- J'espère avoir été un bon élève de Si Ali que j'ai côtoyé pendant 35 ans, un temps plus long que celui que j'ai passé avec mon père, c'est-à-dire 25 ans. - Si Ali était un travailleur acharné et infatigable que ses collaborateurs ne pouvaient pas suivre. C'est lors d'un congrès de l'UNEM (Union nationale des étudiants du Maroc) en 1962 que j'ai connu pour la première fois Si Ali, dont j'ai beaucoup apprécié la manière de prononcer ses discours en arabe classique, langue qu'il maîtrisait sur tous les plans. Fin 1963, je l'ai revu à Paris après sa sortie de prison avec les camarades Abdeslam Bourquia et Abdellah Layachi, tous emprisonnés lors de la guerre des sables. Ils avaient bénéficié d'un non lieu. En France, en tant que l'un des responsables de la section du parti à Paris, j'ai eu l'occasion d'assister à des conférences que le parti organisait au 115 du boulevard Saint Michel par exemple. Là aussi j'ai pu apprécier sa maîtrise de la langue française en même temps que du sujet qu'il abordait. En 1966, je l'ai encore une fois rencontré à l'occasion du congrès clandestin du parti, et j'ai trouvé en lui une personne très aimable, courtoise, mais rigoureuse et précise dans tous ce qui se rapporte à l'histoire et à la situation du pays et du parti. En 1967, je l'ai accompagné avec feu Aziz Belal lors d'une visite en Yougoslavie où nous avions été les invités du président Tito. Nos contacts allaient s'intensifier avec la légalisation en 1968 du parti sous l'appellation du PLS (parti de la libération et du socialisme), légalisation qui n'aura d'ailleurs duré qu'une année et à l'issue de laquelle Si Ali et Si Chouayb Rifi furent emprisonnés. Après leur libération, nous nous sommes retrouvés pour reprendre notre action, au cours de laquelle Si Ali n'essayait pas de se différencier des autres. Il ne se départait jamais de sa modestie et de son sens de la camaraderie avec tous les autres membres du parti. Il ne prenait jamais de posture de chef. En attendant, le Maroc allait connaître deux tentatives militaires de coup d'Etat, à l'issue desquelles feu SM Hassan II avait décidé de démocratiser un peu plus le système en place. Dans ce cadre, le parti a retrouvé sa légalité sous l'appellation actuelle, le Parti du progrès et du socialisme et tenu son premier congrès en tant que tel en février 1975. Si Ali combinait d'ailleurs avec succès la direction du journal, le secrétariat général du parti et ses responsabilités en tant que parlementaire à partir de 1977. Ce faisant, il ne s'estimait jamais supérieur aux autres, dont il n'hésitait pas à recueillir les avis avant de prendre telle ou telle décision. C'est ainsi qu'il faisait souvent appel à feu Aziz Belal pour tout ce qui concerne les questions d'ordre économique et après Si Aziz à d'autres économistes du parti dont Thami Khyari, Abdelouahed Souhail... Il tenait à présenter aux comités centraux du parti des rapports, qui sont le fruit d'un travail et d'une réflexion collectifs et non pas le produit de Ali Yata tout seul. Et j'insiste encore une fois sur le fait que Si Ali avait une très haute opinion de la démocratie interne qu'il faisait prévaloir, contrairement aux apparences. Il était toujours ferme dans ses positions, mais il avait en même temps le sens de la démocratie interne. Lorsque Feu SM Hassan II avait accepté l'idée d'organisation d'un référendum d'autodétermination au Sahara, Si Ali l'avait catégoriquement rejetée, estimant qu'il aurait fallu organiser des referenda similaires dans les autres régions du pays. Quant aux autres membres du Bureau politique, ils avaient opté pour la proposition du Roi de tenir un référendum dans les territoires récupérés. Bien qu'il ait été mis en minorité au sein du BP, Si Ali avait accepté la proposition de la majorité et l'avait fait sienne. En 1984, nous formions lui et moi au Parlement un tandem qui était plus productif que des groupes parlementaires comptant plusieurs membres. Durant cette période, j'ai connu en lui un grand travailleur, infatigable et acharné pour défendre les causes du peuple et du pays. En lui vouant une grande amitié, j'ai toujours vu en lui un grand dirigeant et un grand homme d'Etat. A l'occasion de la célébration du 70e anniversaire de la création du PPS, héritier légitime du Parti communiste marocain, et du Parti de la libération et du socialisme, l'on ne peut que saluer sa mémoire et lui rendre hommage en reconnaissance du patrimoine qu'il a légué à son parti et à son peuple, en rappelant que depuis 1946 Si Ali a été au Parti le Primus inter pares. En lui succédant après sa mort accidentelle, tout ce que j'espère c'est d'avoir été un bon élève de Si Ali. Ismail Alaoui M'hamed Boucetta, ancien secrétaire général du PI «Ali Yata, l'Homme sincère et réaliste» Feu Ali Yata était un grand homme au vrai sens du terme. Il a consacré toute sa vie à défendre les valeurs humaines. Il s'agit, en fait, d'un militant sincère, rigoureux, voire un homme de conviction. Même dans sa vie privée, Feu Yata a toujours veillé à entretenir de bonnes relations avec son entourage et garder des liens forts et continus avec ses amis et ses compagnons dans l'action