Le Polisario est plus que jamais dans une situation délicate, après la diffusion des grandes lignes du rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude, ainsi s'exprime Salem Latafi. Et d'ajouter que ce n'est pas la première fois que ce genre d'information a été publié, concernant le détournement des aides humanitaires. Les rapports de plusieurs ONG internationales ont toujours fait état de la contrebande des aides destinées aux réfugiés des camps de Tindouf, à Zouirat au nord de la Mauritanie, et aussi au nord du Mali. Al-Bayane : Un rapport de l'Office européen de lutte anti-fraude a révélé les détournements par le polisario des aides humanitaires, selon vous quel sera son impact sur la position des séparatistes ? Salem Latafi : Le polisario est plus que jamais dans une situation délicate, après la diffusion des grandes lignes de ce rapport, surtout qu'il émane d'un organe européen. Sachant que ce n'est pas la première fois que ce genre d'information a été publié. Les rapports de plusieurs ONG internationales ont toujours fait état de contrebande des aides à Zouirat au nord de la Mauritanie, et aussi au nord du Mali. Je pense que le polisario et l'Algérie se trouvent de plus en plus sous pression. Surtout que ledit rapport souligne que les enquêteurs ont pu identifié les responsables du Front polisario coupables de ces détournements, et découvrir des villas de luxe achetés dans le sud de l'Europe. Un rapport émanant d'une institution européenne signifie que l'EU devrait assumer ses responsabilités pour mettre un terme à ces agissements. Qu'en est-t-il ? L'UE assume une large responsabilité. Car la majorité des aides destinées aux séquestrés de Tindouf proviennent de l'Europe, notamment de la Suède qui octroie des aides directes au polisario. Les ONG internationales, elles aussi doivent être fermes envers les dirigeants séparatistes. En fait, l'Algérie et le polisario devraient être soumis à une interpellation internationale. Pensez-vous qu'il y aurait une réaction de la part de l'ONU ? L'ONU, et en particulier le HCR doivent remplir leur mission, celle de la protection des réfugiées. Les séquestrés de Tindouf sont la seule population au monde qui n'est pas régies par la convention de Genève 1951 relative aux réfugiés. Cette dernière stipule que les réfugiés ont le droit, soit de retourner à leur mère-patrie, s'intégrer dans le pays où ils se trouvent, ou choisir un autre pays pour s'installer. Or ce qui se passe dans les camps de Tindouf va à l'encontre des lois internationales. Pire, on assiste à un endoctrinement militaire de cette population. Qu'en est-t-il de la position du Maroc ? Le dernier rapport du secrétaire général des Nations unies est favorable au Royaume. C'est la première fois qu'on parle d'une réflexion sérieuse pour procéder au recensement des séquestrés et mettre un programme d'entretien individuel. Ce qui va constituer un véritable défi à la direction du polisario. Cette dernière a toujours essayé de gonfler le nombre des séquestrés. Soulignons que ce nombre ne dépassait à peine les 13.000 en 1975. Je reste souvent optimiste, car on ne peut pas nier que le projet d'autonomie dans les provinces de sud est une proposition solide soutenue par la Communauté internationale. Il faut ajouter qu'il est impossible de concevoir un retour aux armes. Le Maroc se trouve aujourd'hui dans une situation confortable après en plus la construction du mur. Je souligne en outre que la diplomatie marocaine doit procéder à une stratégie d'attaque, en prévenant l'opinion publique internationale sur la responsabilité de l'Algérie et le polisario concernant la catastrophe humanitaire dans les camps de Tindouf. A cela s'ajoute le rôle que devrait assumer la diplomatie parallèle : parlementent, société civile…