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L’ONU face au mur algérien
Publié dans L'observateur du Maroc le 22 - 02 - 2010


Ahmed charai
Le Polisario a annoncé l’échec des négociations de New-York avant même qu’elles soient ouvertes, prouvant ainsi sa mauvaise foi et son refus de toute solution définitive.
Pourtant, la diplomatie algérienne qui téléguide les séparatistes sait que le Conseil de sécurité de l’ONU a fixé le cadre de ces négociations. Sans condition préalable, elles visent une «solution politique acceptable pour tous». Dans ce cadre, la proposition marocaine est jugée «honnête, crédible, sérieuse» et surtout «une bonne base de négociation». Alger continue à soutenir l’option séparatiste déjà jugée irréaliste par l’ancien représentant du Secrétaire général de l’ONU.
Devant cette situation, le Maroc ne peut marquer son exaspération et claquer la porte. Bien au contraire, il doit porter la communauté internationale à accroître sa pression sur notre unique vis-à-vis dans ce dossier, à savoir notre voisin de l’Est.
Régionalisation : la clé
Par ailleurs, c’est sur le terrain que le Maroc peut engranger des points. Le projet de régionalisation avancée est porteur d’une partie de la solution. Si le Maroc réussit à en faire à la fois un levier du développement et une avancée démocratique sérieuse, il pourra donner des gages supplémentaires de sérieux. Et ce, non seulement vis-à-vis des chancelleries, mais surtout vis-à-vis des Sahraouis, en particulier ceux de Tindouf, ceux qui prêtent encore l’oreille aux sirènes du séparatisme.
Mettre sur pied les prémices de l’autonomie comme seule solution viable au conflit, c’est ouvrir des perspectives à ceux qui ont choisi une voie qui ne leur offre aucun espoir. C’est déliter le camp séparatiste.
La réforme du CORCAS et son élargissement à d’autres sensibilités entrent à n’en pas douter dans cette vision.
Sur le front diplomatique, le Maroc doit militer de manière plus active sur des questions telles que celles du recensement des refugiés de Tindouf, du respect de leurs droits, du devoir d’Alger d’assurer leur liberté de circulation...
On ne peut s’empêcher de noter que le consensus national autour de l’intégrité territoriale n’est pas traduit de manière agressive, dans le bon sens du terme. La société civile et les partis politiques se doivent de jouer pleinement leur rôle.
Nous savons que ce conflit est en fait un affrontement avec l’Algérie, voulu par cette dernière, au départ pour des raisons géostratégiques puis pour des raisons de cohésion intérieure. C’est ce qu’il faut démontrer au monde entier avec détermination, mais aussi patiemment.
L’ONU veut des négociations intenses et substantielles
M. z
Après une première réunion informelle tenue en août 2009 à Vienne en Autriche entre les représentants du Maroc et du polisario, en présence d’observateurs algériens et mauritaniens, une deuxième réunion du même genre vient d’avoir lieu, les 10 et 11 février, dans la petite ville d'Armonk près de New York. Organisées à l’initiative de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU au Sahara, ces réunions servent à préparer un 5e round, officiel celui-là, entre les différentes parties. Ce processus de négociation entre dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU, notamment les résolutions 1813 et 1871 adoptées respectivement en avril 2008 et avril 2009. Lesquelles appellent l'ensemble des parties à s'engager dans des «négociations intenses et substantielles» en vue de parvenir à une «solution politique définitive» concernant le Sahara marocain.
Dès l’annonce de la date de la nouvelle réunion informelle, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon a estimé qu’un règlement rapide de la question du Sahara occidental «serait bénéfique à la paix et à la sécurité dans la région». Il a souligné que ce genre de rencontres entre les parties en conflit est «très utile» pour parvenir à un règlement politique de ce différend. C’est ce que vient de confirmer Martin Nesirky. Dans une déclaration à la deuxième chaîne de télévision 2M, diffusée le même jour de l’ouverture des négociations informelles, le porte-parole officiel du Secrétaire général de l'ONU a qualifié de «pas important» la poursuite des pourparlers informels sur le Sahara, en vue d'entamer prochainement des négociations «intenses et substantielles».
