Rentrée sociale Les syndicats sont sur le qui-vive. Ils attendent toujours une invitation du gouvernement de Benkirane pour prendre part à la session du dialogue social du mois de septembre. Pour cette année, la rentrée sociale ne sera pas si facile, estiment certains analyses, vu d'abord le climat assez tendu régissant les relations entre les partenaires sociaux et l'exécutif, mais aussi les contraintes du contexte économique national et international limitant toute la capacité d'action du gouvernement en dépit des efforts considérables déployés dans ce sens pour améliorer la situation des classes sociales : fonctionnaires, employés et classes ouvrières. Pour les centrales syndicales, en l'occurrence l'UMT, la FDT et la CDT, le dialogue social est au point mort et ce depuis le mois d'avril, où certains syndicats ont boycotté l'invitation du gouvernement «la jugeant formelle et vide de sens», estime Miloudi Moukharik, secrétaire général de l'UMT, tout en appelant le chef du gouvernement à revenir au dialogue et entamer des négociations sérieuses afin de résoudre tous les points en suspens. Les dossiers prioritaires Ainsi, le numéro un de l'UMT indique que son instance syndicale va envoyer un mémorandum à Benkirane fixant les priorités des négociations entre les partenaires sociaux et le gouvernement, tout en soulignant que le syndicat n'a pas cessé d'alerter les pouvoirs publics sur la détérioration du pouvoir d'achat, la détérioration des conditions du travail et l'atteinte aux libertés syndicales. «Certains salariés ont été renvoyés, juste pour avoir demandé de s'organiser dans un espace syndical », déclare-t-il à Al Bayane. Autre point non moins important souligné par ce syndicaliste, celui de l'augmentation du nombre de licenciements, citant à titre d'exemple le cas du transport en commun à Fès, où 520 salariés ont été licenciés. Idem pour de Tanger où 1400 officiers et marins du transport maritime ont été également congédiés, précise Moukharik. Pire encore, notre interlocuteur met l'accent sur la nécessité de lutte contre ce qu'il désigne par «la contrebande social». En termes plus clairs, cela signifie que «plusieurs patrons procèdent détournement les cotisations qui devraient être normalement versées aux caisses des retraites et des couvertures médicales», clarifie-t-il. Pour sa part, Abderrahme El Azzouzi, secrétaire général de la FDT déplore la non-application de certains points contenus dans l'accord du 26 avril 2011 et la lenteur constaté dans l'avancement de certains dossiers qui requièrent un traitement d'urgence tel, le régime des retraites, la caisse de compensation et Azzouzi, lui aussi, indique que son syndicat attend toujours une invitation du gouvernement avant que cette dernière n'entame l'élaboration du projet de la loi des finances. Des efforts considérables du gouvernement De son côté, Abdessamad Merimi, adjoint du secrétaire général de l'UNMT, souligne que le dialogue social doit porter sur les grands chantiers, telles la réforme des caisses de retraites et la Caisse de compensation, considérant qu'une telle réforme épargnera à l'Etat une importante manne financière qui va lui permettre d'améliorer amplement les politiques publiques à caractère social. Contrairement à ceux qui considèrent que le bilan de l'Etat est négatif en matière de réforme sociale, le représentant de l'UNMT juge que le gouvernement actuel déploie des efforts considérables et ne lésine pas sur moyens pour l'amélioration de la situation des diverses catégories sociales, citant à titre d'exemple la mise en œuvre du RAMED et du Fonds d'entraide familiale, l'augmentation de la bourse des étudiants... «Le gouvernement a fait du dialogue régulier avec le syndicat son credo, depuis qu'il a pris les commandes du pays». Une vision partagée par le professeur Abdeslam Seddiki, indiquant, pour sa part, que «le gouvernement a pris dès le départ son engagement de relancer le dialogue social et d'en respecter la périodicité pour faire du dialogue non pas une formalité d'usage, voire une manœuvre politicienne, mais une véritable politique de traitement des dossiers et d'instauration de la paix sociale». Mais «aujourd'hui, il est difficile de parler d'une réforme sociale sans qu'elle ne soit tributaire du volet économique à commencer par la reforme du régime des salaires et ce sans porter atteintes aux salaires des fonctionnaires», note Abdessamad Merimi. Pour lui, les défis sont énormes et consistent d'abord à inscrire l'action de l'Etat dans une logique de la transparence et de la bonne gouvernance, conformément aux dispositions de la nouvelle Constitution. En tout cas, il s'agit pour lui «de l'objectif que le gouvernement s'est fixé depuis sont avènement », explique le syndicaliste de l'UNMT. Toutefois, Merimi met un bémol à ces propos, indiquant que le gouvernement de Benkirane doit s'atteler sur l'activation du dialogue sociale, en particulier les deux comités consacrés aux secteurs privé et publics, l'organisation d'un dialogue tripartite (syndicats, patronat, gouvernement) et le lancement des dialogues sectoriels.