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Déficit en cadres paramédicaux : La santé a mal à ses effectifs
Publié dans Albayane le 04 - 03 - 2012

Notre pays enregistre à l'heure actuelle, en ce début de l'année 2012, un manque en cadres paramédicaux évalué à prés de 9.000 postes qui restent à pourvoir si l'on veut réellement faire face aux nombreux et inextricables problèmes que connaissent nos structures de santé, et ce, aussi bien au niveau du réseau des soins de santé de base (S.S.B) qu'au niveau du réseau hospitalier . Des mesures urgentes doivent voir le jour si l'on veut réellement atténuer les effets de cette pénurie.
Nous ne cessons d'attirer l'attention des décideurs et des responsables sur les conséquences à court terme qui pourront découler de cette grave pénurie. Si rien de concret n'est entrepris aujourd'hui pour juguler le manque d'infirmiers (ères), nous exposerons notre population demain à de véritables problèmes de santé. Les explications.
Le manque en personnel infirmier toutes catégories, profils et spécialités confondus, n'est pas nouveau. Cette pénurie remonte à loin et plus exactement aux années 80, quand le Maroc a fait le mauvais choix de fermer ses écoles de formation des personnels de santé.
La banque mondiale et le fond monétaire international y étaient pour quelque chose, crise oblige, c'était le fameux ajustement structurel (du n'importe quoi) qui n'a servi à rien sauf à compliquer une situation qui demandait des solutions adaptées à notre contexte et non pas des schémas et des projections élaborés et importés d'outre–mer. Les résultats sont aujourd'hui là et on comprend mieux dés lors que notre pays a des spécificités dont il faut tenir compte.
Depuis 1986, le Maroc a commencé à enregistrer la pénurie de personnel infirmier. Les écoles ne formaient plus, les départs à la retraite se poursuivaient, il y a aussi celles et ceux qui préfèrent quitter prématurément cette profession qui est éreintante et peu motivante.
Si on ajoute à cela le fameux DVD qui a eu l'effet d'une véritable hémorragie dans une profession déjà anémique, on peut aisément imaginer l'état dans lequel s'est retrouvé du jour au lendemain notre système de santé : un corps exsangue
Au début de l'année 2010, les départs à la retraite d'un grand nombre d'infirmières et infirmiers vont connaître une courbe exponentielle, un pic pour 2011 et 2012 ainsi que les années à venir.
La pénurie n'est pas prête de cesser, mais va s'accroitre d'année en année à telle enseigne que l'OMS situe le Maroc parmi les 57 pays du monde qui, aujourd'hui, souffrent d'une pénurie aigue en personnel.
Une réalité vécue au quotidien
La pénurie d'infirmiers (ères) dans notre pays n'est pas une simple vision de l'esprit, contrairement à ce que certains peuvent penser, mais une réalité qui est vécue au quotidien. Cette pénurie est ressentie d'abord par les professionnels de santé qui sont contraints dans bien des situations de faire face à une grande charge de travail, qui éreinte les plus résistants et décourage les plus faibles, d'où les nombreux certificats de maladie et l'absentéisme au niveau des structures de santé, une réalité que l'on peut aisément constater sur le terrain. La pénurie d'infirmiers est aussi ressentie par les malades qui sont obligés d'attendre leur tour pour être soignés que ce soit pour un prélèvement, une injection, une perfusion, un changement d'un pansement, une radio.
La pénurie d'infirmiers est aujourd'hui telle qu'aucun hôpital ne peut se targuer d'avoir des infirmiers, infirmières en nombre suffisant.
Cette pénurie risque d'atteindre des proportions alarmantes dans les années à venir au point qu'elle dégradera la qualité des soins infirmiers au niveau de plusieurs établissements hospitaliers qui sont en situation plus que précaire.