politique. C'était un homme de principe. J'avais l'honneur et le privilège, quand j'étais avocat, d'avoir épousé sa cause, en juillet 1969, en prenant en charge sa défense durant son procès pour reconstitution d'un parti politique interdit. Il s'agissait pour moi d'une obligation, voire d'un devoir de défendre ce grand homme pour lequel j'avais beaucoup de respect en dépit de nos différences idéologiques. Autrement dit, la défense du Feu Yata constituait pour moi une priorité, car il s'agissait pour moi de la défense de la liberté. Feu Yata a été connu pour ses positions remarquables au sein du Parlement. Des positions ayant pour finalité la défense des citoyens et les intérêts suprêmes de la nation. Le PPS qu'il dirigeait a été aussi un grand et fidèle allié de la Koutla démocratique. Outre ses positions constantes et sincères, ses actions étaient bien loin de tout dogmatisme ou d'une certaine pensée fétiche. Au contraire, il avait toujours pris des positions réalistes témoignant de son ouverture et de sa Realpolitik. Je garde beaucoup de bons souvenirs de lui. Ali Yata était un grand ami. Il mérite tout le respect, car par son combat et son militantisme, il a marqué le paysage politique marocain. Abdelouahed Radi Si Ali, un grand exemple pour les générations actuelles et futures Si Ali est un grand militant qui a consacré toute sa vie à la diffusion et à la mise en œuvre d'idées, de valeurs et de principes de justice et d'égalité, et finalement d'humanité auxquels il croyait profondément. J'ai eu le privilège pendant plusieurs décennies de le fréquenter et de travailler avec lui à la réalisation de nos idéaux communs. Nous avons milité côte à côte pour la question palestinienne et pour l'intégrité territoriale à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc. A partir de 1977, nous avons mené au parlement de grands combats pour l'instauration d'une démocratie véritable dans notre pays et ce jusqu'au début des années 90. Avec la création de la Koutla démocratique, notre action commune s'est renforcée et s'est approfondie. Durant tout ce temps, j'ai eu le loisir d'apprécier les nombreuses qualités de grand homme. Si Ali était un patriote dévoué à sa mission qu'il remplissait avec abnégation, courage, patience, persévérance et sens des responsabilités. C'est un grand exemple qui doit être connu et suivi par les générations actuelles et futures. Mohamed El Yazghi, ancien premier secrétaire de l'USFP «La patrie avant la lutte des classes» Feu Ali Yata était l'un des grands dirigeants du nationalisme marocain. Par ses idées émanant de la pensée communiste et adaptées à la réalité marocaine, il a consacré sa vie au service de son pays et au peule. Si Ali est une figure de proue pour la défense de l'intégrité territoriale du royaume. Il a toujours considéré le dossier du Sahara marocain comme une priorité pour la nation. D'ailleurs, son credo était «la patrie avant la lutte des classes». Aussi, il faut également souligner que l'unité des forces démocratiques était une obsession majeure pour lui. Le défunt a appelé incessamment au rassemblement des démocrates sous la même bannière, ce qui débouché sur la constitution de la Koutla démocratique en 1992. L'histoire retiendra que le défunt Ali Yata a milité pour la réalisation de l'unité démocratique comme jalon vers le renforcement des forces démocratiques. D'ailleurs, tout ce que nous vivons aujourd'hui comme changement démocratique, nous le devons quelque part à Si Ali. Miloudi El Moukharek Feu Ali Yata, un ami et un allié de la classe ouvrière Au nom de l'UMT (l'Union marocaine du travail), je rends hommage à feu Ali Yata qui a toujours été l'ami et l'allié de la classe ouvrière. Ali Yata a concentré ses préoccupations sur l'amélioration des conditions de travail et de vie de la classe ouvrière. Nous avons connu l'homme dans plusieurs étapes de sa vie. Nous avons lu sur son passé historique dans la lutte pour l'indépendance du pays. On a entendu des témoignages sur cet homme hors pair lorsque le parti était interdit pour faire valoir les valeurs du socialisme et du progrès au service du peuple et de la patrie. En tant que nouvelle génération de l'UMT, nous avons vécu des moments glorieux après l'indépendance et apprécié les positions justes de Si Ali Yata en tant que grand leader politique ayant marqué la vie politique du Maroc moderne. Ali Yata, le journaliste a aussi donné à Al Bayane ses lettres de noblesse en tant qu'organe d'analyse, de dénonciation et de critique des événements de l'époque. Si Ali, on l'a connu aussi en tant que député au parlement. Même s'il était le seul député représentant le PPS, le leader politique a su faire entendre la voix du parti et défendre les grandes causes du pays. Nous n'oublierons jamais ses positions en faveur de la classe ouvrière dans les moments difficiles. A cette occasion, nous réitérerons toute la considération de l'UMT, de ses sections régionales et locales pour cette grande figure politique. L'UMT et son SG comptent s'associer aux commémorations des festivités du 70e anniversaire du PPS et participer à la journée consacrée à l'hommage au feu Ali Yata.