Le ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Salaheddine Mezouar, n'aurait pas été mieux inspiré lorsqu'il a utilisé l'adjectif minable pour qualifier la position du pouvoir algérien vis-à-vis du Maroc dans la question du Sahara. Les minableries du pouvoir algérien à l'égard de la première question nationale du Royaume sont légion, à commencer par la folie dilapidatrice des ressources de ce pays frère et la mobilisation constante de sa diplomatie pour nuire au Maroc, dans une démarche hégémoniste qui fait peu de cas des liens de sang et de l'histoire unissant les deux peuples. Selon des sources algériennes, loin d'être soupçonnées de sympathies à l'égard du Maroc, le pouvoir en place à Alger aurait dilapidé 250 milliards de dollars pour servir son projet chimérique de créer une entité qui lui serait acquise au Sahara marocain. Ces ressources censées appartenir au peuple algérien, dilapidées comme dans un feu de paille, auraient mieux servies à dynamiser l'économie algérienne et générer des emplois pour les millions de jeunes chômeurs, dont la seule perspective qui vaille est celle de se jeter dans une embarcation de fortune en partance pour l'Europe. La position algérienne sclérosée, n'ayant pas bougé d'un iota depuis l'éclatement du conflit en 1975, est aussi minable que navrante, car elle met en hibernation la construction maghrébine. Depuis la fermeture des frontières avec le Maroc dans la décennie 90 du siècle passé, le pouvoir algérien ne cesse de répéter, tel un disque rayé, que le Maghreb ne peut avancer tant que le différend sur le Sahara n'est pas réglé, selon la vision algérienne évidemment. Tout en affichant cette attitude hautaine et hégémonique, le pouvoir algérien n'étant pas à une contradiction près, ses décideurs ne se lassent pas de répéter que l'Algérie n'est pas partie au conflit et que son seul souci est la défense de leurs soi-disant principes. Le zèle algérien de défendre ces prétendus principes laisse d'autant plus pantois qu'il évite soigneusement de s'appliquer aux citoyens algériens eux-mêmes. Alors on est en droit de se demander au nom de quels principes le clan politico-militaire au pouvoir à Alger dénie mordicus aux kabyles le droit de jouir librement de leurs droits, de leur culture et leurs traditions ancestrales. La défense des principes, très chère aux caciques du pouvoir algérien, exclut pour des raisons bien comprises le désir des Algériens de voir leurs institutions se démocratiser, leur société évoluer et leurs richesses équitablement distribuées à tous, sans exclusive. Le limogeage brutal la semaine dernière d'Abdelhamid Zerguine, directeur de la Sonatrach, qui assure plus de 95 Pc du budget de l'Etat, en dit long sur la cupidité d'un groupe d intérêt qui gravite autour du sommet de l'Etat algérien et qui refuse de céder la moindre part de la richesse pétrolière du pays. Ce limogeage est d'autant plus symptomatique de la gangrène qui ravage «la vache à lait» qu'est la Sonatrach que M. Zerguine est le troisième Directeur à être éjecté de son poste, sans autre forme de procès depuis 2010, date de l'éclatement du scandale de corruption au sein de la compagnie. Selon la presse algérienne, M. Zerguine, un académicien accompli aux idées bien arrêtées, refusait de rentrer dans les combines de la Nomenklatura en place, gourmande de gros chantiers et de gros contrats biaisés qui lui rapportent un gros pactole. Le plus célèbre des chroniqueurs algérien, Mohamed Benchicou, n'y va pas avec le dos de la cuillère. Il a écrit cette semaine qu'une note de conjoncture de la Banque d'Algérie, datée du 04 août 2014, annonce «l'entrée de l'Algérie en enfer», à cause de la baisse des revenus pétroliers et des choix opérés par le «clan» au pouvoir à Alger. En effet, ce «clan» a privilégié «l'économie rentière» au détriment de l'investissement, déplore le journaliste, ajoutant que ce pays n'ayant «plus les moyens de sa politique», se trouve sur «la voie d'être ruiné». Sur le plan politique, la position algérienne à l'égard du Maroc est d'autant pitoyable qu'elle investit tous ses efforts pour bloquer toute solution politique au différend sur le Sahara marocain et renvoie aux calendes grecques le désir des Algériens ordinaires pour la démocratisation du système en place. Il ne faut pas être un grand clerc pour comprendre que le blocage à tous les étages du pouvoir en Algérie découle de la vision étriquée d'une classe politique vieillissante, héritée de l'époque postcoloniale. Ce «clan» s'obstine à faire la sourde oreille aux appels insistants pour une transition démocratique, qui susciterait l'adhésion de toutes les forces vives et de la société civile pour «privilégier la décantation dans le champ public, préalable à toute refondation et sauvegarde nationale». De l'avis du principal parti d'opposition algérien, le RCD, la myopie politique du pouvoir algérien et son manque flagrant de stratégie d'intégration économique continueront à alimenter la paupérisation de sa population et à aggraver la paralysie économique, au grand dam de tous les peuples du Maghreb. Le RCD, qui semble ne se faire aucune illusion sur «les égarements et les faux-fuyants d'un système délétère» à Alger, se dit convaincu que ce «clan» n'hésite pas à cultiver la division de la société algérienne, «se fourvoie dans l'abus, la répression et les combats d'arrière-garde» et se refuse à initier les réformes urgentes qui sont à même d'éviter au pays un «chaos programmé». Ce diagnostic accablant, comme les appels du Maroc à rouvrir les frontières au nom d'une fraternité maghrébine scellée par le sang des combattants pour la décolonisation, semble ne pas trouver d'écho dans les arcanes d'un pouvoir algérien en crise, faisant preuve d'un déni d'une réalité historique têtue.