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« Une nouvelle génération de champions à l'export est née »
Publié dans Le Soir Echos le 19 - 12 - 2011

Directeur général de Maroc Export, Saâd Benabdellah revient sur le bilan de la cinquième Caravane africaine et sur tout ce qui reste encore à faire pour mieux positionner les produits et services made in Morocco dans un continent que s'arrachent les grandes puissances économiques, tout comme les pays émergents aujourd'hui.
Avec plus de 1 700 rendez-vous réalisés entre opérateurs marocains et locaux, la cinquième édition de la Caravane africaine de l'Export (11-17 décembre) aura été une belle réussite. Si le Maroc y a consolidé sa présence dans des pays comme le Sénégal et la Côte d'Ivoire, ce périple a également été l'occasion de prospecter la Guinée Conakry et le Congo Brazzaville, deux pays aux richesses inestimables mais où tout reste à faire. Une chose est sûre: le potentiel est réel et à portée de main. « Et tous les secteurs présents ont eu leurs contacts », nous apprend Saâd Benabdellah, directeur général de Maroc Export et initiateur de cette opération, dont le budget a été de 8 millions de DH. Pour lui, l'enjeu aujourd'hui est d'aller plus en avant, de revoir et mettre à jour le cadre juridique liant le Maroc à ces pays et d'élargir les partenariats entamés, sur l'Afrique comme avec des partenaires européens, entre autres. Explications.
Une semaine et quatre pays après la cinquième Caravane africaine de l'Export. Quelle évaluation en faites-vous aujourd'hui ?
Nous avons recensé 1 750 rendrez-vous entre opérateurs marocains et locaux. Chacune des entreprises présentes a eu en moyenne entre 16 et 18 rendez-vous. L'appréciation générale est que les opérateurs sont très optimistes. Pour chaque pays, il y a toujours des secteurs locomotives. Pour le Sénégal, c'est le secteur électrique et l'agroalimentaire. Pour la Guinée, c'est l'agroalimentaire et les BTP. Pour la Côté d'Ivoire, c'est la santé, les nouvelles technologies et les Finances. Et pour le Congo, ce sont les BTP, les finances et l'énergie. Tous les secteurs représentés ont pu bénéficier de contacts à la fin de la semaine. Il s'agit maintenant de voir comment aller au-delà. Il faudrait que ce genre d'activités s'inscrive dans la durée. Il faut aussi pérenniser la logique consistant à suivre de près les marchés dans lesquels nous sommes déjà présents, ce que nous avons fait avec le Sénégal et la Côte d'Ivoire, mais aussi à prospecter d'autres marchés comme nous l'avons fait avec le Congo Brazzaville et la Guinée Conakry.
«Cette semaine nous a démontré qu'il y a une prédisposition de tous les pays que nous avons visités à faciliter la pénétration des entreprises marocaines».
La moyenne d'âge des opérateurs marocains présents est de 38 ans. Quels enseignements doit-on en tirer ?
C'est pour nous un élément d'assurance par rapport à notre démarche, et c'est une des particularités de cette caravane. Sans prétention aucune, j'affirmerais qu'il y a aujourd'hui une nouvelle génération de champions marocains à l'export à l'échelle africaine. Nous avons une vision et, grâce à cette nouvelle génération, nous sommes en train de la matérialiser.
Vous le dites vous-même, une lecture commerciale ne saurait suffire…
Il y a évidemment la lecture politique et économique que nous devons faire de cette caravane. Cette semaine nous a démontré qu'il y a une prédisposition de tous les pays que nous avons visités à faciliter la pénétration des entreprises marocaines. Il y a également la cadre, celui de la coopération sud-sud. Mon constat est que ce cadre est performant, ou peut l'être, tout simplement parce que le marché existe. Il y a certes une forte concurrence. Mais c'est à nous de réussir le challenge d'opérer un fine tuning entre la politique commerciale et les enjeux de développement. D'où toute l'importance de s'inscrire avec ces pays-là dans une logique, non pas du moment, mais de pérennité et de longue durée. En travaillant entre nous, nous pouvons aussi ouvrir d'autres marchés dans la région. À travers des pays comme le Congo, c'est par exemple toute l'Afrique centrale qui s'ouvre à nous.
