Romancière et nouvelliste, Leila Sebbar rapporte les faits d'un passé, ou elle fait appel à d'autres auteurs pour témoigner. Un livre qui touchera au cœur tous ceux qui ont passé leur enfance dans l'un des pays du Maghreb ou du Moyen-Orient, quelle que soit leur religion. Et tous ceux qui ont vécu heureux dans ces pays, qu'ils soient enfants du pays ou pas. Trente-quatre auteurs de confession juive, de la médecine au droit en passant par l'ethnologie, ont décidé de raconter leurs souvenirs d'enfance dans ces pays de Méditerranée musulmane qui vont du Maroc à la Turquie. Nés entre les années 1930 et 1950 au sein du pourtour méditerranéen, ils ont été sollicités par Leïla Sebbar. Trente-quatre mémoires ayant conscience d'avoir vécu la fin d'une époque, celle où la vie ancestrale des juifs en terre arabe était encore possible et relativement paisible. Un livre pleins d'émotion, inédits et illustrés pour chaque personnage. La première chose qui frappe dans ce livre, ce sont les souvenirs d'enfance de ces hommes et femmes nés dans des familles juives dans ces pays du Maghreb ou du Moyen-Orient. Entre tous, il y en avait qui ressemblaient énormément aux musulmans et chrétiens des mêmes pays. D'autres n'étaient ni acceptés par la communauté arabe, ni par les Français qu'ils fréquentaient le plus. Entre discrimination, fréquentation uniquement diurne et parfaite entente, les témoignages exposent la diversité du vécu que l'on oublie trop souvent. Ces histoires sont cependant toutes liées par un dénominateur commun : celui du traumatisme de l'exil subi, accompagné d'un sentiment de déracinement et d'une quête identitaire. Nostalgie et amertume n'empêchent cependant pas les souvenirs d'être imprégnés des délices culinaires, des musiques orientales, des chaleureuses réunions familiales à l'occasion des fêtes religieuses et du polyglottisme exceptionnel qui y régnait, attestant une trajectoire familiale des plus complexes, celle d'une diaspora à l'histoire mouvementée. Ce formidable brassage des populations, et le fait que beaucoup de familles juives étaient «occidentalisées», parlant dans nombre de pays le français à la maison (langue de l'occupant colonial et des classes éduquées). Ce livre est fait sous forme d'un voyage au passé, un rappel que l'identité religieuse ne peut nier l'appartenance de la personne à son pays. Leila Sebbar livre une pensée d'un passé multicolore, qui permettra aux lecteurs de découvrir autant de tristesse que de joie ; autant de mauvaise que de belle foi. Nostalgie quand tu nous tiens !