Les anciens abattoirs de Casablanca se sont transformés, samedi 16 octobre, en un véritable plateau cinématographique où acteurs, actrices, figurants et équipe technique se sont donné rendez-vous au service de la nouvelle expérience du réalisateur marocain Ahmed Boulane. En effet, le cinéaste est en train de tourner son dernier opus «Le retour du fils». Un long-métrage qui sortira dans les salles en 2011 et qui a nécessité un budget de 6 millions de dirhams, dont 3,8 millions ont été attribués par le Fonds d'aide au soutien cinématographique du CCM en tant qu'avance sur recettes. Le film dont le tournage a eu lieu à Casablanca, Marrakech, Ifrane et Skhour Rhamna, est en fait un mélodrame en dialecte marocain (et en français) qui traite d'un sujet au goût du jour et continue de faire bien des vagues : l'identité. «C'est l'histoire d'un jeune homme issu d'un mariage mixte qui décide de renter au Maroc après 15 ans vécus en France. Il découvre donc une société différente de la sienne, un père qu'il n'a jamais connu... C'est une histoire basée sur des faits réels», nous confie Ahmed Boulane, pourtant très occupé par le tournage d'une scène simple, mais qui aura besoin de deux bonnes heures pour sa réalisation. Le héros du film, Younès Megri, en pleine soirée dansante, salue quelques amis avant de rencontrer Emmanuelle Jeser qui campe le rôle de sa femme. En assistant à cette scène, on comprend qu'un tournage ne va pas de soi ! Le moindre détail a son importance, chose qui explique la répétition incessante de la scène jusqu'à ce que le réalisateur parvienne au résultat escompté. Une fois la scène bouclée, on passe à une autre, qui prendra aussi le temps qu'il faudra. Dans l'intervalle, les accessoiristes n'arrêtent pas, notamment la maquilleuse, qui, entre deux prises, doit faire des retouches pour éviter des surprises à l'éclairage. «Pas de pause dîner, si on ne boucle pas cette scène», n'a cessé de répéter Ahmed Boulane qui mène son équipe (composée de bon nombre d'étrangers) d'une main de maître. Une équipe, il faut bien le préciser, ne serait rien sans la collaboration de la script, du directeur photo, du responsable son, des caméramen et de bien d'autres. Plateau métissé Outre Younès Megri, dont la réputation n'est plus à faire, ce film regroupe un aréopage d'acteurs marocains et étrangers. Il s'agit, entre autres, de Rachid Fekkak, qu'on n'a pas vu depuis longtemps sur le grand écran, Malika El Omari, figure emblématique du théâtre national, Emmanuelle Jeser, Warren Guetta (qui joue le rôle du fils) ou encore Ahmed Maânouni, le réalisateur du grand succès «Lhal». Un plateau métissé qui met tout en œuvre pour réussir le troisième long métrage d'Ahmed Boulane. «Le sujet m'a beaucoup intéressé. Il y a beaucoup de familles qui souffrent de ce problème, avec tellement de divorces et tellement d'enfants ne sachant à quel saint se vouer...», explique Younès Megri que l'on peut considérer comme l'acteur fétiche d'Ahmed Boulane. L'acteur a participé aux deux premiers longs métrage du réalisateur «Ali, Rabia et les autres» et «Les anges de Satan». «Il y a une certaine complicité avec Ahmed Boulane. Une complicité qui ne fait que nous faciliter la tâche lors du tournage», confirme Younès Megri. Par ailleurs, le thème abordé cette fois-ci par Ahmed Boulane est assez éculé, puisque bon nombre de cinéastes, notamment Latif Lahlou (La grande villa), ont déjà traité le même sujet. Mais Boulane, compte adopter un autre point de vue que celui de ses collègues. Point de vue qui sera certainement original et qui donnera une autre vision, un autre éclairage sur ce sujet. «Vous savez, je ne fais pas un film sur le mariage mixte. C'est juste un prétexte pour aborder le problème de l'identité. Un problème que j'ai vécu moi-même puisque j'ai deux enfants issus d'un mariage mixte. Mais attention, il ne s'agit point d'un film autobiographique !», tient à préciser «l'enfant terrible du cinéma marocain», comme certains préfèrent l'appeler.