Cela fait déjà dix-sept ans, jour pour jour, que feu Ali Yata tira sa révérence. Une sommité de la vie politique et intellectuelle marocaine rendit l'âme, dans les lauriers de la gloire et les girofles des honneurs. L'un des artisans marquants du Maroc d'aujourd'hui s'éteignit, avant même qu'il n'ait savouré les tout premiers fruits de son essai laborieux. Le leader communiste, si altruiste et pugnace, s'éclipsa, en fait, quelques temps, avant l'avènement de l'alternance consensuelle sur laquelle il fondait son beau rêve unioniste, au service des causes suprêmes de la Nation et du Peuple. Lui, qui s'est ardemment attelé pour que le pays amorçât cette héroïque manœuvre, après des années de frictions, de griefs et de ressentiments. «Si Ali, était pour nous, un zénith qui imprimait au parlement cette estampille hors pair. On se souvient, un jour, au lieu de claironner, haut et fort, son discours rationnel comme il en a l'habitude, avec cet accent timbré et ce verbe vibrant, il psalmodiait une oraison spirituelle d'un des anciens Cheikh religieux, au cours de laquelle il implora Dieu de précipiter le départ du gouvernement déficitaire. La salle, sévèrement malmenée, s'emplit de dérision, à l'écoute de ces propos provocateurs», racontait ce député qui avait vécu cette scène ébranlante.