Gouvernement et syndicats s'acheminent vers une confrontation. Le principal point de discorde concerne la réforme longtemps promise et toujours repoussée des caisses de retraite. De récentes fuites dans la presse sur la volonté du gouvernement d'instituer une retraite à 62ans étaient suffisantes pour déclencher l'ire des syndicalistes. Joint au téléphone par ALM, le secrétaire général de l'UMT (Union marocaine du travail), Miloudi Moukharik, n'y est pas allé par quatre chemins pour critiquer cette annonce. «Je constate que c'est une drôle de façon de dialoguer avec les représentants des bailleurs de fonds des caisses de retraite qui sont les salariés et les fonctionnaires du secteur public. Nous n'avons été ni informés ni consultés sur cette mesure qui a été prise d'une manière unilatérale», explique-t-il. Pourtant, les syndicats siègent avec le gouvernement et les responsables des caisses de retraite au sein de deux commissions créées en 2004 pour mettre en place une réforme. Mais les partenaires sociaux semblent être aujourd'hui dans l'impasse. D'un côté, le gouvernement qui même d'une manière officieuse annonce son intention de procéder à une réforme paramétrique, et de l'autre des syndicats qui crient au scandale critiquant l'annonce des responsables gouvernementaux. Le hic c'est que le gouvernement Benkirane se trouve dos au mur. L'Exécutif ne peut plus se payer le luxe d'ajourner la réforme des systèmes de retraite alors que la CMR (Caisse marocaine des retraites) est au bord de la faillite. Ce débat, qui n'est pas nouveau d'ailleurs, refait surface quelques jours seulement après une série de réunions tenues par Abdelilah Benkirane, chef de gouvernement, et les responsables des cinq centrales syndicales les plus représentatives. Selon Abderrahmane Azzouzi, secrétaire général de la FDT (Fédération démocratique du travail), la question des caisses de retraite a été abordée par les syndicalistes au cours de leurs entrevues avec le numéro un du gouvernement. «Nous avons surtout discuté avec M. Benkirane de la prochaine réunion de la commission technique ainsi que la commission nationale pour débattre des mesures proposées pour la réforme des caisses de retraite», explique-t-il. Et de poursuivre : «Il n'a pas du tout été question d'une retraite à 62 ou à 61 ans. Nous préférons ignorer les informations diffusées par la presse sur ce sujet puisque nous n'avons encore reçu aucune décision officielle de la part des responsables. Lorsque le gouvernement officialisera sa décision nous prendrons les mesures nécessaires». La couleur est donc annoncée. Le prochain round du dialogue social s'annonce très chaud et pourrait même s'en retrouver sérieusement compromis. En attendant, les syndicats semblent avoir fait le choix de la coordination. Des réunions entre les centrales les plus représentatives sont prévues avant la reprise du dialogue entre les partenaires sociaux.