Mise à l'écart de Mohamed Morsi en Egypte Bien que ce soit l'armée qui ait pris la décision de renverser, mercredi soir, le président égyptien, Mohamed Morsi, les réactions internationales ont pour l'essentiel évité de parler d'un «coup d'Etat». Si aucun pays, à part la Turquie, n'a ouvertement condamné le changement intervenu mercredi soir au Caire, la majorité des pays occidentaux et ceux de la région proche et moyen-orientale, l'ont soutenu à demi-mots. La Syrie est le seul pays qui a clairement jubilé à l'annonce de la chute de Mohamed Morsi à la faveur d'un large mouvement de contestation populaire. Après avoir exprimé sa profonde inquiétude face à cette nouvelle donne, le président américain Barack Obama a appelé «le pouvoir militaire égyptien à rendre toute l'autorité rapidement et de manière responsable à un gouvernement civil démocratiquement élu selon un processus ouvert et transparent». Les Britanniques, par la voix du chef du Foreign office, William Hague, ont annoncé, eux, qu'ils sont prêts à coopérer avec le nouveau pouvoir. Hague a certes estimé que le renversement de Morsi était un «dangereux précédent», mais «nous devons comprendre que cette intervention est populaire», a-t-il ajouté. Saoudiens, Qataris, Jordaniens, et même Syriens et Iraniens n'ont pas vu d'un mauvais œil la fin de l'éphémère expérience pilotée par Mohamed Morsi Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a demandé jeudi qu'«un gouvernement civil, reflétant les aspirations du peuple, soit remis en place aussi vite que possible». Il a estimé qu'une solution devait unir l'ensemble des forces politiques. Ce qui correspond presque à la position de la Chine, qui dit «respecter le choix du peuple égyptien», tout en conseillant le dialogue et la réconciliation. En réponse à cette «compréhension» internationale, l'armée égyptienne n'a pas tardé à remettre le pouvoir à un président intérimaire, le juge Adyl Mansour. Si ce dernier est quasiment inconnu sur la scène politique locale, il semblerait qu'il sera secondé dans ses fonctions exécutives par l'icône de la place Tahrir, le prix Nobel de la paix Mohamed El Baradei (71 ans), plus connu en tant qu'ancien directeur général de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA). Selon plusieurs sources militaires et diplomatiques, le chef de file du Front de salut national (FSN), qui rassemble libéraux, laïcs et militants de gauche, serait pressenti pour être le Premier ministre du prochain gouvernement de transition. «Il est notre premier choix», a indiqué une source proche de l'état-major de l'armée égyptienne. «El Baradei est une figure internationale, il est populaire auprès des jeunes et croit en une démocratie qui inclurait toutes les forces politiques. Il est aussi populaire auprès de certains groupes islamistes», ajoute la même source. Dans sa première déclaration après son investiture, le nouveau président intérimaire, à salué hier «le peuple égyptien qui a rectifié, le 30 juin (jour des plus fortes manifestations anti-Morsi), le cours de sa glorieuse révolution», lancée en 2011 contre le régime de Hosni Moubarak. Malgré le mandat d'arrêt lancé contre le chef des Frères musulmans, Mohamed Badie, et son adjoint Khairat el-Shater, accusés par le ministère de la Justice «d'incitation à la violence», le nouveau président égyptiens s'est dit, hier, prêt à coopérer avec la mouvance islamiste. Le Maroc souligne la nécessité de préserver l'unité nationale de l'Egypte Le Maroc a souligné, mercredi, la nécessité de préserver l'unité nationale de l'Egypte et la sécurité de son peuple. «Le Royaume du Maroc a suivi avec une grande préoccupation et un grand intérêt les derniers événements en république égyptienne sœur», indique le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération dans un communiqué. «Le Royaume du Maroc, ayant pris connaissance des décisions prises mercredi 3 juillet 2013 par l'institution militaire égyptienne et de la feuille de route au sujet de la période transitoire, souligne la nécessité de préserver l'unité nationale de ce pays authentique, la sécurité de son peuple, sa stabilité et sa quiétude et de réaliser ses aspirations légitimes dans le cadre des principes de la liberté et de la démocratie», ajoute la même source.