Pour le ministre de la santé, le professeur Lhoussine Louardi, l'accessibilité aux soins pour tous quel que soit le lieu d'habitation ou les moyens financier est une question de justice sociale, d'équité et de solidarité qui constituent les principes fondamentaux de la politique nationale en matière de santé. Notre soucis constant en matière d'accès aux soins pour notre population s'attache justement a la réduction des inégalités choquantes et pénalisantes dont les premiers à souffrir sont celles et ceux qui sont pauvres, les populations et catégories vulnérables. Parlant de l'offre de soins hospitalière, le ministre de la santé, qui intervenait vendredi dernier lors d'une rencontre débat organisé par le PPS à Casablanca, n'a pas manqué de souligner que celle-ci reste en deca des attentes et des objectifs escomptés. Le Taux d'hospitalisation au niveau des hôpitaux est faible, il atteint à peine 4,7%, le ministère de la santé entend tout mettre en œuvre pour que ce taux soit de 6 ou 7%. La santé : un droit fondamentale Pour asseoir sur des bases solides et pérennes l'accès aux soins pour tous, le gouvernement Marocain à placé la santé pour tous comme la priorité des priorités, bien plus la santé est érigée en droit fondamentale conformément à la nouvelle constitution marocaine reconnaît 10 droits liés à la santé: 7 de nature sanitaire et 3 de nature organisationnelle. Les 7 droits de nature sanitaire sont : 1 / Droit à la vie [art. 20] qui comprend également la lutte contre les mortalités évitables 2 / Droit à la sécurité et à la protection de la santé [art. 21] 3 / Droit d'accès aux soins [art. 31] 4 / Droit à un environnement sain [art. 31] 5 / Droit à la couverture médicale (art. 31] 6 / Droit à la santé des personnes et catégories à besoins spécifiques [art. 34] 7 / Droit d'accès à des soins de qualité et à la continuité des prestations [art. 154] Pour permettre un meilleur accès aux soins à toute notre population, des efforts sont réalisés, des moyens importants sont consentis, mais beaucoup de défis restent à relever dont la réduction des disparités entre le milieu rural et urbain, la pénurie des ressources humaines dans le secteur, et la généralisation de la couverture médicale universelle à de nouvelles franges sociales. Parmi les défis à relever, il y a ceux qui sont liés au financement du système de santé, au déficit en personnel, la répartition inéquitable sur l'ensemble du territoire, le prix élevé des médicaments comparativement à certains pays et la réglementation et l'optimisation de la contribution du secteur privé. Le Financement de la santé : Le nerf de la guerre Les diverses difficultés et dysfonctionnements auxquels est confronté le secteur de la santé peuvent se résumer à deux ponts essentiels, c'est un problème de sous financement et de sous effectif. Concernant le financement de la santé, le secteur ne bénéficie que de 5,3% du budget de l'Etat (contre 7,9% en Tunisie par exemple). Quant aux dépenses de santé des ménages, elles oscillent entre 53 et 57% contre 40% Tunisie et 15 % seulement en Jordanie. La part de la santé dans le PIB s'élève à 6,2% contre 7,2% en Tunisie et 8,1% en Jordanie. La capacité litière des structures hospitalières est encore très faible au Maroc. la capacité litière des structures hospitalières est encore très faible au Maroc, on note qu'il y a 1 lit pour 1.000 habitants et 1 médecin pour 12.000 habitants, 1 infirmier pour 1.000 habitants. Le Régime d'assistance médicale (RAMED) le professeur Houssein Louardi membre du bureau politique du PPS et ministre de la santé, a tenu à rappeler que grâce à la sollicitude royale sans cesse renouvelée pour le secteur de la santé et à la bienveillance dont Sa Majesté le Roi Mohammed VI entoure personnellement tous les citoyens, le RAMED a pu voir le jour. Un projet social voulu par le Roi pour son peuple, une action sociale d'une portée immense au service de 8,5 millions de personnes issues des familles défavorisées et en situation de précarité, soit plus de 28% de Marocaines et de Marocains. Ces citoyens peuvent désormais bénéficier pleinement de toutes les prestations offertes au niveau des hôpitaux, des centres de santé et des maisons d'accouchements. Toutes les consultations de médecine générale, des interventions chirurgicales, des greffes d'organes, des produits médicamenteux, de certaines prothèses, des pochettes de sang, des soins et de la chirurgie dentaire et ophtalmologique... Des acquis à consolider Les principaux acquis dans le secteur de la santé se rapportent à la maîtrise et l'accompagnement des transitions démographiques et épidémiologiques. La première est appréciée à travers 2 indicateurs : le taux d'accroissement démographique qui, en 50 ans, a connu une baisse considérable passant de 2.58 en 1960 à 1.05%, au même titre d'ailleurs que le taux de fécondité qui est passé durant la même période de 7 enfants à 2.2 enfants par femme. Ces deux indicateurs nous montrent bien que le Maroc a achevé sa transition démographique, ce qui, d'un côté, lui permet de maîtriser son développement ainsi que sa planification territoriale, mais l'expose par ailleurs à de nouveaux défis en rapport avec la transformation de la pyramide des âges et