Jusqu'au 24 mars 2013, Chaïbia Talal, « la plus célèbre peintre du Maroc, a écrit Osire Glasier, professeur d'histoire à l'Université Bishop's et à l'Ecole des Etudes politiques de l'Université d'Ottawa (Canada), dans le « Dictionnary African Biography », s'expose dans la « Maison des arts » à Paris (11, rue de Bagneux-92320 Chatillon) avec 37 artistes de la collection Cérès Franco, sous le thème « Désirs bruts ». Parmi les noms que regroupe cette fameuse exposition, citons entre autres : Mao To Lai, Marcel Pouget, Jean Rustin, Yvon Taillandier, Mario Murua, Stani Nitkowski, Simone Picciotto, tous connus (ceux cités ou non) en deçà comme au-delà des frontières. En même temps, un tableau de la grande artiste marocaine fait, à propos, la Une du dernier numéro de la revue parisienne « Artension » (janvier –février 2013). « Désirs bruts » désigne le dénominateur plastique commun, qui lie entre elles les créations des peintres exposés. Une démarche très expressive au niveau de la couleur (utilisée crûment pour mettre en valeur sa pureté), une représentation libre au niveau des formes et sans souci descriptif, un mouvement spontané et appuyé au niveau des contours et des touches larges et frappantes. C'est une plastique à part, dont la conception originale colle à la notion fondamentale du désir telle que l'avait définie Georges Bataille : « Le jaillissement de forces brutes, internes et irrespressibles, qui recommencent et affirment à chaque fois, symboliquement, notre volonté de toujours exister ». Une existence certes combien enviée, d'être un véritable séjour olympien, du fond duquel Chaïbia Talal continue d'interpeller notre imagination, et de nous étonner. Les œuvres de Chaïbia seront bientôt présentées au Musée des Beaux-Arts de Carcassonne en assurant ainsi une pérennité et une plus large visibilité. L' exposition –événement « Désirs bruts » vient juste après un grand passage parmi des artistes illustres en l'occurrence Dimisca, Pascal Audin, Jean Tourlonias, IGNACIO Carles Tolra, Mario Chichorro, Rose-Marie Koczy, Pepe Donate, Claude Brugeilles, et ce à ces deux espaces phares en France : Centre socioculturel Anatole-France et Centre d'animation. Chaïbia a aussi fait la couverture du catalogue de l'exposition « Neuve invention ou l'art en marche », qui a eu lieu dernièrement à Paris au Centre Anatole France. Y ont pris part, entre autres, Mario Chichorro, Claude Brugeilles, Paul Audin... Reste à noter que la Maison des Arts est une demeure ancienne, chargée d'histoire. On en trouve la trace dès 1484, alors qu'elle devient la propriété de Robert Gaguin, humaniste sous Charles VIII et Louis XII. Elle fut ainsi, et jusqu'en 1990, occupée par une intelligentsia locale. Dès 1992, Châtillon donne à la demeure une vocation culturelle en créant « la Maison des Arts ». Cette structure est gérée par l'association du même nom qui, avec ce qu'il faut de passion, oriente ses activités vers l'Art contemporain. Citons, pour l'anecdote, que la Maison des Arts reçu en 1972 Bernardo Bertolucci venu y tourner son « Dernier tango à Paris ». Chaïbia à la prestigieuse Oxford University Press La prestigieuse Oxford University Press ( New York) a publié l 'ouvrage de référence « Dictionary of African Biography » qui a consacré un article consistant et imposant sur le parcours singulier de feu Chaïbia Tallal( 1929-2004) écrit par Osire Glasier( History Department). Selon une approche comparative bien soutenue et argumentative, cette historienne d'art de renom a affirmé: « Chaïbia Tallal a été sans conteste la plus célèbre peintre du Maroc du 20 ème siècle. De plus, elle figure parmi les grands peintres du monde, au même titre que Miro, Picasso et Modigliani, pour ne citer que ceux-là. Aussi, elle est la seule peintre du Maroc dont les oeuvres sont cotées à la bourse. Il faut dire que ces tableaux peuvent se vendre jusqu'à un million de dirhams pour un grand format. ». Et