L'agence Maghreb arabe presse (MAP) a réalisé, à la veille du lancement de la campagne électorale des Législatives du 25 novembre, un entretien avec le Secrétaire général du Parti du progrès et du socialisme. Voici les éléments de réponses de Mohamed Nabil Benabdallah au questionnaire de la MAP. Question : Dans quelles conditions le PPS va-t-il affronter les élections ? Je dirais en toute objectivité que les conditions sont plutôt bonnes : Nos candidats sont pour la plupart des militants et des militantes, choisis par ceux qui les connaissent le plus, c'est-à-dire par leurs bases. La direction du Parti n'a fait qu'entériner ce choix, sauf bien sûr en cas de litige. Pour la liste nationale, les candidats ont été choisis et classés par un vote démocratique et transparent des membres du comité central, sans aucune ingérence des responsables du parti. Ce sont des hommes et des femmes intègres, honnêtes et dévoués à leur pays et aux causes des masses populaires. Notre plateforme programmatique qui contient les éléments principaux de notre projet sociétal (démocratie, modernité et progrès) est claire et détaillée, sans surenchère ni démagogie. Elle est réalisable. Nous pensons que nous n'avons pas à rougir de notre contribution à l'action gouvernementale. Nous occupions deux postes très exposés (porte parole du gouvernement ayant en charge la communication, et les affaires sociales et familiales). Les camarades qui représentaient le PPS au gouvernement ont assumé leurs responsabilités avec beaucoup de courage et d'abnégation. Notre totale disponibilité à assumer nos responsabilités dans la gestion des affaires du pays. Comme nous sommes prêts à rendre des comptes, individuellement et collectivement sur notre gestion - passée et à venir - de la chose publique. - Cependant sur le plan organisationnel, nous pouvons dire que nos différentes structures n'ont pas encore atteint un niveau de mobilisation et d'implication optimal. Il faut dire que les délais de préparation ont été courts compte tenu des délais exigés par toute démarche démocratique qui se doit de tenir compte de l'avis des militants. Q. Etes-vous optimistes sur le score que pourrait réaliser votre parti ? Pouvez-vous faire mieux qu'en 2007 ? Nous pensons que nous pouvons faire mieux qu'en 2007. D'abord au niveau de la mobilisation des électeurs, quel que soit leur penchant, en vue d'atteindre un taux de participation important. Ce serait une grande victoire contre les abstentionnistes et les nihilistes. Ensuite au niveau du pourcentage des voix nous espérons raisonnablement un score supérieur à 7% Enfin, un nombre d'élus conséquent, permettant de disposer d'un groupe parlementaire homogène et efficace. Q. On sait que les programmes politiques présentent beaucoup de ressemblance, , qu'est-ce qui fait la particularité du projet du PPS ? Les programmes présentent objectivement des ressemblances. Cela est tout à fait normal, car la réalité politique, économique et sociale de notre pays s'impose à tous de la même façon. Les différences apparaissent compte tenu des positionnements idéologiques et politiques, c'est-à-dire dans les catégories sociales qu'on choisit de privilégier. Le PPS est un parti patriotique : il œuvre à la défense des intérêts supérieurs de la Nation. En cela, il n'est pas le seul. Le PPS est un parti de gauche. A ce titre, il privilégie les intérêts des masses laborieuses. Les questions sociales sont pour lui des questions structurantes, c'est-à-dire positionnant les hommes et les femmes au centre de toute préoccupation. Pour y faire face, il prône une répartition équitable des richesses produites, le respect des droits fondamentaux à la santé, l'éducation, le travail, la justice et la dignité. Ce positionnement est fortement décliné dans notre programme sous la forme de 5 grandes orientations, 15 engagements et 100 mesures. Q. La Koutla est-elle toujours en vie ? N'envisagez-vous pas d'autres alliances en dehors de vos alliés traditionnels de l'USFP et de l'Istiqlal La Koutla est toujours en vie, ce que chacun peut voir. La difficulté c'est son efficacité d'une part, et son irrégularité d'autre part. Au lieu d'être une instance stratégique permanente de consultation, d'harmonisation et de mobilisation, elle apparaît comme une structure saisonnière qui réapparait au moment des alliances électorales et gouvernementales. Par ailleurs, elle gagnerait à s'ouvrir à d'autres composantes du champ politique présentant des points communs avec son évaluation de la phase historique et avec sa démarche. Ceci étant, les liens entre ses trois composantes n'ont jamais cessé et la convergence entre leurs orientations et positionnements est évidente. C'est ce que nous avons réaffirmé ensemble dans la plateforme programmatique commune signée le 2 novembre 2011. Nous sommes prêts à toute alliance avec tout partenaire qui partage notre crédo (servir les intérêts supérieurs de la Nation et du peuple) notre sensibilité de gauche et les grandes lignes prioritaires de notre programme. Q : L'utilisation de l'argent pourrait-elle être décisive lors de cette consultation et comment faire pour mieux neutraliser les corrupteurs ? Nous n'en savons rien. C'est possible car les moyens et les dispositifs sont nombreux et variés et la demande est réelle, vu le nombre de votants qui sont dans le besoin. Il est possible qu'un châtiment rapide et exemplaire puisse dissuader les « corrupteurs » Q : Le PPS pourrait-il retrouver l'opposition après près de 13 ans dans le gouvernement ? Il est toujours plus facile d'être dans l'opposition qu'aux commandes : on n'assume aucune responsabilité ni promesse. Le PPS a certes passé 13 ans au gouvernement, mais il en a passé plus de 35 dans l'opposition. Alors oui le PPS peut se retrouver dans l'opposition sans la moindre gène ni le moindre complexe. Mais là aussi le PPS est un parti particulier : les notions «d'opposition» et de «pro-majorité» ne lui correspondent pas. Le PPS critique et combat toute attitude, toute position et toute action qui ne lui semble pas aller dans le sens de l'intérêt du pays et des masses populaires, qu'elle provient de la majorité ou de l'opposition Q : Est-ce qu'on peut voir un jour l'émergence d'un véritable pôle de gauche, surtout que le printemps arabe a contribué à la montée en puissance des islamistes comme en Tunisie, en Libye ou en Egypte ? Indépendamment du « printemps arabe » ou de la prétendue montée en puissance des islamistes, nous le souhaitons vivement. D'ailleurs nous y avons œuvré à plusieurs reprises et cela dans le but de : - rassembler les forces en vue de l'élargissement des acquis des travailleurs et de la concrétisation de leurs droits fondamentaux - renforcer la capacité des hommes et des femmes de gauche à imposer la mise en œuvre des droits démocratiques et sociaux qui feraient des marocains des citoyens à part entière.