Abdelkrim Berrechid s'est encore, une fois n'est pas coutume, illustré par son attachement total au cérémoniel de l'art dramatique. Il insista sans ambages, samedi dernier à l'hôtel de ville d'Agadir, sur le moment convivial que vivent les gens autour d'une prestation théâtrale. Lors de cette rencontre qu'a organisée la section régionale du syndicat du théâtre marocain, l'illustre dramaturge marocain, de renommée mondiale, s'est ardemment montré acquis à la notion de noblesse et d'humanisme du théâtre, sous toutes ses formes, se référant, sans bavure, au Catharsis de l'antiquité grecque. « Sommes-nous empreints de purification, en face de notre théâtre ? Un souci qui ne fait que se renforcer, devant des scènes théâtrales beaucoup plus portées sur le désespoir et l'arrogance que la liesse de l'instant et l'esthétisme du blieu. Le théâtre est avant tout, une cérémonie de liesse, tel le moussem de la tradition populaire », souligne-t-il, d'un ton nostalgique. Tout en passant en revue les vertus d'une telle pratique, axée sur le talent inné et l'assiduité ardue, l'éminent érudit du théâtre cérémonial déplore la déficience graduelle de cette chaleur d'enjouement et d'exultation dans l'enceinte théâtrale. Auparavant, Abdelkader Ababou, secrétaire de l'instance organisatrice, avait targué de magnanimité, dans son mot de préambule, l'invité du jour, son parcours, son répertoire et sa militance. En fait, au cours de sa communication congruente, Abdelkrim Berrechid a fait étalage de son savoir étendu dans l'univers civilisationnel, à travers une multitude de cultures et de patrimoines séculaires. Il s'est résolument affiché en faveur de l'unicité plurielle de l'expression marocaine dont l'émanation plurielle est porteuse de richesse. « Pourquoi le public tourne-t-il le dos au théâtre ? On ne cherchera pas une suite à cette préoccupation agaçante pas plus loin qu'en notre sein, nous qui sommes en dichotomie avec nous-mêmes, car nous avons le complexe de « khouaja ». Nous renfermons, de par la diversité de nos propriétés patrimoniales, des aptitudes énormes à explorer et valoriser», enchaine-t-il, tout en faisant le procès des décideurs des questions culturelles qui, selon lui, faillent à leur mission envers les citoyens. A ce propos, l'intervenant regrette que nombre de trouvailles créatives, à travers l'histoire du pays, ne sont pas soigneusement archivées et préservées, notamment l'immense legs de la troupe nationale de Mâamoura et bien d'autres répertoires qui disparaissent lamentablement. En revanche, Abdelkrim Berrechid est pareillement adepte de l'inspiration universelle, car, s'explique-t-il, l'apport humain est universel et sans frontière. On retiendra, en effet, cette connaissance encyclopédique du distingué dramaturge qui tient un profond discours pédagogique et instructeur, maniant à merveille, les contextes théologien, mythologique, rationnel et positiviste. Sacré Berrechid !