Auteur de plusieurs courts métrages dont «Sellam, Centre d'accueil», «Floue» et «Courmétragique», l'acteur, scénariste et réalisateur Youssef Britel vient de boucler le tournage de son long métrage: «Chaïbia, la paysanne des arts» : «Il a osé relever un défi que peu de cinéastes en sont capables. Celui de se pencher sur un sujet tout aussi «lourd» que la restitution de la mémoire de l'icône de l'art moderne au Maroc, la regrettée Chaibia Talal. Alors que les observateurs assidus de la scène cinématographique nationale mettent le doigt sur l'insuffisance criante d'œuvres cinématographiques dédiées aux personnalités qui ont marqué la mémoire collective nationale, le film "Chaibia" vient briser le mur du silence qui entourait jusqu'ici le parcours d'une artiste dont les œuvres ont égayé les cimaises des plus prestigieuses galeries du monde. Il faut reconnaitre à Youssef Britel le mérite de mettre l'eau à la bouche d'autres réalisateurs pour qu'ils s'intéressent enfin aux parcours et vies de symboles nationaux dans divers secteurs», a écrit Nizar Lafraoui (MAP). Et d'ajouter : «Après avoir convaincu le producteur Hicham Hajji et s'être mis d'accord avec un scénariste en France, le réalisateur s'est embarqué dans un véritable voyage de recherche, de documentation, de recueil de témoignages sur feue Chaibia. Malgré, dit-il, une vie bien pleine, des moments dramatiques et un talent qui a brisé toutes les frontières, Chaibia n'a pas eu «le privilège» de faire la Une d'un magazine féminin, en guise de reconnaissance à une femme et une artiste hors-pair. Et même ses quelques passages télévisés représentaient une «dame naïve qui ne maitrise pas les outils de la langue savante». Produit par H-Films, cet opus de 1 h 30 retrace le parcours de l'artiste-peintre Chaïbia Talal, figure de proue de l'art au Maroc et à l'étranger, décédée en 2004. Le film tourné à Casablanca, Marrakech, El Jadida, Rome et Paris, met aux prises des acteurs marocains de renom dont Younèss Mégri, Saadia Azagoun, Latefa Ahrrare, Driss Roukh, Issam Abou Ali, Mourad Zaoui, entre autres grosses pointures du septième art national. Coécrit par David Villemin et Youssef Britel lui-même, cet opus relève de la nouvelle tentation qui traverse le cinéma marocain, celle du genre des biographies filmées que les Américains ont institutionnalisé sous l'appellation «Biopic», ou Biographical Picture. Dans «Dictionary of African Biography» publié par la prestigieuse Oxford University Press( New York), l'historienne d'art de renom Osire Glasier( History Department) a écrit: «Chaïbia Tallal a été sans conteste la plus célèbre peintre du Maroc du 20 ème siècle. De plus, elle figure parmi les grands peintres du monde, au même titre que Miro, Picasso et Modigliani, pour ne citer que ceux-là. De son côté, Hot News a écrit dans un article qui s'intitule «Seule représentante féminine de l'art pictural du XXème siècle» : «Ce corps enveloppé et enveloppant, archétype même de la maternité, cette voix caverneuse et moqueuse à la fois, ce regard perçant mais bienveillant, cette chevelure noire de chef amérindien, ces caftans et ces coiffes, etc. L'ensemble faisait de Chaïbia un personnage charismatique à la limite du chamanique (...) Cette femme qui parle un arabe marocain paysan mais s'exprime librement. Cette analphabète dont tant de grands de ce monde ont baisé la main».