En invitant une délégation du PAM et du HCR, l'Algérie et le polisario tentent de convaincre les deux agences onusiennes de l'inexistence de détournements des aides humanitaires. Peine perdue d'avance. Une délégation conjointe du Programme alimentaire mondial (PAM) et le Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) a entamé, hier, une visite de trois jours dans les camps de réfugiés sahraouis, séquestrés par le polisario. Le but officiel de cette mission de deux importantes agences de l'ONU sera de procéder à une évaluation des aides humanitaires destinées, en principe, aux réfugiés. Le PAM est l'un des principaux organismes mondiaux, qui envoient aux réfugiés des camps de Tindouf des aides alimentaires. A titre d'exemple, dans le dernier programme d'assistance aux réfugiés de Tindouf, plus de 30 millions de dollars ont été collectés par le PAM de différents donateurs. D'une durée de deux ans, ce programme prendra fin le 31 août 2004. A l'heure actuelle, environ 60% de cette somme a déjà été distribuée. Les principaux donateurs sont l'Algérie (2,2 millions de dollars) et Echo, l'Office humanitaire de la Communauté européenne (4,5 millions de dollars). Rappelons qu'Echo est un service de la Commission européenne créé en 1992 pour superviser et coordonner les opérations d'aide humanitaire menées par l'Union européenne dans les pays tiers. Echo n'intervient pas directement sur le terrain. Pour la mise en œuvre de ses programmes d'aide humanitaire, ECHO accorde des financements à des organisations non gouvernementales, à la Croix-Rouge, aux agences spécialisées des Nations Unies et à des organismes internationaux. Depuis quelques années les ONG internationales ont compris que les mercenaires du polisario et les militaires de leur pays d'accueil s'adonnent à un trafic assez juteux: ils détournent systématiquement une bonne partie de cette aide humanitaire envoyée non seulement par le PAM et le HCR, mais également par bon nombre d'Etats et d'ONG internationales. Le lait, l'huile, le sucre, la farine et autres denrées alimentaires ne profitent pratiquement pas aux destinataires d'origine, mais dans les étalages des marchés mauritaniens et maliens. Plusieurs réseaux de trafiquants et de contrebandiers se sont constitués autour des hauts responsables polisariens, avec la totale complicité des militaires algériens. Depuis toujours, ce trafic a existé. Les prisonniers marocains libérés par le polisario, ainsi que d'anciens responsables du polisario de retour au Maroc, ont dévoilé l'existence de ces détournements. Le rapport de la fondation "France-Libertés" a donné le coup de grâce à la thèsepolisarienne. Par ailleurs, suite à une enquête menée à Nouackchott et dans le sud algérien en 2001, ECHO s'est inquiétée de l'ampleur des détournements de l'aide humanitaire destinée aux populations des camps. Sa demande d'explication en 2002 tant auprès du polisario qu'auprès des autorités algériennes, ayant été accueillie par une fin de non-recevoir, Echo a commencé à diminuer son aide humanitaire en 2003. D'autres ONGs européennes viennent d'emboîter le pas à ECHO, les unes en réduisant leur aide, les autres en les arrêtant définitivement. C'est dans ce contexte que le PAM et le HCR effectuent leur visite aux camps des réfugiés. En tout cas, en dépit des diverses tentatives de la diplomatie algérienne de redorer le blason polisarien, l'image de ce dernier a touché le fond.