La troupe Théâtre OUNAMIR d'Agadir a, encore une fois, brillé de mille feux. Sa nouvelle pièce théâtrale «Sayad N'am, chasseur d'autruches», écrite par le célèbre dramaturge national, Abdelkrim Berrechid, et mise en scène par Abdelkader Ababou, a fait sensation au festival culturel de Errachidia qui, aux yeux de tous les observateurs, a connu un succès éclatant. Les organisateurs de cette manifestation de haute facture ont eu donc raison d'incorporer dans son menu cette œuvre théâtrale qui, pour sa première sortie, a crevé l'écran. Il est bien évident que le style scénique de Ababou n'est plus à présenter, après une pratique artistique sans relâche de plus de quatre décennies de productivité et d'innovation. En dépit du texte qui émane, il faut bien le dire, d'une autre conception artistique et sémantique, celle d'un dramaturge émérite dont l'encadrement conceptuel et idéel revendique «le théâtre cérémonial», les touches indélébiles «du troisième théâtre», imbu d'approches dialectiques, renvoient organiquement à cette vision dont les ténors ne sont autres que Meskini S'ghir, Abdelmjid Saadallah…La nouvelle pièce qui fait sa première apparition sur les planches de Errachidia traduit, une fois n'est pas coutume, cet attachement indéfectible à ce mode d'interprétation. Mahjouba, portant toute cette charge idéelle et idéale d'une rébellion vivace contre toutes les formes d'oppression et de tyrannie, à travers le pouvoir pluriel du théologien, du patriarcal, rituel…Mahjouba, symbole de la frénésie autoritaire, victime des foudres débiles et rétrogrades s'en démarque, progressivement, pour brandir l'étincelle de la révolte et de l'affirmation. Mahjouba, l'écueil sur lequel s'effilochent les épaves de la soumission et du voile s'en va sceller la vie des empreintes de la liberté. Un peu moins de deux heures de plaisir et de régal, la représentation inédite de Ababou aura, comme à l'accoutumée, enchanté toute l'assistance dont les fibres de l'orgueil humaniste ont été mises à rude épreuve, de par la limpidité du verbe et de la fluidité du mouvement et de la couleur. Sayad N'am ou le chasseur des autruches aura donc conquis le public qui s'est identifié à Mahjouba, la rebelle, pour chasser la liberté dans les cœurs et chasser le démon des parages.