Ahmed Boulane, le réalisateur rebelle en interview Quel est votre rituel pendant le mois de ramadan ? Ramadan est une période de paix intérieure pour moi. Elle me rapproche de Dieu tout comme de ma famille. Généralement, je ne travaille pas au mois de ramadan. Donc j'en profite pour aller rendre visite à mes enfants à Londres. Je me repose, mais je n'oublie pas la lecture. C'est un besoin. Je trouve un réel plaisir quand je lis. Quel est votre plat indispensable sur la table du ftour ? Euh... personnellement je ne fais pas ramadan. Certains vont me reprocher cela surement. Je pense que c'est un rapport avec Dieu et non avec autrui. Mais juste pour mettre ça au clair, je suis malade et rares sont les gens qui le savent voilà. Sinon je suis interdit de manger tout aliment gras. Je fais un régime, un peu dur, mais c'est la santé qui passe en premier. Quel regard portez-vous sur les émissions des nos télévisions durant ce mois sacré ? Honnêtement, je pense qu'il y'a beaucoup d'émissions qui ne devraient même pas être diffusées. Ramadan c'est un mois de piété. Il faut respecter cela et mettre en valeur des choses qui pourraient vraiment être utiles aux gens et non des banalités. C'est pour cela que j'évite au maximum de regarder les programmes télé parce que ça ne me plait pas. On dirait que ces émissions ont pour objectif de pousser les gens à rester au même niveau culturel, si ce n'est pas les amoindrir. Je pense que les marocains valent mieux. Beaucoup de spectateurs partagent sans doute mon avis, mais rares sont ceux qui le déclarent aux medias. Moi j'ose le dire et par-dessus tout à haute voix. Quelles nouveautés chez Ahmed Boulane ? Actuellement, je suis en période de lecture, de tri pour des scenarios et surtout en repos. Certains avancent que votre cote est en dégringolade ces derniers temps. Que leur répondrez-vous ? Je leurs dis merci. Cela prouve que j'existe toujours. Bio-express Ahmed Boulane est un réalisateur marocain, né le 4 décembre 1956 à Salé. Considéré comme "l'enfant terrible du cinéma marocain" pour ses frasques auprès des journalistes et de ses confrères réalisateurs, il est pourtant considéré comme un des réalisateurs marocains les plus doués, même si sa venue à la réalisation fut tardive. Après un passage à la télévision marocaine et un séjour en Italie, il revint au Maroc où il travailla pendant 25 ans dans tous les postes du cinéma: acteur, régisseur, directeur de casting, assistant réalisateur dans une cinquantaine de longs-métrages pour les plus grands : Giuliano Montaldo, Carlo Di Palma, Alan J. Pakula, Philippe de Broca, Jean Delannoy, John Landis, etc. Son premier court-métrage, Voyage dans le passé, fut un coup de tonnerre au Maroc : il reçut le prestigieux prix du Vatican et lui permit de réaliser son rêve : un long métrage. Son premier long métrage, Ali, Rabiaa et les autres... fut retiré des salles de cinéma quelques jours après sa sortie, sans explications. Il entra directement dans la catégorie des films cultes marocains. Il remporta plusieurs prix internationaux et donna à Ahmed Boulane une crédibilité immédiate. Son deuxième long métrage, Les Anges de Satan, traita d'un scandale qui secoua l'opinion marocaine en 2003 : l'affaire des rockers satanistes. Le film, malgré un tournage mouvementé (des autorisations de tournages refusées au dernier moment malgré les promesses), sorti finalement la même semaine que le film 300, devint le premier au box-office de 2007 au Maroc, devançant des films comme Harry Potter. Il reçut le prix de la meilleure musique au Festival International de Tanger, le Prix du Jury au Avanca International Film Festival au Portugal et deux Mentions Speciales au Festival de Goa. Le dernier film d'Ahmed Boulane, Le Retour du Fils est un projet qui a pris 10 ans avant sa réalisation. Il est sorti sur les écrans en Avril 2012.