Nesirky a néanmoins souligné qu’on «demeure encore loin des objectifs escomptés».
Par ailleurs, selon le responsable onusien, il est encore prématuré de parler du timing des négociations officielles, c'est-à-dire du 5e round. L'envoyé personnel du Secrétaire général de l'ONU pour le Sahara, Christopher Ross «travaille sérieusement avec toutes les parties et nous verrons les résultats après», a-t-il conclu. Pour rappel, les deux réunions informelles interviennent à la suite des quatre rounds du premier cycle de négociations, tenus à Manhasset en 2007 et 2008, sous les auspices de l'ancien Envoyé personnel du secrétaire général de l'ONU, Peter Van Walsum. Des rounds qui ont fini en queue de poisson. A chaque fois, ils butaient contre le mur algérien.
Pourtant, depuis 2007, le Maroc a mis sur la table des négociations son projet d’autonomie qu’il compte accorder au Sahara sous la souveraineté marocaine. Ce projet a été jugé par les grandes puissances ainsi que par de nombreux pays à travers le monde de «sérieux et crédible». Seule l’Algérie s’obstine à tenter d’en retarder l’acceptation pour des raisons que la raison ignore. Mais le Royaume, à travers le processus de régionalisation qu’il s’apprête à mettre en place, a bien montré qu’il ne va pas attendre indéfiniment que son voisin de l’Est revienne à la raison.
Voie sans issue
Taïeb Fassi Fihri, ministre des Affaires étrangères et de la coopération, Mohamed Yassine Mansouri, Directeur général des Etudes et de la documentation et Maouelainin Khalihanna Maouelainin, Secrétaire général du Conseil royal consultatif pour les affaires sahariennes (CORCAS) composent la délégation marocaine. Cette réunion informelle, à laquelle ont participé l'Algérie, la Mauritanie et le polisario, «s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre des résolutions 1813 (2008) et 1871 (2009) du Conseil de sécurité qui appellent les parties à entrer dans une phase de négociations intenses et substantielles en tenant compte des efforts déployés par le Maroc depuis 2006 et en faisant preuve de réalisme et d'un esprit de compromis». Pour le Maroc, l’attitude n’a pas changé puisqu’il a présenté un plan de résolution définitive, conçu pour satisfaire aussi bien la partie marocaine que les séparatistes, nous explique une source bien informée. La Mauritanie n’aura rien à perdre et tout à gagner puisqu’elle aura toujours un voisin amical et sûr au lieu d’un petit Etat dont les futurs dirigeants sont déjà marqués par le terrorisme et les trafics de tout genre. «Le seul pays qui ne veut pas de ce plan est l’Algérie. Non seulement elle se positionne contre le Maroc, mais elle bafoue la volonté des Sahraouis emprisonnés à Tindouf qui voient leurs parents vivre normalement dans les provinces sahariennes», souligne notre source. L’Algérie tient en otage des milliers de Marocains sur son sol, empêchant leur recensement par le Haut commissariat aux réfugiés. Même les aides de la communauté internationales ne parviennent pas à leurs destinataires. «Malgré toute la bonne volonté du Maroc, et ses efforts pour montrer le plus de flexibilité possible, l’Algérie reste cantonnée dans une position figée. Elle n’avance pas, elle ne recule pas non plus. Trop heureuse du statu quo actuel», ajoute la source. Le temps pour elle n’a aucune valeur alors que pour le Maroc le temps se compte en projets et en revenus supplémentaires. Il est vrai que lorsqu’on tire 90% de ses revenus du pétrole et du gaz, il n’y a plus autant d’urgence que lorsqu’on doit bouger sans cesse pour créer des richesses. Même si on doit entrer dans la logique des négociations, on se retrouve rapidement dans un cul-de-sac. Difficile de faire un parallèle entre le plan marocain et le plan du polisario. La raison est toute simple : le «plan» du polisario n’en est pas un. Il reflète tout simplement la pression algérienne qui lui dicte la marche à suivre. Il ne propose rien d’autre qu’un retour en arrière. Car le référendum est une solution qui a été proposée et il a été démontré qu’il ne pouvait constituer une solution. A l’autre bout de la table, le Maroc propose le plan d’autonomie déjà connu et déjà apprécié à l’échelle mondiale. Quant au polisario, personne ne sait exactement ce qu’il veut. C’est la volonté du pouvoir algérien qui est à la table des négociations. Difficile dans ces conditions d’avancer dans ces négociations. «Ceux qui perdent vraiment et directement dans cette affaire sont les Sahraouis retenus à Tindouf, le peuple algérien qui souffre et qui n’en finit pas de compter les scandales financiers dont les acteurs sont de hauts personnages de l’Etat», conclut notre source.