De nombreux responsables des pays visités ont appelé à l'activation et la mise à jour des cadres commerciaux les liant avec le Maroc, notamment le tant attendu accord avec la zone UEMOA. Quelles actions faudrait-il envisager dans ce sens ?
Il y a des accords qui sont opérationnels et puis il y a d'autres qui ne fonctionnent toujours pas. Prenons l'exemple la Guinée Conakry. Le Maroc est le seul pays avec lequel la Guinée a un accord commercial préférentiel. Mais tout est de savoir si nous exploitons cet avantage. Il y a aussi des accords régionaux à conclure. Je pense justement à l'accord commercial entre le Maroc et la région UEMOA, le moyen idoine pour faciliter l'accès à toute la région. Il y a aussi des accords qui existent entre le Maroc et certains pays d'Afrique, mais qui datent des années 1970 et 1980. Une mise à jour s'impose afin d'intégrer les nouvelles attentes.
Dans votre démarche, vous vous concentrez sur certains pays, notamment de l'Afrique francophone, au détriment de bien d'autres. Comment expliquez-vous cela ?
Notre approche se veut d'abord pragmatique, soit basée sur une convergence d'intérêts. Tous les pays que nous avons visités la semaine dernière ont une stratégie nationale. Et sans prétention aucune, le Maroc a développé un savoir-faire et une expertise dans ce domaine. Nous avons aussi à notre avantage la proximité culturelle et cultuelle mais aussi une connaissance de ces marchés. Quand on est homme d'affaires, on cherche avant tout à faire des affaires. Qu'est ce qui va pousser à croire dans un marché si ce n'est le retour sur investissement?
Mais nous ne cédons pas à la facilité pour autant. La Guinée est un pays hispanophone, l'Angola, dans lequel nous nous sommes rendus auparavant est un pays lusophone, le Ghana est un pays anglophone. Nous sommes en train de lancer une dynamique sur le court, moyen et long termes.
Et l'évaluation des quatre précédentes caravanes à laquelle nous avions procédé nous rassure par rapport au bien fondé de notre démarche. Un chiffre pour le dire, pour chaque dirham dépensé, nous avons eu un retour sur investissement équivalant à 233 DH. Le Quick win, nous l'avons eu sur le Sénégal, le Mali, le Gabon et la Côte d'Ivoire. Le retour à moyen terme, nous l'avons réalisé dans des pays comme le Ghana et l'Angola. Et d'autres réalisations sont en attente.
Maroc Export agit dans un contexte où le continent africain suscite les convoitises tant des grandes puissances économiques mondiales, comme la Chine et la France, que des pays émergents, comme le Brésil, l'Inde ou encore le Liban. Comment comptez-vous tirer notre épingle du jeu ?
Il y a des choses qu'on peut faire seuls, mais d'autres pour lesquelles il nous faut des partenaires. Et l'essentiel est que notre pays soit toujours mis en avant. Et nous pouvons travailler la main dans la main avec, par exemple, l'Europe pour aller sur d'autres régions. D'où toute l'importance à accorder à une coopération tripartrite ou multipartite. On ne peut pas être compétitifs sur tous les secteurs. Avec tout le CAC 40 français, qui est présent au Maroc, quelque 1 000 entreprises de ce pays opérant chez nous, notre proximité tous azimuts avec la France, nous pouvons faire bien des choses ensemble. La preuve, c'est que nous comptons dans notre délégation des groupes comme Renault et Lafarge. Il y a également le Royaume Uni avec lequel nous pouvons avancer dans des pays comme la Libye, sans oublier les Etats-Unis et l'Espagne.


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