Fermeture de certains dispensaires
Cette pénurie de personnel infirmier est à l'origine de la fermeture de plusieurs centaines de dispensaires et centres de santé surtout dans le milieu rural. L'ex ministre de la santé l'a elle-même reconnu devant les parlementaires, ce qui inquiète le plus, c'est le nombre de ces dispensaires qui sont aujourd'hui fermés à cause d'un manque d'infirmiers. On n'a pas idée de construire un tel bâtiment qui suscite beaucoup d'espoirs au sein des populations et de le laisser par la suite fermé jusqu'à ce qu'il commence à tomber en ruine. Ce constat ne peut laisser personne indifférent, c'est pour cela que nous tirons la sonnette d'alarme afin d'attirer l'attention sur les réels risques inhérents à ce manque de personnel para-médical.
Des mesures immédiates courageuses, cohérentes doivent être prises au niveau du département de la santé, faute de quoi bien des hôpitaux seront confrontés à une réelle crise dans les années à venir surtout que de grands contingents d'infirmiers (ères) ont commencé à partir à la retraite, une situation qui va aller en s'accentuant.
Qui va assurer la relève ?
Comment compte-t-on remédier à ces sous-effectifs ?
Qu'a prévu le ministère de la santé ?
Une situation paradoxale
Sans chercher à acculer quiconque puisque ce qui est fait est fait, nous devons reconnaitre que le problème de la pénurie d'infirmiers (ères) ne date pas d'aujourd'hui. Cette pénurie était programmée par les responsables et les décideurs qui avaient en charge la santé des citoyens dans les années 80 et plus particulièrement ceux qui avaient pris la décision de fermer les écoles de formation des infirmiers. C'est donc une situation héritée, mais cela ne doit pas pour autant justifier la situation actuelle.
Il faut noter que pratiquement tous les ministres qui se sont succédé à la tête du département de la santé depuis feu Rahali Rahal , en passant par Taieb ben Cheikh , Biadillah et bien entendu Mme Yasmina Badou , tous ont été très sensibles à ce problème de sous-effectifs des infirmiers , Ils ont chacun à sa manière tenté de faire quelque chose , mais rien ne semble s'y faire , le problème est et demeure ce qu'il a toujours été. C'est-à-dire que notre pays enregistre
des sous-effectifs en infirmiers (ères) polyvalents (es) et techniciens de santé.
Nous avons besoin à l'heure actuelle de près de9.000 infirmiers, chose qui a été à maintes reprises reconnue et qui confirme si besoin la pénurie. Mais c'est là un chiffre qu'il faut revoir à la hausse.
Comment allons-nous remédier à cette pénurie ?
Selon les estimations, il y a prés de 26.000 infirmiers toutes catégories confondues au Maroc, si le 1/3 part à la retraite, on peut aisément deviner les drames qui y découleront. Les 21 instituts de formation aux carrières de santé que compte notre pays arrivent à former 1500 lauréats chaque année, c'est une excellente chose, mais de l'autre côté ils sont autant qui partent à la retraite, sans oublier que parmi les lauréats fraichement sortis des instituts, un grand nombre part s'exiler dans des pays qui accordent à l'infirmier une grande importance (Canada, Etats-Unis, France, Italie) pour ne citer que ces pays. D'autres préfèrent s'insérer dans le secteur privé.
Il reste bien entendu les instituts privés qui forment certains profils comme les aides soignantes, les auxiliaires, les polyvalentes …
Ces instituts forment chaque année des centaines d'auxiliaires de santé , ces écoles sont autorisées par l'Etat , elles sont accréditées , les étudiants qui suivent ces formations sont des Marocains comme vous et moi, ils ont les mêmes droits et doivent donc bénéficier des mêmes chances en ce qui concerne l'accès à l'emploi .
Dans ces conditions, on ne comprend pas le paradoxe qui caractérise le département de la santé : d'un côté il y a une pénurie d'infirmiers (ères) et de l'autre côté on ne recrute pas les infirmiers qui sont formés au niveau des instituts privés pour pallier aux sous-effectifs, une main d'œuvre précieuse qui ne coûte rien au ministère en terme de formation et dont les lauréats sont prêts à travailler là ou ils seront affectés.
C'est à n'y rien comprendre.


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