La preuve Le Sahara a toujours été marocain
HAKIM ARIF
Le Sahara a de tout temps fait partie intégrante du Royaume, en témoigne notamment l'allégeance (Bayâ) des populations sahraouies aux Sultans marocains à travers l'histoire du Maroc, pays constitué en Etat depuis le 9e siècle. Lahcen Mahraoui, membre du Conseil royal consultatif des affaires sahariennes (CORCAS) en est tellement convaincu qu’il est allé faire une présentation détaillée de documents et de témoignages en Belgique. Il a ainsi prouvé, documents à l’appui, les fondements historiques de la marocanité du Sahara depuis le 17e siècle. Les responsables politiques et les députés belges ainsi que des membres de la communauté marocaine établie en Europe, réunis à Courtrai au Nord-Ouest de la Belgique, avaient donc non pas des discours mais bien des preuves.
Les documents et témoignages mettaient en exergue le fait que le signe de souveraineté sur le Sahara se manifestait par la nomination par le Sultan des responsables locaux (caïds, juges et chefs militaires). Plus, précise Mahraoui, «les fondateurs des dynasties au Maroc étaient souvent directement issus de l'une des tribus sahraouies». Les documents prouvent également l’exercice «effectif, continu et permanent de la souveraineté des sultans sur le territoire du Sahara. Il s’agit de Dahirs, datant des années 1880, par lesquels les sultans marocains nomment des responsables locaux, leur donnent des consignes ou les chargent de missions», a souligné le membre du Corcas. Parmi les preuves, il y a aussi des lettres de chefs de tribus sahraouies adressées à leurs Sultans marocains.
D’autres preuves sont apportées par des conventions et traités signés entre le Maroc et des puissances étrangères qui ont toujours eu recours aux Sultans pour protéger les activités de leurs citoyens au Sahara. A titre d’exemple, le conférencier a cité les accords conclus entre le Maroc, d'une part, les Etats-Unis en 1786, l'Angleterre (1801) et l'Espagne (1869), d'autre part.
En réponse aux thèses algériennes qui considèrent que le problème du Sahara est une question de décolonisation, Mahraoui souligne qu’il s’agit au contraire d’un «conflit politique régional voulu et soutenu par le régime au pouvoir en Algérie et notamment par les services de la sécurité militaire algérienne». Il a à cet égard affirmé que la responsabilité du pouvoir algérien dans ce conflit est «clairement établie aux niveaux diplomatique, militaire et humanitaire et à travers ses actions et positions dans tous les forums internationaux». Même des Algériens le reconnaissent. L’un d’eux est l’ancien président Ahmed Ben Bella qui est toujours opposé à la thèse algérienne et pour qui «la solution politique au problème du Sahara est sous la souveraineté marocaine». Un autre président, Mohamed Boudiaf était encore plus ferme. Pour lui, ce conflit n'a aucune raison d'exister. «Le polisario anti maghrébin ne doit plus compter sur l'aide et l'appui algériens», insistait-il. C’est peut-être cette conviction qui lui a coûté la vie. Il a été assassiné alors qu’il avait entamé un processus de réformes en profondeur, s’attaquant aux puissants militaires qui se sont érigés en régents de l’Algérie. D’autres personnalités algériennes et non des moindres vont de le même sens notamment Abdelhamid Ibrahimi, ancien Premier ministre et Khaled Nizar, général aujourd’hui à la retraite. Pour eux, la solution ne peut être trouvée en dehors d’une autonomie interne au sein de l’unité marocaine, rappelait Lahcen Mahraoui.
