Le 10 décembre 2013 est «un jour important pour la pêche». C'est avec cette phrase que le ministre espagnol de l'Agriculture, l'alimentation et l'environnement, Miguel Arias Canete, a résumé la satisfaction «généralisée» en Espagne de la ratification, mardi en plénière, de l'accord de pêche entre le Maroc et l'Union européenne (UE). Aussi bien le gouvernement que les opérateurs halieutiques dans les ports espagnols concernés par cet accord se sont empressés d'exprimer publiquement leur «satisfaction» et se sont «félicités» du soutien majoritaire à cet accord au parlement européen qui profitera à 126 chalutiers européens dont 90 espagnols. Les réactions positives ont fusé de toute part, particulièrement du côté du gouvernement espagnol. Il s'agit d'un «excellent accord», a déclaré à Madrid Arias Canete lors d'une conférence de presse, immédiatement après le vote favorable au Parlement européen. Outre l'aspect économique, a-t-il expliqué, l'accord revêt particulièrement un grand intérêt pour le Maroc et l'Espagne dans la mesure où il va «renforcer» les relations bilatérales, et rendra plus souple la coopération dans le domaine de la pêche mais aussi dans l'agriculture et les questions relatives à l'immigration. En tout cas, a signalé le ministre espagnol, l'accord sera approuvé définitivement, lundi prochain (16 décembre) par le Conseil des ministres de l'Agriculture et de la Pêche des Etats membres de l'UE. Des contacts ont été établis immédiatement, mardi, avec les autorités marocaines pour que «commencent le plus tôt possible» les procédures de sa ratification du côte de Rabat, a ajouté Arias Caneté qui a émis l'espoir que les marins espagnols soient «dans de meilleures conditions de solliciter des licences de pêche» pour pouvoir reprendre leur activité dans les eaux marocaines. Dans le détail, 90 licences (contre 70 dans le précédent accord) seront remises aux chalutiers espagnols dont 44 d'Andalousie et 33 des Iles Canaries. Des chalutiers galiciens pourraient également opérer au large des côtes marocaines, a révélé le ministre espagnol. Arias Caneté n'a pas caché la «satisfaction» du gouvernement de Madrid du couronnement de plusieurs mois de négociations « complexes ». A ce titre, il a mentionné le soutien des grands groupes politiques au Parlement européen ainsi que les démarches entreprises par le gouvernement autonome d'Andalousie en vue d'aboutir à la collaboration du groupe socialiste au sein de l'institution européenne. Arias Canete a fait état spécialement du rôle qu'avait joué un «grand lobby» opposé à la ratification dudit accord qui est, a-t-il expliqué, «positif» pour les intérêts européens et marocains. C'est la raison pour laquelle, le texte a bénéficié du vote favorable de 311 eurodéputés, a-t-il dit en souhaitant que les marins espagnols retournent dans les eaux marocaines dans les premières semaines du mois de janvier. Pour sa part, le secrétaire général espagnol du département de la Pêche, Carlos Dominguez, a qualifié l'accord Maroc-UE de «stratégique» car il garantit en même temps «une compensation financière équilibrée qui va être destinée, en bonne partie, à encourager les investissements et le développement du secteur halieutique au Maroc, et développer la coopération» en matière de pêche entre les deux pays. Le protocole de pêche couvre les quatre prochaines années en contrepartie du versement au Maroc de 40 millions d'euros par exercice. Ce qui est à retenir à l'issue de la ratification du texte de l'accord est que les négociations ont été longues. Elles ont été entamées en décembre 2011 suite à la suspension provisoire par l'UE du précédent protocole de pêche qui avait été conclu en février de la même année. Un intense chassé-croisé entre Rabat, Madrid et Bruxelles est enclenché pour progresser dans les négociations puisque le gouvernement espagnol en a fait une de ses priorités. Il a fallu attendre le 24 juillet dernier, jour où la commission européenne et le gouvernement marocain se sont mis d'accord sur une formule idoine et mettre fin à la longue gestation pour aboutir à la conclusion de l'accord. Une intense campagne diplomatique et parlementaire a été mise en marche par Madrid auprès des groupes politiques pour garantir la ratification de ce texte par le Parlement européen. Les socialistes espagnols ont été également sollicités à appuyer le gouvernement dans ses démarches. Ce sont surtout les autorités locales et les marins du petit port de Barbate (extrême sud de l'Espagne) qui ont le plus exprimé leur engouement pour la reconduction de l'accord de pêche. Le président de la corporation des pêcheurs de cette localité a qualifié sa ratification par le Parlement européen de «gros lot et cadeau de fin d'année». Barbate (24.000 habitants), dont la pêche est la principale activité économique, a droit à 24 licences de pêche, sur les 44 à attribuer à l'Andalousie. Un total de 500 marins de ce petit port vont embarquer à bord des chalutiers qui opéreront au large des côtes marocaines. Ce chiffre se traduira en 2.500 postes d'emploi indirects en terre, a signalé le responsable de la corporation des pêcheurs de Barbate, dont les propos ont été rapportés par l'agence Efe. Le maire de Barbate s'est déclaré à la fois «soulagé» et «satisfait» de l'adoption de l'accord par la majorité des eurodéputés. Il s'agit, rapporte l'agence Europa Press, d'un accord «très positif» pour la population de la municipalité, qui compte un des indices les plus élevés de chômage en Espagne (40%), dont «420 familles» de pêcheurs.