Deux rapports d'inspection du PAM et du HCR montrent comment les aides aux populations sahraouies ont toujours été détournées. Le Croissant-Rouge algérien est accusé de manquer de transparence. Deux rapports des inspections générales du PAM (Programme alimentaire mondial) et du HCR (Haut commissariat aux réfugiés) ont été, pour beaucoup, dans la révision à la baisse des volumes d'aides humanitaires destinées aux camps de Tindouf. Ces deux rapports confidentiels remettent les choses au point concernant le sort réservé à ces aides humanitaires, la mauvaise gestion des organes chargés de leur distribution et l'opacité qui entoure toutes les opérations depuis l'arrivée des aides au port d'Oran jusqu'à la livraison à Errabouni. Les deux rapports réservent une bonne partie au CRA (Croissant-Rouge algérien) accusé de "taxer" le PAM qui ne dispose même pas de la qualité d'importateur "duty free" en Algérie. Une fois à Oran, relèvent les deux documents, les aides sont acheminées à Errabouni. "Pour une période maximale de cinq jours de trajet, certains véhicules mettent parfois entre 15 et 49 jours", souligne le rapport de l'inspection générale du PAM. Une fois à Errabouni, les aides sont livrées au CRS (Croissant-Rouge sahraoui) qui est très peu regardant côté documents légaux. Les aides sont distribuées aux populations sans que ces dernières signent en contrepartie. Elles ne disposent pas non plus de cartes de rationnement et les standards du PAM subissent de graves transgressions, notamment pour ce qui est de l'absence du panier d'aides. Dans les stocks, maintenus dans l'état d'anarchie, les responsables du Polisario procèdent à un "mélange des aides" de manière à ce que l'on ne distingue plus les aides du PAM de celles des autres donateurs. La même confusion, relèvent les deux rapports, est constatée chez le CRA qui traite avec une trentaine de donateurs étrangers. Cet organe algérien est accusé de solliciter un double financement pour le même projet, lit-on dans le rapport du HCR. Ces deux rapports accusent ouvertement les Algériens travaillant pour le compte des organismes onusiens de détournement et relèvent le manque de contrôle qui devient la règle en Algérie. Le rapport du PAM va encore plus loin pour parler de "différences inexplicables" entre le volume des denrées distribuées et celles en stocks et qui atteignent parfois des seuils allant jusqu'à 30 %. C'est ainsi que, rien que lors d'une vérification opérée en 2005, les contrôleurs du PAM s'étaient aperçus de la disparition de plus de 15.000 litres d'huile végétale. Alors que le sort de gigantesques quantités de lait en poudre et de légumineuses reste inconnu. Le PAM relève aussi que les espaces réservés au stockage n'obéissent à aucun contrôle et qu'il était devenu habituel de découvrir que la totalité des containers étaient souvent décadenassés. Pour les auteurs de ces rapports, les aides détournées finissent sur les marchés algériens et mauritaniens et ne portent pas uniquement sur les denrées alimentaires. Les deux rapports laissent supposer que les aides détournées finissent par bénéficier aux responsables du Polisario et notamment au cercle proche de Mohamed Abdelaziz."C'est une situation anormale et unique dans l'histoire du HCR", lit-on dans le rapport de cet organe onusien qui relève l'interdiction qui lui a toujours été signifiée (par Alger) de procéder à un recensement exact des populations de Tindouf et évaluer, de cette manière, le volume des aides nécessaires. Toutefois, le HCR, dans son rapport d'enquête, dit s'en tenir à une estimation de 90.000 personnes au lieu du chiffre de 156.000 personnes avancé par Alger. Mohamed Abdelaziz ordonne le verrouillage des camps Les familles sahraouies marocaines séquestrées dans les camps de Tindouf, au Sud de l'Algérie, viennent d'être privées d'autorisations de sortie des camps sur ordre de Mohamed Abdelaziz, chef des séparatistes du Polisario. Selon le Comité spécial chargé du Sahara marocain en Europe (CSSME), cet ordre a été donné à l'issue d'une réunion marathonienne de 15 heures, au cours de laquelle Mohamed Abdelaziz a ordonné aux responsables de cette entité (Polisario) de veiller à la suspension totale des autorisations de sortie des camps. «Si le mouvement de retour au Maroc se poursuit à la cadence actuelle, les camps se videraient», a-t-il admis.