La révolte des Rguibat Laayaicha
Mouna izddine
Depuis près d’une semaine, les manifestants campent, sous un soleil assommant, devant la résidence de Mohamed Abdelaziz, le secrétaire général du Polisario, à Rabbouni, près de Tindouf, et non loin du siège officiel du HCR. Et ils ne partiront pas, qu’il pleuve, qu’il vente, sous une tempête de sable et même sous les coups, comme ceux qu’ils ont reçus ce dimanche 7 février 2010, tant que leurs doléances ne seront pas entendues. Et ce n’est pas la nature hostile d’un désert apprivoisé, ni les interventions musclées des sbires armés dépêchés par la junte militaire séparatiste qui les feront fléchir. C’est que les Rguibat-Laayaicha reviennent de loin. D’un tragique mai 2006 dans le sud-ouest algérien. Printemps sanglant au cours duquel, sans distinction, enfants, personnes âgées, femmes, pères de famille et chioukhs ont fait l’objet d’une répression impitoyable menée de sang froid par les forces armées de Mohamed Abdelaziz. A grands coups de matraquages, d’arrestations arbitraires et de torture dans les geôles secrètes des camps sous la férule de l’organisation séparatiste. Tout cela pour avoir osé contester la bastonnade sauvage dont a été victime un des jeunes membres de leur tribu, en provenance de la ville de Zouérate (dans le Nord de la Mauritanie, non loin de la frontière avec le Sahara marocain), de la part d’une milice patrouillant aux abords des camps. Et ce après avoir refusé de payer à deux reprises la même contravention routière, injustifiée d’après la victime. Depuis cette rébellion, la direction du Polisario conserve les membres de la tribu des Rguibat-Laayaicha dans son collimateur, les considérant désormais comme «traîtres». Au même titre que les militants du jeune mouvement réformiste «Khat Achahid», qui ne cesse de dénoncer une direction «dictatoriale» et «illégitime».
Quoi qu’il en soit, quatre ans après leur soulèvement historique, les Rguibis manifestent de nouveau leur ras-le-bol, mais avec des revendications fermes et claires cette fois-ci. En l’occurrence : un départ collectif de Tindouf vers l’Espagne, la poursuite judiciaire des responsables sécuritaires à l'origine des évènements de Laayaicha et enfin, l’indemnisation morale et matérielle des victimes de ces exactions. En sus, comme l’a expliqué aux médias l’un des chioukhs de la tribu, Abdi Ouled Salama Ouled Annafei, les protestataires exigent légitimement une partie des aides humanitaires internationales qui leur sont destinées, ainsi que la liberté de se rassembler, de manifester et de circuler à l’intérieur comme en dehors des camps. C’est aujourd’hui un secret de polichinelle en effet : en plus de détourner les aides humanitaires envoyées par les organisations internationales pour les populations des camps, et ce notamment en vue de les revendre dans les marchés noirs algériens et subsahariens, Mohamed Abdelaziz et son proche entourage s’adonnent à d’autres pratiques tout aussi amorales : tribalisme, favoritisme, autoritarisme, absence de liberté d’expression, répression féroce et étouffement des velléités contestataires, interdictions de sorties, privation des droits élémentaires à la santé, à l’éducation et à un logement décent. Ou encore déportation forcée des enfants dans les camps d’entraînement cubains. Et même esclavagisme à l’encontre des populations noires sahraouies. Entassés dans d’étroites baraques rudimentaires de terre et de tôle, ils sont près de 200.000 à tenter de survivre dans cette terre aride et stérile, avec pour seul horizon l’immensité du désert et pour seul lendemain, l’espoir improbable qu’un jour, ils soient enfin délivrés de cette prison à ciel ouvert dans laquelle ils croupissent depuis plus de trois décennies : «Le front Polisario n’a pas la volonté sincère de trouver un règlement au différend du Sahara, puisqu’il tire profit