d'ajouter dans un autre passage : « Les grands critiques d'art ont consacré Chaïbia grande peintre du 20ème siècle, d'ailleurs avec raison puisque les œuvres de cette dernière côtoient celles de Miro, Picasso et Modigliani pour ne citer que ceux-là. Aussi, dès 1971, Chaïbia figure dans le Larousse de l'art dans le monde ; et en 1977, elle entre dans le dictionnaire de référence Bézénit. Mais nul n'est prophète chez lui. En effet, pendant que l'Occident s'extasie devant le talent de Chaïbia Tallal, les ténors de l'art contemporain au Maroc lui réservent un mépris souverain. Il faut dire que pour eux, la production de cette dernière se réduit au mieux à de l'art naïf. Pourtant, les critiques d'art sont quasi unanimes à cet égard : le style, de Chaïbia ne relève pas de cette forme d'expression. Et s'il faut à tout pris classifier ce style, certains critiques s'accordent pour dire qu'on est en présence d'un « art brut », c'est - à -dire un idéal plastique tel que préconisé par le mouvement européen Cobra en 1945, à savoir un art dégagé de toute influence savante, culturelle et historique .En réalité, le style de Chaïbia est inclassable. Plus tard, on dit un « Chaïbia » comme on dit un « Picasso »...mais aussi comme on vend un « Picasso » : Chaïbia est la seule peintre marocaine à être cotée en bourse ;et les collectionneurs sont prêts à débourser la bagatelle d'un million de dirhams pour acquérir une seule de ses toiles ! Chaïbia Talla s'éteint à Casablanca en 2004, à l'âge de soixante quinze ans, suite à une crise cardiaque. Chaïbia a livré à la postérité une abondante production artistique. Ses toiles alimentent les collections de nombreux Etats,dont la France, l'Italie, le Japon, la Suisse, l'Inde, Haïti, l'Australie ,la Grande Bretagne et les Etats –Unis. Ses toiles alimentent également les plus grandes collections privées du monde, dont celle du Roi du Maroc, et celles d'autres collectionneurs entre autres en France, Italie, Liban, Egypte, Inde, Canada, Espagne, Suisse, Hollande, Belgique, Haïti, Japon, Suède, Danemark, Allemagne, Australie, Etats-Unis, Grande Bretagne, Nouvelle-Zélande, et Afrique du sud .Somme toute, la mahboula de Chtouka a été une baraka, une grâce pour le Maroc entier. ». BIO EXPRESS 1929. Naissance à Chtouka 1961. Le critique d'art français Pierre Gaudibert s'extasie devant quelques cartons peints avec les doigts par Chaïbia. 1966. Exposition à la Galerie Solstice à Paris. Le catalogue est signé de la critique d'art Cerès Franco et du peintre apparenté “Cobra", Corneille. 1971. Figure dans la 6ème édition du Larousse Art dans le monde. 1977. Entre dans le dictionnaire de l'art Bénézite. 1984. Fait la couverture d'un supplément de Connaissance des arts. 1988. Expose à la Galerie Ana Izak à Beverly Hills, USA. En 1990, elle est nommée députée au Parlement Mondial de la Sûreté et de la Paix avec un passeport diplomatique. 1992. Passe au Cercle de minuit sur France 2 avec Michel Field. 1999. Passe dans Métropolis sur ARTE. En mai 2003, elle reçut à Paris la médaille d'or de la société académique française d'éducation et d'encouragement Arts Sciences Lettres. 2004. Expose à Bab Rouah à Rabat et décède à Casablanca. 2012. Figure dans “Encyclopedia of the Mideast and North Africa" (volume 4) par Indiana University Press. Figure dans Oxford University Press (New York) : « Dictionary of African Biography » par Osire Glasier( History Department). Elle a obtenu “the Cultural Doctorate in Fine Arts », World University Press. Les articles et les couvertures des magazines les plus prestigieux : L'œil, Connaissance des arts, Artension, L'officiel, Elle, etc. Dans les ventes aux enchères internationales, Chaïbia se retrouve systématiquement dans les mêmes lots que Picasso, Braque, Miro, Appel, Dubuffet et autre Tinguely. Seule représentante féminine de l'art pictural du XXème siècle à la côtoyer dans les catalogues : Sonia Delaunay.