A l'approche des échéances électorales, des voix mal intentionnées et des personnes mal informées cherchent à semer le doute dans le paysage politique en s'en prenant notamment aux positions du PPS pour les déformer. Ces écrits, qui relèvent plus du charlatanisme politique que d'une analyse sérieuse et objective, ne contribuent malheureusement pas à rehausser le niveau du débat démocratique dont le pays a besoin pour une meilleure clarification idéologique. C'est dans cet amalgame d'idées et de confusion des genres que nous avons lu récemment des absurdités et des mensonges du genre : «le PPS s'apprête à une alliance avec le PJD» ou «le PPS a été à l'origine de l'exclusion de l'OADP de la Koutla», ou encore «le PPS ne favorise pas l'adhésion des autres partis de la gauche à la Koutla» et que sais-je encore !! Bien sûr, aucun argument à l'appui de ces dires n'est avancé, si ce n'est des déclarations relevées dans une certaine presse en mal de publicité et à la recherche du sensationnel. Et pourtant, il fallait tout simplement prendre la peine de lire les documents du PPS qui sont mis à la disposition de tous à travers son site ou se référer aux déclarations de ses instances dirigeantes seules habilitées statutairement à exprimer les positions du parti surtout s'agissant d'une question stratégique comme celle des alliances. Lesquelles instances sont tenues d'appliquer d'ailleurs les positions arrêtées par le congrès national. Au chapitre des alliances, le document politique approuvé à l'unanimité par le 8ème congrès national (mai 2010) est on ne peut plus clair : « Le Parti du Progrès et du Socialisme détermine la sphère de ses alliances selon la nature et la dynamique de la phase historique, les missions à accomplir et les défis à relever. Le choix du Parti s'oriente naturellement vers les composantes de la Koutla Démocratique et les courants de la gauche, dans le cadre de l'ouverture sur tous les démocrates et les modernistes, conformément aux exigences dictées par le renforcement du processus de réforme au Maroc, dans la perspective de la société moderne et démocratique à laquelle nous aspirons ». Et de préciser plus loin sa position concernant les partis de gauche : « Pour ce qui est des alliances avec les forces de gauche constituant le noyau fondamental où se situe le Parti, et qui est un espace dans lequel notre Parti a occupé une place distinguée tout au long de son histoire, partant de ses convictions progressistes renforcées et ses ambitions d'unification continues depuis sa constitution et auxquelles il s'attache aujourd'hui plus que par le passé, il est nécessaire de reconnaître que l'action pour l'unification des rangs de la gauche ne s'est toujours pas réalisée malgré les efforts fournis visant à former un groupement de gauche, fort et unifié, à travers notre ouverture sur toutes les composantes de la gauche qui veulent vraiment œuvrer conjointement et participer collectivement à l'émergence d'un Maroc de démocratie, de progrès et de justice sociale, à la défense de nos orientations communes politiques, économiques, sociales et culturelles » A vrai dire, cette position qui ne souffre d'aucune ambiguïté, ne date pas du 8ème congrès. L'alliance des forces nationales et démocratiques a constitué une position constante du PPS depuis sa création. Et sa participation au gouvernement depuis 1998 est dictée par cette ligne de conduite. Il l'a fait avec les autres partis de la Koutla démocratique qui formaient l'ossature de la composition gouvernementale, et dans le cadre d'un compromis historique. A partir du moment où ce compromis commence à montrer des fragilités et atteindre ses limites, le PPS n'a pas hésité à appeler à un nouveau contrat social et à de nouvelles réformes constitutionnelles, politiques et économiques pour passer à une nouvelle phase dans l'édification démocratique. Le Maroc est effectivement rentré dans cette nouvelle phase avec l'adoption de la nouvelle constitution, mais rien n'est encore définitif. Tout dépendra des autres réformes à venir et de la mise en œuvre de la nouvelle constitution d'une façon conforme à son esprit. Nous pensons au PPS que la seule garantie contre d'éventuels dérapages, outre l'engagement du Souverain, réside dans le resserrement des rangs des forces démocratiques et en particulier de la Koutla. C'est dans ce sens qu'interviennent les différentes initiatives entreprises dernièrement par le Parti à l'égard de nos alliés de la Koutla et de nos amis de la gauche. Ces initiatives ne sont pas nécessairement du goût des ennemis du changement et de ceux qui ont des intérêts bien établis à défendre. Ces milieux n'ont jamais caché leur hostilité à l'émergence d'un front démocratique large dans le pays. Le « changement » qu'ils envisagent est taillé à leur mesure, en faisant semblant. L'annonce récemment d'une coalition quadripartite regroupant des partis se déclarant du « pôle libéral » est à mettre dans cette perspective. Encore faut-il que ce « pôle » résiste aux vicissitudes du calcul politicien et aux aléas de l'humeur. L'alliance que nous préconisons au PPS est d'ordre stratégique et programmatique. Stratégique dans la mesure où elle est déterminée par l'analyse de la société marocaine et de ses contradictions fondamentales qui la traversent. Elle n'est pas dictée par des considérations purement électoralistes. Au contraire, elle a comme objectif de transformer en profondeur la société marocaine pour bâtir et consolider l'Etat de droit. Programmatique dans la mesure où elle doit se faire sur la base d'un programme clairement élaboré sans sectarisme ni hégémonie. Un programme minimum certes, mais un programme de rupture avec les options libérales failles. Dans l'étape que traverse le pays, une telle alliance est nécessairement ouverte pour toutes les sensibilités démocratiques et de gauche qui adhèrent à ce programme minimum de changement, qui se recoupe parfaitement avec le discours du Souverain prononcé à l'occasion du 58ème anniversaire de la Révolution du Roi et du Peuple. Un programme de salut national, de progrès social qui ferait de la lutte contre le népotisme, la corruption, l'économie de rente et les privilèges sa priorité numéro UN. C'est, pensons-nous, le seul moyen pour redonner confiance à notre peuple dans ses institutions et empêcher le pays de subir la « crise cardiaque » qui serait fatale et lourde de conséquences. C'est le vrai enjeu qui dépasse de loin les mesquineries et les calculs d'épicier. *Membre du Bureau Politique du PPS