Réputée pour son franc-parler et son art onirique, Chaïbia a révolutionné le monde de l'art en général et le monde de l'art marocain en particulier, en introduisant une nouvelle conception de la peinture moderne dont les œuvres ont sillonné le monde et figurent dans de prestigieuses collections publiques et privées dans plusieurs pays. Elle est cataloguée parmi les précurseurs de COBRA, mouvement moderne né en Europe en 1945 (les ténors étaient Appel, Corneille et Constant). Son art séduit un grand public entre autres à Copenhagen, Frankfort, Ibiza,Tunis, Rotterdam, Barcelone, Beverly Hills et en Irak, Brésil et Nouvelle-Zélande. Les œuvres représentatives de cette icone de l'art singulier sont exposées jusqu'au 24 mars 2013 à la Maison des Arts de la ville de Châtillon (11, rue de Bagneux-92320 Chatillon), et ce dans le cadre de la collection de Cérès Franco « Désirs bruts» aux côtés d'une pléiade d'artistes de renom: Philipe Aini, Haude Bernabé, Rebecca Campeau, Louis Chabaud, Pepe Donate, Joanna Flatau, Danielle Le Bricquir, Michel Macreau, Mao To Lai, Simone Picciotto, Marcel Pouget, Robert Rey, Jean Rustin, Flavio Shiro, Yvon Taillandier, Michel Tyszblat et bien d'autres encore. A cette occasion, une œuvre de Chaïbia d'une grande valeur plastique a fait la quatrième couverture du magazine de l'art vivant «Artension» (janvier –février 2013). L'artiste Corneille disait : «l'art est un désir brut». Cette citation définit parfaitement à la fois l'exposition et la passion de Cérès Franco, son engagement et son amour pour ces peintres atypiques... Une place parmi les grands Il est à noter que la Maison des Arts est une demeure ancienne, chargée d'histoire. On en trouve la trace dès 1484, alors qu'elle devient la propriété de Robert Gaguin, humaniste sous Charles VIII et Louis XII. Elle fut ainsi, et jusqu'en 1990, occupée par une intelligentsia locale. Dès 1992, Châtillon donne à la demeure une vocation culturelle en créant «la Maison des Arts». Cette structure est gérée par l'association du même nom qui, avec ce qu'il faut de passion, oriente ses activités vers l'art contemporain. Citons, pour l'anecdote, que la Maison des Arts reçu en 1972 Bernardo Bertolucci venu y tourner son «Dernier tango à Paris». L'exposition-événement «Désirs brut» vient juste après un grand passage parmi des artistes illustres, en l'occurrence Dimisca, Pascal Audin, Jean Tourlonias, Ignacio Carles Tolra, Mario Chichorro, Rose-Marie Koczy, Pepe Donate, Claude Brugeilles, et ce à ces deux espaces phares en France : Centre socioculturel Anatole-France et Centre d'animation culturelle Camille-Claudel. Les œuvres de Chaïbia seront bientôt présentées au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne en assurant ainsi une pérennité et une plus large visibilité. Il s'avère très important de rappeler qu'un tableau de Chaibia a été exposé à côté de celui de Le Corbusier (grand architecte, urbaniste, designer, peintre et écrivain de renom) à la Maison de la Culture à Berlin en 2008. Par ailleurs, plusieurs exposions ont été réalisées en hommage à feu Chaïbia en Grande-Bretagne, en France et autres pays. Dans ce contexte, la Galerie «la Rage» à Lyon a présenté, dans le cadre du Festival «Culture du monde» dédié au Maroc, ses œuvres en partenariat avec «Le Sixième Continent». Reconnaissance mondiale Reste à souligner que la prestigieuse Oxford University Press (New York) vient de publier l'ouvrage de référence «Dictionary of African Biography» qui a consacré un article consistant et imposant sur le parcours singulier de feu Chaïbia Tallal( 1929-2004) écrit par Osire Glasier (History Department). Selon une approche comparative bien soutenue et argumentative, cette historienne d'art de renom a affirmé : «Chaïbia Tallal a été sans conteste la plus célèbre peintre du Maroc du 20e siècle. De plus, elle figure parmi les grands peintres du monde, au même titre que Miro, Picasso et Modigliani, pour ne citer que ceux-là. Aussi, elle est la seule peintre du Maroc dont les oeuvres sont cotées à la bourse. Il faut dire que ces tableaux peuvent se vendre jusqu'à un million de dirhams pour un grand format». Et d'ajouter dans un autre passage : «Les grands critiques d'art ont consacré Chaïbia grande peintre du 20e siècle, d'ailleurs avec raison puisque les œuvres de cette dernière côtoient celles de Miro, Picasso et Modigliani pour ne citer que ceux-là. Aussi, dès 1971, Chaïbia figure dans le Larousse de l'art dans le monde. En 1977, elle entre dans le dictionnaire de référence Bézénit. Mais nul n'est prophète chez lui. En effet, pendant que l'Occident s'extasie devant le talent de Chaïbia Tallal, les ténors de l'art contemporain au Maroc lui réservent un mépris souverain. Il faut dire que pour eux, la production de cette dernière se réduit au mieux à de l'art naïf. Pourtant, les critiques d'art sont quasi unanimes à cet égard : le style, de Chaïbia ne relève pas de cette forme d'expression. Et s'il faut à tout prix classifier ce style, certains critiques s'accordent pour dire qu'on est en présence d'un «art brut», c'est-à-dire un idéal plastique tel que préconisé par le mouvement européen Cobra en 1945, à savoir un art dégagé de toute influence savante, culturelle et historique .En réalité, le style de Chaïbia est inclassable. Plus tard, on dit un «Chaïbia» comme on dit un «Picasso»... mais aussi comme on vend un «Picasso» : Chaïbia est la seule peintre marocaine à être cotée en bourse ; et les collectionneurs sont prêts à débourser la bagatelle d'un million de dirhams pour acquérir une seule de ses toiles ! Chaïbia Talla s'éteint à Casablanca en 2004, à l'âge de soixante quinze ans, suite à une crise cardiaque. Elle a livré à la postérité une abondante production artistique. Ses toiles alimentent les collections de nombreux Etats, dont la France, l'Italie, le Japon, la Suisse, l'Inde, Haïti, l'Australie, la Grande Bretagne et les Etats –Unis. Ses toiles alimentent également les plus grandes collections privées du monde, dont celle du Roi du Maroc, et celles d'autres collectionneurs entre autres en France, Italie, Liban, Egypte, Inde, Canada, Espagne, Suisse, Hollande, Belgique, Haïti, Japon, Suède, Danemark, Allemagne, Australie, Etats-Unis, Grande Bretagne, Nouvelle-Zélande, et Afrique du sud .Somme toute, la mahboula de Chtouka a été une baraka, une grâce pour le Maroc entier».