(Ph. Akil Macao) Portrait d'un sportif La marée de ce qu'on appelle communément «cadres nationaux» envahit la scène footballistique marocaine, ces derniers temps. Tant mieux pour une génération de techniciens qui président aux destinées du sport roi, habitué, il y a quelques années, à des entraîneurs étrangers, sans beaucoup de succès, pour la plupart. Mais, au contraire, combien de cadres marocains sont-ils en mesure de convaincre par le savoir technique requis et la plus-value pédagogique escomptée ? Pas énormément, hélas ! Certes, les uns sont surtout handicapés par la pénurie de moyens pécuniaires et infrastructurels chez leurs clubs respectifs. Les autres sont généralement étouffés par des mentalités surannées dont fait preuve une poignée de dirigeants rétrogrades. Toutefois, on ne peut passer sous silence l'attitude de nombre d'entraîneurs marocains qui, en dépit des largesses dont ils jouissent, se montrent excessivement présomptueux, sans pour autant parvenir à honorer leur mission de formateur de prodiges et d'éducateur de disciples. Tout ce qu'ils savent faire, une fois recrutés à cette aubaine, c'est d'obliger le comité à s'attacher les services des meilleurs joueurs dans les différents clubs du pays, au point d'en collecter une réelle sélection nationale, à des montants faramineux. Le comble c'est qu'une partie de joueurs transférés, sous l'effet de la tentation, ne trouve pas de place pour jouer dans leur nouvelle formation. On citera ici, entre autres, l'exemple de Kachani qui, il y a quelques années, faisait le bonheur des fans du FUS et promettait monts et merveilles. Aujourd'hui, ce joueur talentueux, appelé à un avenir florissant, ne fait que moisir, depuis plus de deux ans, sur le banc de touche, au côté d'autres vedettes «confisquées», dans l'intention abjecte de faiblir les autres équipes concurrentes d'un championnat «pro», noyé dans des disparités criardes. Quel rôle à jouer pour ce genre d'entraîneurs à qui on réunit une constellation de talents émergés dans leur club, sans priorité de choix ni nécessité majeure ? Sans doute aucun. Car, non seulement, ces entraîneurs choyés se la coulent douce, en compagnie de cette pléiade de stars «détournées», mais également, ils asphyxient les autres clubs, à l'image du MAS, à titre d'exemple, se trouvant actuellement dans le pétrin, après avoir cédé sa galaxie de rêve. Cependant, si on déplore l'existence de ces entraîneurs qui faillent à leur tâche de préparateurs de joueurs de la maison, alors que l'école de leur club grouille de juniors jaillissants, on ne peut non plus ignorer une autre frange d'entraîneurs qui, en revanche, respecte bel et bien cette noble mission. A cet égard, on évoquera, non sans conviction, le cas d'Abdelhadi Skitioui. Il est bien évident que ce garçon, empreint de savoir-faire mature, mais pareillement de civisme avéré, n'a pas de titres durant son éloquent palmarès éducationnel, à la différence de certains de ses collègues huppés, souvent par des moyens illicites. Néanmoins, on ne peut nier l'empreinte notoire que laisse cet éminent coach sur chaque passage, à commencer par le HUSA qui, après l'avoir arraché de l'anonymat et marqué d'un réel fond de jeu, par le truchement de nombre de talents pétillants, a pu s'adjuger deux sacres de suite, avec son fortuné successeur. Le même scénario s'est reproduit avec d'autres clubs, notamment le MAT et le MAS, toujours avec cette touche indélébile du coach Abdelahadi Skitioui, épris d'une sobriété et d'une humilité hors pair. Actuellement, cet illustre technicien est en phase d'hibernation, avec un arrière-goût amer, de ce que certains de ses confrères usent comme outils scabreux, pour s'approprier des titres sans gloire. Pédagogue à souhait, connaisseur émérite, Skitioui évolue continuellement, non pas en entraîneur factice, en quête de consécrations fourbes, mais en véritable coach, alliant les connaissances de schémas tactiques et les valeurs de la morphologie humaine. Opulent de qualités intrinsèques, il ne cesse de mettre les vertus de l'art du coaching au service des jeunes, axé sur l'émulation probe et loyale. Car, après tout, le sport n'est autre que l'inculcation des principes de l'olympisme. C'est à ce prix que notre football évoluera, dans un champ sain et motivant, loin des machinations et des intéressements dont font usage certains de nos entraîneurs et de nos dirigeants que la récente assemblée de la fédération rejetée a mis à nu. Abdelhadi Skitioui, lui, hiberne pour mieux rebondir, dans le même esprit qui lui est désormais propre, celui de la noblesse et de la jurisprudence. Ce dont a besoin notre pays pour sortir du marécage de la vileté dans lequel il s'est affreusement embourbé.