Quoique produit vulnérable, l'industrie du tourisme est porteuse. Notre pays compte beaucoup sur l'apport de cette économie vitale, compte tenu de son potentiel naturel, climatique et sécuritaire. Pour ce faire, il met en place des structures d'accueil et décline une stratégie planifiée. Des destinations-phares, aussi bien balnéaires (Tanger, Agadir...) qu'exotiques (Marrakech, Fès...), sont, depuis longtemps, mis dans l'orbite de relever ce défi. Des fonds faramineux, à travers des prêts de l'Etat, notamment le CIH, ont été mis à la disposition des promoteurs et des investisseurs, tant nationaux qu'étrangers, dans le domaine. Pour certains, ils ont amorti et rentabilisent encore davantage leur projet, par l'aménagement permanent de leur unité hôtelière ou par la duplication de leur entreprise. D'autres stagnent à la case de départ et voient leur boîte se détériorer au point de ne plus servir à grand-chose. Faute de rénovation continue, la capacité litière s'amenuise, d'une cadence vertigineuse, à tel point que l'offre s'avère insuffisante pour les tours operators qui ont tendance à préférer les marchés de grand flux. Quand on sait que des demandes de Charm Cheikh, en Egypte, ou encore Antalya, en Turquie, oscillent autour de plus de 500 000 lits chacun, alors que Marrakech et Agadir en sont respectivement à pas plus de 80 000 et 15 000 en état commode, il y a lieu de rougir d'humiliation. Il convient également de souligner que les deux destinations des Pharaons et du Bosphore comptent chacun plus de 3 millions de touristes russes par an, à titre d'exemple et à peu près autant des visiteurs germaniques. C'est dire combien on est très en retard par rapport à des stations concurrentes, en termes de volumes capacitaires. Comment voudrait- on, dans ce cas, persuader des ténors du tourisme mondial qui, à l'image de l'Allemagne ou la Scandinavie, expédient chacun plus de 75 millions de voyageurs dans les destinations prisées de la planète, alors que notre produit ne promeut que quelques dizaines de milliers de lits convenables et quelques dessertes aériennes directes de la compagnie nationale ? Il est bien vrai que cette fosse qui se dresse devant une telle rivalité, due essentiellement à une fausse gouvernance du tourisme, depuis déjà quelques années, paraît insurmontable, du moins dans un proche avenir. Mais, il semble aussi impératif pour remédier à ce déficit en matière d'infrastructures hôtelières, de commencer à rénover une multitude de structures se trouvant dans un état délabrée, à l'instar de la capitale du Souss dont le nombre d'hôtels classés défectueux avoisine la dizaine. Pour redorer le blason d'un fleuron du tourisme, la voie de l'essor se résume en une priorité fondamentale, à savoir l'investissement. C'est incontestablement la clef de voûte pour booster la destination, à travers, entre autres, le rehaussement des structures d'accueil, le relèvement des cadences promotionnelles en maintenant les marchés traditionnels et en prospectant d'autres en émergence, la mise en place des normes qualitatives susceptibles d'assurer la relance. Il est donc incontournable d'étoffer le parc hôtelier pour se hisser à un positionnement plus adéquat et garantir une offre qualitative des plus appropriées. Le dilemme est certes de taille, mais on ne peut compromettre des enjeux encore plus déterminants ayant trait à la survivance d'une destination touristique d'envergure «moribonde», comme Agadir, longtemps considérée comme la première station balnéaire du royaume.