la forte urbanisation. Quant à la deuxième transition, elle est de nature sanitaire et épidémiologique et s'est traduit par un gain de 28 ans en espérance de vie. L'autre acquis considérable du Maroc en matière de santé se rapporte à l'accélération de la réduction de la mortalité maternelle. Le ministère de la santé livre une rude bataille contre la mortalité maternelle et infantile. L'objectif fixé est de réduire la mortalité maternelle de 112 à 50 décès pour 100.000 naissances vivantes et la mortalité néonatale de 19 à 12 décès pour 1.000 naissances vivantes à l'horizon 2016. Quant à la mortalité infanto-juvénile, le ministère de la santé souhaite parvenir à 20 décès pour 1.000 naissances vivantes. Le ministère de la santé a pris toutes les mesures pour permettre aux femmes enceintes de pouvoir accoucher dans de très bonnes conditions de sécurité pour elle et pour leur nouveau- né que se soit en milieu urbain ou en milieu rural et afin de réduire les iniquités existantes et les taux de mortalité infantile et maternelle, le ministère de la santé a élaboré un plan quinquennal (2012-2016) très ambitieux dont le but est d'atteindre 90% de couverture en consultation prénatale (CPN) et 90% d'accouchements en milieu surveillé. Le ministre a rappelé que le ministère de la santé prend en charge la totalité des prestations, c'est-à-dire la gratuité totale des accouchements et de toutes les prestations dont bénéficient les femmes enceintes, même en cas de complications graves nécessitant de gros moyens, le ministère de la santé se charge de tout gratuitement. L'importance de cet acquis c'est qu'il soit lié au développement et aux droits humains puisqu'il est question des objectifs 4 et 5 du millénaire pour le développement et dont le compte à rebours s'arrête en 2015. Dialogue social : Concernant certaines revendications présentées par les centrales syndicales les plus représentatives du secteur de la santé , le ministre a tenu a rappeler que les négociations sereines et responsables ont pu aboutir à des résultats satisfaisants, beaucoup de points sont positifs , d'autres connaissent un développement encourageant et des avancées certaines 1 / Le passage au système LMD (licence, master, doctorat) dès la prochaine année scolaire, le décret relatif à ce système est dans sa phase finale après avoir été signé par le ministre de la Santé, ainsi que le ministre de l'Enseignement supérieur; 2 / terminer la rédaction du projet de décret portant modification du statut des infirmières pour activer deux points principaux: premièrement intégration des diplômés des instituts de formation aux carrières de santé du 1er degré à l'échelle 10 au lieu et place de l'échelle 9 3 / Il a été aussi convenu de régler le problème de l'octroi des indemnités de responsabilité rétroactive (depuis 2007) pour les chefs des services, des infirmières responsables des services, des chefs de départements, un problème qui était en suspend depuis plusieurs années. 4/ présence de trois projets de loi d'intérêt à réglementer la profession infirmière dans le cadre de l'approbation après avoir été envoyé au secrétariat du gouvernement, à savoir: - Un projet de loi à exercer des professions de soins infirmiers - Un projet de loi pour l'exercice de la profession de sage-femme, de kinésithérapeute et de réadaptation fonctionnelle et celui des techniciens de radiologie et de laboratoire ... Enfin la mise en place de la fondation Hassan II des œuvres sociales pour les professionnels de la santé. Les urgences : un chantier prioritaire La restructuration des services des urgences est en marche. Tout est conforme à la voie tracée par le ministre de la Santé telle que prévu par le nouveau plan national de prise en charge des urgences médicales qui avait été lancé par SM le roi Mohammed VI à Fès le 5 février 2013 , Le ministère de la Santé a procédé à la mise en place de 80 unités de médecine d'urgence de proximité (30 pour l'année 2013) qui devront profiter aux habitants des zones rurales là où il n'y avait auparavant. Dans ce même ordre d'idées, le ministère a lancé 20 unités de SAMU obstétrical rural destinés à lutter contre la mortalité maternelle et infantile et à participer à la maternité sans risque. Le département de la Santé a acquis à cet effet 55 ambulances et 6 hôpitaux mobiles qui apporteront une aide précieuse aux habitants des zones difficiles d'accès. En second lieu, il s'agit de développer, d'équiper et de restructurer les différents pôles d'urgences spécialisés, qui accueilleront plus de 6 millions de Marocains. A Marrakech, il y a la construction d'un trauma-center et un autre au niveau de l'hôpital Ibn Rochd de Casablanca. Ce sont des structures modernes, bien équipées. Le ministère de la Santé dispose aussi, et ce pour la première fois, d'un hélicoptère ambulance, qui est déjà opérationnel et qui a déjà réalisé plus de 30 opérations , dont l'une a permis de greffer la main d'un patient transporté de Taroudant à Marrakech et deux transplantation rénales une à Casablanca et l'autre à Marrakech. Dans le même ordre d'idée le professeur Louardi a insisté sur les améliorations que son département initie concernant l'amélioration du fonctionnement des SAMU tant en ce qui concerne