans ses articles pour l'hebdomadaire l'Espresso, les signes derrière les choses, les discours derrière les discours. Articles qu'il réunit dans un livre passionnant, La guerre du faux. Ouvrage qui n'est pas sans rappeler «Mythologies» de Roland Barthes. Les deux sémiologues nous invitant à saisir du sens là où l'on ne serait tenté de voir que des faits. Umberto Eco appelait à une guérilla sémiologique pour démasquer les stratégies de manipulation, de l'illusion et du faux. Une analyse pertinente des faits de société : une émission de télévision, le terrorisme, un match de football, le blue-jean un parc d'attractions... l'univers du quotidien magistralement décrypté par un regard pétillant d'intelligence et de malice.
Il aimait dire que la seule vérité qui va demeurer au-delà du réel est la vérité artistique : «Dans vingt ans, disait-il, mes petits-enfants oublieront les décapitations opérées par Daech, mais ils n'oublieront pas la mort de Hamlet».


Cliquez ici pour lire l'article depuis sa source.