«Soirée mémorable digne d'un grand homme», «le PPS a marqué un point en réunissant tant de sensibilités politiques», «Si Ali, absent, continue à servir son pays»... Les commentaires émanant de différents observateurs n'ont pas tari d'éloges à l'égard du colloque organisé, jeudi soir, par le Parti du progrès et du socialisme en hommage à son leader historique Ali Yata. Colloque tenu dans le sillage des festivités marquant le soixante-dixième anniversaire du parti. Il y a avait, en effet, tous les ingrédients pour le succès d'une telle manifestation. Il y a indéniablement au départ l'estime et le prestige dont jouit le cher disparu auprès de l'ensemble de la classe politique. Celle-ci avait répondu massivement à l'invitation du parti. Il y avait également de larges franges de la société civile dans ses différentes composantes, les artistes, les professionnels du cinéma, des représentants de médias... et bien sûr de nombreux militants de la région du Grand Casablanca et bien au-delà. C'est devant donc une salle, archicomble, d'un grand palace la métropole blanche que Mohamed Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, et que le public va découvrir ce soir-là en fin modérateur, a rappelé le contexte et les principes qui ont présidé à l'organisation d'une telle manifestation. «On ne pouvait célébrer l'anniversaire de notre parti sans consacrer un moment spécifiquement dédié à celui qui l'a si bien incarné», a-t-il précisé en exergue de son intervention, rappelant la fierté du parti pour la qualité et le nombre de personnalités de différents horizons qui ont répondu à l'appel du parti. Il a cité également ceux que des conditions professionnelles, des raisons de santé ou des contraintes particulières ont empêché de venir. C'est le cas notamment de Si M'hamed Boucetta, figure historique de l'Istiqlal qui avait, en tant qu'avocat fait partie de la défense du parti lors du procès qui lui a été intenté à la fin des années 60 et compagnon de Si Ali lors de la création de la Koutla démocratique. Le Parti de la justice et du développement, allié du PPS dans l'actuelle majorité gouvernementale, était représenté par une délégation de haut niveau, conduite par son secrétaire général et chef du Gouvernement, Si Abdelilah Benkirane. Lors d'une brève allocution, fidèle à son style alliant humour et différents clins d'œil, Benkirane qui n'appartient ni à la même génération de Si Ali ni à la même sphère idéologique a brillamment fait la synthèse de sa perception du parti du défunt. «Je n'ai pas connu Si Ali de près, mais j'ai eu la chance de côtoyer et de travailler avec les militants de son parti à différents niveaux et dans différentes commissions ou même au gouvernement et j'ai toujours été frappé par des qualités qui leur sont communes : probité, courage politique, sens de la mesure et ponctualité... Je leur ai posé la question et ils m'ont répondu : c'est l'école de Ali Yata. Je ne pouvais alors que dire Que Dieu ait l'âme d'un si bon éducateur». Des mots qui ont touché ceux effectivement qui ont bénéficié de cette véritable école de formation qu'était Ali Yata, par son comportement et le modèle de conduite qu'il s'appliquait d'abord à lui-même. Comportements et attitude que les nombreux intervenants ont décliné selon des registres variés : le récit historique objectif et structuré (Si Mohamed Elyazghi), le récit émaillé d'anecdotes (le militant et résistant Si Mohamed Bensaid), les souvenirs personnels (Ahmed Osmane)... bref, il y avait de l'histoire, de l'émotion (l'intervention émouvante de Fahd Yata) et aussi de la politique avec l'intervention de Abdelahak Tazi du parti de l'Istiqlal qui a livré, devant l'assistance, une analyse de la situation actuelle à partir des acquis de la lutte du mouvement national, prolongée par l'action de la Koutla démocratique qui a permis au pays de parvenir à une première expérience gouvernementale réellement issue des urnes en 2011. Il a fustigé au passage les manœuvres des «charlatans» qui ont cherché à faire échouer cette expérience de l'intérieur et a salué le courage politique du PPS et de ses alliés au gouvernement qui ont su résister à ces manœuvres, rappelant l'attachement de l'Istiqlal historique aux valeurs qui le réunissent avec le PPS à savoir la liberté, les intérêts de la Nation et la dignité des gens. La classe ouvrière, représentée par sa centrale historique, l'UMT, a fait un geste à l'égard de celui qui était toujours attaché à son unité, à sa cause, en offrant l'emblème de la Centrale à la direction du PPS. Dans la salle, comme dans les messages reçus, un large éventail politique et social a tenu à témoigner et à saluer une mémoire désormais commune à la Nation. Moulay Ismail Alaoui, président du Conseil de la présidence du PPS, a présenté une lecture synthétique de ce que devrait le bilan de cette commémoration. Il a rappelé au préalable les circonstances dans lesquelles il a rencontré cet éminent dirigeant (la première fois lors d'un congrès de l'UNEM en 1962) et travaillé/milité aux côtés de lui, notamment lors d'une fructueuse expérience parlementaire commune. M. Alaoui a dressé ensuite une véritable feuille de route dessinée à partir de cet héritage intellectuel et politique dont les fondements peuvent se résumer en deux mots : fidélité et ouverture. Fidélité aux principes de la démocratie et du socialisme et ouverture sur les acquis de la pensée et des expériences humaines. La poésie avec l'excellent Driss Meliani est venue, brièvement mais éloquemment, rattacher le passé à l'avenir sous la bannière de l'utopie nécessaire et de l'espoir... Dehors, une pluie fine offrait à l'horizon de la ville, la promesse d'un printemps plus beau.