les effectifs, leur formation, les médicaments, les équipements, la technologie et le renforcement par 15 SMUR (normalisation des ambulances). Normalisation et modernisation des services de réanimation. Développement de pôles d'urgences spécialisées brûlés, psychiatrie, néonatalogie, trauma center. La pénurie des ressources humaines Une des explications de la difficulté d'accès aux soins se rapporte au déficit en ressources humaines que connaît le Maroc et ce quel que soit l'indicateur utilisé. C'est un déficit aigu puisque nous disposons de moins de 2.3 professionnels de santé par mille habitants, nous avons besoin de près de 9000 infirmiers et 7000 médecins. Nous disposons de 3.1 lits/médecin Contre 1.6 [OCDE] et de 1.3 lit/infirmier contre 0.75 lit l'OCDE. Aussi bien notre densité médicale que nos ratios de lits par médecin et par paramédicale ne répondent pas aux normes minimales. Malgré le dédoublement des effectifs des infirmiers en formation dans les IFCS et l'avènement de l'Initiative 3300 médecins à l'horizon 2020, notre capacité de recrutement reste limitée, à peine 2.000 poste / an. Et c'est malheureusement les zones éloignées et le milieu rural qui en pâtit. Les solutions apportées jusqu'à présent ne permettent pas de relever ce défi. L'OMS classe le Maroc au 57 rang des pays qui souffrent d'une pénurie aigue en personnel de santé Concernant le volet relatif à la bonne gouvernance, le ministère procède à des appels à candidatures , les nominations aux différents postes de responsabilités se font sur la base d'un contrat programme, des capacités de chaque candidat et de certains critères que retiendra la commission chargée de ce dossier et ce dans la plus grande transparence. La méritocratie prévaudra en vue de démocratiser l'accès aux postes de décisions. Prix des médicaments Concernant la politique du médicament et plus particulièrement le dossier qui a fait couler beaucoup d'encre, celui de la baisse des prix de certains médicaments, le ministre de la santé a tenu à rappeler que le prix des médicaments n'est qu'un petit aspect de la problématique de la politique du médicament. Pour permettre un accès aux médicaments il faut absolument maintenir les prix des médicaments à des niveaux compatibles avec le pouvoir d'achat des citoyens. A ce sujet le professeur Louardi est catégorique, les médicaments dont les prix sont anormalement élevés ou dont les prix sont aberrent, connaitront une révision à la baisse et ce conformément aux textes de loi en vigueur. Nous avons déjà procédé à une première baisse des prix de certains médicaments (320 produits) d'autres produits sont concernés, nous réaliseront ce travail en collaboration avec tous nos partenaires (prescripteurs -industrie pharmaceutique répartiteurs, pharmaciens d'officine...). Le ministre de la santé a salué à cette occasion l'esprit de citoyenneté et de responsabilité de toutes les parties (industrie pharmaceutique-grossisterie -pharmaciens...) en vue de trouver une solution consensuelle à la réduction des prix des médicaments qui prend en compte le pouvoir d'achat des citoyens mais également en assurant une marge de bénéfice garantissant l'équilibre financier des pharmacies. Le médicament générique va être encouragé afin de faciliter l'accès aux traitements et notamment dans les pathologies chroniques ou lourdes. Les génériques constituent une voie incontournable pour faciliter l'accès aux soins pour la population, notamment pour les plus démunis Autre préoccupation concernant le médicament, c'est celle relative au volet réglementaire, législatif, il s'agit de la révision de la loi réglementant les prix des médicaments en vigueur depuis 1969 et qui est aujourd'hui totalement dépassée. Sue ce point et tous les autres concernant les médicaments le ministre s'est dit être à l'écoute de tous les acteurs qui participent à la politique du médicament dans notre pays. A la fin de son exposé au cours duquel le ministre de la santé, le camarade Houcine Louardi a dressé de manière spontanée, claire, transparente et sans ombrage les moindres petits détails de tous les chantiers réalisés et totalement achevés, ceux qui sont en cours, et les autres qui verront le jour dans un avenir proche, un débat constructif s'en est suivi et nombreux ont été les intervenants qui ont pu poser des questions pertinentes relatives entre autre à la loi 10-94 et qui a valu une réponse claire , sans ombrage de la part du ministre de la santé , ce fut aussi le cas pour la question relative au conseil national de l'ordre des médecins. Le partenariat public – privé a aussi été au centre des débats de cette conférence et a suscité lui aussi des interrogations. Cette conférence débat n'a pris fin qu'à 2 heure du matin. Ce qui a retenu l'attention de toute l'assistance est sans aucun doute le franc-parler du professeur Louardi qui a reconnu que tout n'est pas parfait , que des défaillances existent, ce qui n'enlève en rien au mérite de ceux qui l'ont précédé à la tête de ce département , ni aux actions qui sont aujourd'hui entreprises par l'ensembles des professionnels de la santé du secteur public et du secteur privé pour rendre plus performant , plus juste , plus équitable notre système de santé.