Le procureur général d'Egypte, Talaat Ibrahim Abdallah, a ordonné mardi à la police et à l'armée d'arrêter les membres du Bloc noir, un groupe qui prône une opposition radicale aux Frères musulmans dont est issu le président Mohamed Morsi. L'une des figures de proue de la principale coalition de l'opposition égyptienne, Mohamed El Baradei, a appelé mercredi à une réunion d'urgence avec le président Mohamed Morsi pour tenter de résoudre la crise que traverse le pays. Des centaines de membres du Bloc, reconnaissables à leurs vêtements noirs, ont participé aux manifestations violentes des derniers jours, au cours desquelles 52 personnes ont trouvé la mort, et ont fréquemment affronté la police. L'armée égyptienne a mis en garde mardi contre les risques d'effondrement de l'Etat alors que des manifestants ont défié le couvre-feu imposé par le président Morsi à Suez, Ismaïlia et Port-Saïd, trois villes situées le long du canal de Suez. Le Bloc noir, dont le slogan est «le chaos contre l'injustice», se manifeste uniquement par une page Facebook, suivie par 29.000 personnes, sur laquelle le premier message date du 21 janvier. Des habitants d'Ismaïlia ont rapporté que des hommes habillés en noir avaient incendié le siège des Frères musulmans dans la ville, une information qui n'a pas pu être vérifiée. Le procureur général a accusé l'organisation de constituer un «groupe organisé qui participe à des actions terroristes (et commet) des crimes qui affectent la sécurité nationale». On rapporte de source proche des services de sécurité que 170 manifestants habillés en noir ont été arrêtés depuis samedi, mais qu'il n'est pas certain que tous soient liés au groupe. Le Bloc noir s'inspire semble-t-il de la tactique éponyme élaborée en Europe par des militants antimondialisation, qui forment des regroupements éphémères lors de manifestations pour ne laisser aucune prise aux forces de l'ordre. El Baradei appelle à une réunion d'urgence avec le pouvoir L'une des figures de proue de la principale coalition de l'opposition égyptienne, Mohamed El Baradei, a appelé mercredi à une réunion d'urgence avec le président Mohamed Morsi pour tenter de résoudre la crise que traverse le pays. «Nous avons besoin immédiatement d'une réunion entre le président, les ministres de la Défense et de l'Intérieur, le parti au pouvoir, le courant salafiste et le Front du salut (national, FSN) pour prendre des mesures urgentes afin de mettre fin à la violence et entamer un dialogue sérieux», a dit dans un tweet M. El Baradei, coordinateur du FSN. Le président Morsi avait appelé les représentants de l'opposition comme les partis islamistes le soutenant à un dialogue national lundi. Le Front du salut national l'avait rejeté en le qualifiant de «vide de sens» et «de façade». Le Front, qui a appelé à manifester à travers l'Egypte vendredi, réclame notamment que le président assume la responsabilité des violences meurtrières de ces derniers jours et la formation d'un gouvernement d'union nationale. Le FSN a indiqué mercredi dans un communiqué que certains de ses dirigeants allaient se réunir dans la journée avec des représentants du principal parti salafiste, Al-Nour, en réponse à une invitation de cette formation islamiste ultraconservatrice à discuter de «la détérioration de la situation». L'Egypte connaît depuis jeudi soir des violences qui ont fait plus de 50 morts, en très grande majorité à Port-Saïd (nord-est). Les affrontements dans cette ville ont commencé samedi après la condamnation à mort de 21 supporteurs de football.