du statu quo (…) La direction actuelle du Polisario doit ouvrir la voie devant les jeunes afin d’engager des négociations de bonne foi pour délivrer nos proches de leurs souffrances dans les camps de Lahmada et leur permettre de regagner leur patrie, la tête haute», déclarait le 4 janvier 2010 à ce propos Mahjoub Salek, porte-parole de Khat Achahid, à la chaîne saoudienne Al Arabiya. Le représentant du mouvement réformiste a ainsi sommé l’organisation séparatiste de tenir un congrès libre et transparent. Et ce dans le dessein de céder la place aux jeunes, d’ériger une tribune égalitaire pour les populations sahraouies et de permettre à ces dernières de choisir démocratiquement les personnes aptes à les représenter véritablement dans les négociations avec le Maroc «sur la base de l’autonomie et sous les auspices des Nations unies» , le dialogue étant «l’unique voie pour la résolution du conflit». Mahjoub Salek n’a pas mâché ses mots pour dresser un portrait au vitriol de dirigeants actuels «incapables et corrompus», cherchant à se maintenir ad vitam aeternam au pouvoir en exploitant à des fins mercantiles «les souffrances qu’endurent les femmes, les enfants et les personnes âgées dans l’enfer des camps».
On comprend dès lors pourquoi l’appellation «de séquestrés» est largement plus appropriée que celle de «réfugiés». Des «réfugiés» qu’un certain président, indélogeable de son fauteuil doré de secrétaire général depuis plus de 35 ans maintenant, déclare en surnombre, se refusant à tout recensement extérieur, afin de se faire octroyer davantage d’aides des instances internationales concernées. Loin de toute propagande «pro-marocaine» comme se plaît à le répéter l’organisation séparatiste et son soutien algérien, cette situation est malheureusement bien réelle, et ils ont été nombreux, ONG internationales et journalistes étrangers, à dénoncer ces abus. Parmi lesquels les journalistes australiens auteurs de la célèbre vidéo «L’apartheid du désert, les esclaves du Polisario», réalisée voilà trois ans de cela. Autant de violations flagrantes des droits de l’Homme dénoncées par les rescapés «des camps de la mort», qui n’ont de cesse d’appeler les ONG concernées à effectuer des visites dans les camps de Tindouf pour s'enquérir de la situation préoccupante des habitants. En attendant, les membres de la tribu de Rguibat-Laayaicha se disent déterminés à entrer dans une grève de la faim en cas de non satisfaction de leurs revendications. Dans le souhait, qu’enfin, les ONG internationales des droits de l'homme, l'ONU, la Minurso et le HCR, interviennent pour trouver une solution définitive à leur triste sort. La seule réponse qu’ils ont reçue jusqu’à présent est celle d’Alger qui a construit un mur pour les empêcher de regagner le Maroc.
L’Algérie dans la tourmente
Mohamed Zainabi
Trois grosses affaires, toutes récentes et déballées coup sur coup, donnent le vertige aux Algériens. Ces derniers savaient les affaires de leur pays mal gérées, mais ils n’imaginaient pas que la gangrène avait autant pourri. Trois affaires qui équivalent à trois bombes - non artisanales - éclaboussent aussi le pouvoir. Elles ont pour nom Sonatrach, Sonelgaz et EMA (Entreprise métro d’Alger). Ces plus grandes entreprises publiques du pays se trouvent liées par bien de sinistres points communs : malversations, corruption, détournements de deniers publics, clientélisme...
C’est la grosse affaire Sonatrach qui a éclaté en premier. Le 13 janvier dernier, dix des plus hauts cadres de ce géant pétrolier, dont son PDG Mohamed Meziane, ont été inculpés. Selon la presse algérienne, de nombreux dossiers devront être ouverts dans le cadre de cette affaire. Mais en attendant, trois d’entre eux seulement sont aux mains de la justice algérienne jusqu’à présent. Ils en disent long sur ce qui se passe dans le pays de Bouteflika.
