Le théâtre Le marteau-piqueur vient de gronder pour la fondation du théâtre de Casablanca. Quelques jours auparavant, Rabat s'est vu accuser le premier coup de pioche pour la construction de son propre théâtre. Oujda s'en est également octroyée un, il y a des lustres. Un peu partout, on se donne la peine de doter la cité d'un théâtre digne de ce nom. Même des villes « modestes », telle que Tiznit, s'attribuent cette infrastructure culturelle, devenue une nécessité absolue dans une jeune société, avide d'espaces de création idoine. Et Agadir, qu'en est-il ? Eh, bien, le second pôle économique et la première station balnéaire du royaume n'en a pas malheureusement ! Un contraste des plus ahurissants ! Certes, durant presque quatre décennies de « règne » de la même obédience politique, la ville qu'on appelle communément « Souss Al Alima » (Souss la savante), s'est fait ériger une panoplie de sites culturels dont la majeure partie est destinée à la proximité des quartiers. Dans ce sens, on retiendra le théâtre de verdure, bâti au style ouvert grec. Cette bâtisse, blottie dans une cuvette non sans sublimation, mais fort amoindrie en termes d'équipements techniques, n'est fonctionnelle qu'en période estivale, pour servir, pratiquement, de lieux de festivités de fin d'année scolaire des institutions privées ou des soirées artistiques, notamment les galas du festival Timitar ou encore de meetings politiques. Cet édifice, horriblement abandonné à son sort, est donc conçu pour les rencontres de masse, sans souci de qualité prestataire, d'autant plus que son opérationnalité est limitée dans le temps. D'autre part, on relèvera, non sans acquiescement non plus, la panoplie de salles « miséreuses », insérées, à l'emporte pièce, dans les maisons de quartiers dédiées aux jeunes associations et clubs, sans la moindre convenance acoustique ni commodité pratique. Dans le même ordre d'idées, on appréciera l'effort déployé pour la réhabilitation de la salle des fêtes de la municipalité, en matière de mobilier, de décor et de confort. Cependant, ce retapage, accompagné d'une refonte quelconque au niveau de l'éclairage et de la sonorisation, ne saurait, combler le manque à gagner inhérent à une réelle édification de projet théâtral au sens artistique du terme. Ceci étant, on notera également le déficit technique dont souffre la salle relevant du département de la jeunesse et des sports qui semble moisir, pareillement, dans la démission totale. Le secteur de la culture n'a depuis longtemps, pensé à édifier une maison de théâtre dans la capitale du Souss ni même chercher un partenaire pour ce faire. Voilà donc, en gros, ce qui l'en est pour une ville, à la recherche d'un théâtre/édifice, alors que le théâtre/art a toujours constitué une référence dans le pays, depuis des lustres, au moment où certain l'union de théâtre amateur d'Agadir faisaient les beaux jours des adeptes du théâtre engagé, à travers la fameuse rencontre théâtrale annuelle, dans des conditions techniques dérisoires. Cette épopée de haute notoriété nationale voire internationale était unique dans le pays, en coordination, faut-il le rappeler, avec le conseil communal d'Agadir, avec une pensée louable à une personne éminente feu Brahim Radi. Plusieurs traditions théâtrales ont, par la suite, relayé l'expérience inédite d'Agadir. C'est autant dire qu'il serait aberrant voire révoltant de ne pas doter la ville d'un édifice de théâtre, en souvenir à cette particularité exemplaire et en hommage à tout un parterre de militants de l'art raffiné qui ont fait d'Agadir, durant des décennies, la capitale du théâtre du Maroc.