Le HCR et le PAM ont décidé de réduire de 43 % l'aide destinée aux camps de Tindouf sur le sol algérien. Les séparatistes, qui ont pris l'habitude de détourner l'essentiel de cette manne, crient au complot. Le HCR (Haut Commissariat aux Réfugiés) vient de décider la réduction de l'aide humanitaire destinée aux camps de Tindouf de 43 %. Cette décision, motivée par le flou qui entoure le nombre des populations devant bénéficier de cette assistance, a suscité l'ire du Polisario qui a accusé le HCR, le PAM (Programme alimentaire mondial), le Maroc et ses "alliés" d'«affamer les femmes et les enfants sahraouis». Tel est le contenu des virulentes critiques du président du CRS (Croissant Rouge sahraoui) qui réagissait à la décision de l'organisme onusien, tout en se félicitant des initiatives de plusieurs pays d'accroître leurs aides aux populations des camps. Cette guerre des chiffres ne date pas d'aujourd'hui. Le HCR et le PAM s'étaient basés, pendant des décennies, sur les seules statistiques avancées par l'Algérie et qui évaluaient la population des camps à plus de 160.000 personnes. Ces statistiques ont toujours été contestées par le Maroc qui n'a pas cessé de demander un recensement de ces populations et de dénoncer que ces aides humanitaires finissent par enrichir les poches des dirigeants du Polisario après leur écoulement sur les marchés noirs de l'Algérie et de la Mauritanie. Ce sont d'ailleurs des accusations similaires qui viennent d'être portées contre les amis de Mohamed Abdelaziz par les responsables du Conseil du clergé national américain. L'automne dernier, le HCR avait fini par évaluer à 90.000 le nombre de personnes vulnérables qui pourraient être bénéficiaires de son assistance à partir de septembre 2005. Or, déclarait le Maroc à la même période, il ne s'agissait là que de la mise en application de l'estimation retenue dans le rapport du Haut commissaire à l'assemblée générale de l'ONU, le 2 mai 1997. Ces chiffres, avait-on également précisé, étaient exagérés et ne reposaient sur aucun standard ou paramètre reconnus par la communauté internationale, dont le procédé dénommé « Project Profile ». Début octobre 2005, le HCR avait rappelé dans une note que des demandes officielles ont été faites auprès d'Alger en 1977, 2001, 2003 et 2005 sans aucun résultat. Des demandes similaires ont été introduites auprès du Polisario, en vain. L'Algérie et ses protégés avaient finalement répondu qu'il fallait d'abord déboucher sur une "solution politique" au problème et ce à un moment où le Maroc appelait à dissocier le volet humanitaire de l'aspect politique du conflit. En définitive, ce sont les populations séquestrées à Tindouf qui se trouvaient prises au piège suite à cette décision du HCR. Vu qu'une grande partie de l'aide qui leur était destinée était détournée par les dirigeants du Polisario, la situation s'aggravera davantage durant les années à venir, puisque les aides internationales pourront baisser. Dans un document du HCR, daté du 29 mai dernier, l'organisme onusien insiste de nouveau sur la nécessité d'une opération de recensement et appelle à "réévaluer l'assistance" fournie aux camps de Tindouf. C'est ce qui a fini par être fait lors de la 35ème session du Comité permanent du HCR. En octobre dernier, le Maroc qui est l'un des grands contributeurs du HCR dans la région du Maghreb, a plaidé pour le rapatriement des populations de Tindouf, indépendamment du processus politique. Le Royaume avait avancé l'exemple de 500.000 réfugiés africains et afghans (chiffres du HCR) qui ont pu retourner dans leurs pays en 2005.