Le premier concerne le contrat passé par la compagnie nationale des hydrocarbures Sonatrach avec le groupement allemand Contel Funkwerck Plettac. D'un montant de 142 millions d'euros, ce marché de télésurveillance aurait été obtenu grâce à l'intervention d'un des fils du PDG de Sonatrach par le biais d'une de ses sociétés créée juste avant l'appel d'offres lancé par l’entreprise publique. Le pot-de-vin obtenu dans cette transaction est gros. Il aurait servi, d’après la presse algérienne, à l’acquisition d’appartements à Paris et de villas à l'étranger...
Dans le deuxième dossier où il est également question de gros dessous de table, c’est le responsable de l'activité «transport par canalisation» de Sonatrach ainsi que son vice-président Benamar Zennasni qui sont pointés du doigt. Ils auraient favorisé l'entreprise italienne Saipem dans un contrat de 580 millions de dollars visant la réalisation d'un système de transport de gaz naturel (GK3). Et ce n’est pas fini.
Même dans le cadre d’une simple rénovation d'un étage du siège de Sonatrach, il peut y avoir anguille sous roche. En effet, une société américaine qui a obtenu un contrat de 100 millions de dollars bénéficiait de complices bien placés pour surfacturer ses travaux de rénovation.
La bombe Sonelgaz
Dans la grosse et bien embarrassante affaire Sonelgaz, dix-neuf cadres sont accusés d’avoir effectué plusieurs transactions douteuses depuis 2004. Les 19 responsables, dont six sont sous contrôle judiciaire, sont accusés de détournement de sommes importantes des œuvres sociales de l'entreprise. D’après les journaux algériens, le préjudice est estimé à plus de 10 milliards de dinars algériens, soit plus d’un milliard de dirhams marocains. S’y ajoute la passation de 12 marchés selon des procédures contraires à la réglementation. Un record mondial, peut-être. Et encore, l’instruction de l’affaire n’est pas terminée. Le comble c’est que les personnes impliquées dans cette affaire continuent d'exercer leur fonction et leurs prérogatives le plus normalement du monde au sein de l'entreprise, d’après la presse algérienne. Elles continuent donc à s’adonner à leur activité préférée : passer des marchés. Le ministre de l’Energie et des mines, Chekib Khalil, lui aussi continue à vaquer à ses occupations habituelles. Cet homme de Bouteflika ne considère même pas qu’il y a scandale.
Malpropreté à l’EMA
Tout récemment, le PDG de l’Entreprise du métro d’Alger (EMA) a été auditionné par le juge d’instruction du tribunal de Sidi M’hamed à Alger, le même qui instruit les autres grosses affaires du moment. Le responsable de cette entreprise, qui relève du ministère des Transports, aurait été placé sous mandat de dépôt. Cette interpellation interviendrait, selon la presse algérienne, suite à une ou plusieurs passations de marchés dans le cadre des nombreux projets placés sous la responsabilité de l’Entreprise du métro d’Alger.
Cette société a été déjà secouée, en octobre dernier, par une autre affaire de corruption. C’était le directeur de la planification au ministère des Transports qui avait alors été poursuivi dans le cadre du marché d’équipement du projet du métro d’Alger, estimé à 380 millions d’euros.
Sonatrach, Sonelgaz, Métro d’Alger, etc., etc.
Autre lieu, autre scandale. Le chantier du barrage de Taksebt sur les hauteurs de Tizi Ouzou est un exemple édifiant de la gabegie qui fait fureur en Algérie. Ayant coûté 860 millions d'euros à l'Etat, ce projet a été mis en service en juillet 2007. Seulement, il ne permet même pas jusqu’à aujourd’hui l'adduction aux communes de la wilaya de Tizi Ouzou. Ce ne sera possible qu’en 2040. Si d’ici là, tout va bien.


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