Au cours des dernières années, les grandes puissances ne cessent de «courtiser» l'Afrique. Outre l'intérêt accordé pour ce continent par les anciennes puissances coloniales, de nouvelles puissances entrent en jeu en déployant des stratégies de pénétration sur le continent, la Chine et le Japon ne sont pas des moindres. Il faut dire que derrière cet intérêt, ses cachent des enjeux économiques considérables. Le continent recèle des richesses en ressources naturelles considérables : réserves colossales de pétrole, de gaz et de minéraux. Il dispose d'un potentiel de croissance énorme et constitue un marché de 800 millions de consommateurs aujourd'hui et 1300 millions à l'horizon 2030, faisant du continent le troisième marché mondial après l'Asie et l'Amérique ! C'est dans ce contexte que notre pays, aux racines africaines faut-il le rappeler, cherche à se positionner sur le continent en nouant des relations aussi diversifiées que possible avec les différents pays avec lesquels il a signé des accords commerciaux en mettant à contribution à la fois le secteur public et le secteur privé. Les premiers résultats sont encourageants : en 10 ans, entre 2000 et 2010, nos échanges commerciaux avec l'Afrique subsaharienne ont été multipliés par plus de trois, passant respectivement de 3,6 milliards DH à 11,7 milliards DH. Fait rarissime, nous enregistrons une balance commerciale largement excédentaire (avec un excédent de 2,7 milliards DH en 2010) et un taux de couverture de 160%. Chiffre à comparer avec le taux de couverture de 48 % au niveau de notre commerce extérieur global ! Il faut souligner que nous ne sommes qu'au début et il y aura mieux à faire à l'avenir. Nous sommes loin de bénéficier de toutes les opportunités que nous offre le continent. Nos échanges restent concentrés sur un nombre réduit de produits et de pays. A titre d'exemple, 50% de nos achats du continent proviennent de l'Afrique du Sud et plus de 60% sont constitués de combustibles. En revanche, nos ventes sur le continent sont relativement diversifiées tant par produits (produits alimentaires, produits chimiques, machines et matériel de transport) que par pays (une dizaine de pays absorbent 60 % de nos exportations). Le Maroc a des atouts sérieux par rapport à ses concurrents : le fait qu'il soit considéré de la «famille» le met dans une position confortable. Il n'est pas vu comme un conquérant mais plutôt comme un partenaire crédible qui cherche à introduire de nouvelles pratiques dans les relations Sud-Sud. La présence à Marrakech la semaine dernière à l'occasion de l'assemblée annuelle de la BAD (Banque africaine pour le développement) d'une pléiade de responsables de premier plan est une marque de confiance dont bénéficie le Maroc sur le continent. Nous devrions renforcer cette dynamique par des échanges multiples qui ne se limiteraient pas au «business» pour embrasser les champs cultuel, scientifique et humain. Aussi, il conviendrait, tout en procédant au renouvellement du cadre juridique de nos relations bilatérales et multilatérales, de renforcer les joint-ventures avec les partenaires africains dans une perspective «win-win» (gagnant-gagnant) et jeter les bases durables pour un co-développement. *Membre du Bureau Politique du PPS et Professeur à la FSJES Rabat Agdal