Saâd Benabdellah, directeur général de Maroc Export, revient dans cet entretien sur la dernière tournée de la Caravane de l'export, en Afrique, et son impact sur les échanges commerciaux entre le Maroc et quatorze pays africains qui représentent désormais des relais certains pour le développement Sud-Sud. Depuis quelques mois, les chiffres du Maroc à l'export ont connu une croissance significative. Quel est le rôle des opérations comme les caravanes portées par Maroc Export ? Ces dernières années ont été marquées par la crise économique mondiale qui a légèrement pénalisé les exportations marocaines, même si – comme vous le précisez – le Maroc a pu rapidement surmonter cette situation grâce à la réactivité dont il a fait preuve, notamment à travers le lancement en 2009 de la stratégie nationale de promotion des exportations «Maroc Export Plus». Les indicateurs du commerce extérieur sont maintenant au vert : en avril 2011, les exportations marocaines ont connu une croissance d'une moyenne de 20 %. Dans le cadre donc de cette stratégie, la diversification des débouchés pour les entreprises marocaines est d'une importance capitale à un moment où l'accès aux marchés du Nord devient de plus en plus difficile en raison de la crise économique mais également en raison de la concurrence des multinationales surpuissantes. Les Caravanes de l'Export en Afrique, organisées depuis décembre 2009 par Maroc Export, répondent justement à cette logique de diversification des marchés qui a permis au Maroc d'atténuer les effets de la crise. Je précise que l'objectif principal de la caravane de l'Export en Afrique est de faire de la prospection et développer des partenariats gagnant-gagnant. La 4e caravane vient de s'achever. Comment s'est décidé le choix des pays ? Le choix des pays de la 4e caravane s'est décidé suivant une logique géographique et régionale intégrée et complémentaire. La première caravane a démarré en décembre 2009 dans les pays de l'UEMOA. Les prochaines ont parcouru les pays de la CEMAC, de la CEDEAO, puis la CEEAC à l'occasion de la 4e caravane. Je vous rappelle que le Maroc a entamé un processus d'accords de libre-échange avec la majorité de ces groupements économiques. La caravane nous permet, en effet, de préparer en amont la mise en place de ces accords sur le plan économique et commercial. Le choix de l'Angola est audacieux, dans la mesure où c'est un pays lusophone avec lequel nos échanges sont timides. Qu'attendiez-vous de cette étape ? L' Angola est un pays en mouvement, qui se développe à grande vitesse et dont le PIB national augmente de 12 à 15% en moyenne annuellement. L'Angola a lancé de grands chantiers énergétiques et d'infrastructures. C'est un pays qui présente un potentiel important pour des partenariats de développement économique et commercial entre opérateurs marocains et angolais. Et c'est la raison d'être de ces caravanes. En tout cas, le succès qu'à connu cette étape nous réconforte dans notre choix. En quoi cette édition est-elle différente des autres ? La particularité de cette 4e Caravane de l'Export réside dans la participation de secteurs nouveaux qui ont participé pour la première fois à cet événement ; il s'agit des secteurs du textile-habillement et des télécoms en plus d'une présence renforcée du secteur financier et celui de la coopération dans le domaine de l'enseignement. Parmi les nouveautés également, Maroc Export a mené une large campagne de communication dans les principales radios nationales, les principaux supports de presse des 4 pays concernés par cette caravane, de même qu'une campagne d'affichage urbain dans les principales artères des villes que nous allons parcourir. «Une moyenne de 200 hommes d'affaires sont venus à la rencontre de leurs homologues marocains, dans chaque pays. Résultat : 2 370 contacts ont été établis». Ceci nous a permis de communiquer sur l'arrivée des entreprises marocaines, de manière à informer, intéresser et mobiliser les entreprises des pays concernés pour venir à la rencontre de leurs homologues marocains. L'idée est d'organiser le maximum de rendez-vous en une semaine pour que les opérateurs qui nous accompagnent puissent capitaliser sur leur voyage avec des contrats ou des propositions de contrats. Nous faisons le nécessaire pour optimiser la matrice temps et coût. Avez-vous une idée des secteurs qui ont eu le plus de succès cette semaine ? Tous les secteurs qui ont été représentés à la 4e caravane ont connu un succès plus ou moins important selon le pays. Il faut dire que les 18 secteurs représentés, lors de cette caravane, sont porteurs d'opportunités. A titre d'exemple, le secteur BTP et celui des TIC ont eu beaucoup de succès au Ghana et au Togo, le secteur de l'énergie a été très sollicité en Angola, celui de la pharmacie au Bénin, sans oublier l'agroalimentaire qui était le secteur star des quatre étapes. Lors de ces quatre étapes, vous avez insisté sur la notion de partenariats, pensez-vous que le message ait été entendu ? Les caravanes de l'Export en Afrique s'inscrivent dans l'élan donné par les visites effectuées par SM le Roi Mohammed VI Que Dieu l'Assiste dans plusieurs pays de l'Afrique subsaharienne. Des visites qui ont insufflé une nouvelle dynamique aux excellentes relations qui lient le royaume et plusieurs pays de la région. Le secteur privé veut capitaliser sur cet avantage et développer le volet de la coopération économique dans une logique gagnant-gagnant. A chaque étape, nous avons mesuré l'intérêt réciproque pour développer ce partenariat. Dans chaque pays, la délégation marocaine a été reçue par plusieurs ministres, des audiences au plus haut niveau de l'Etat ont été accordées et une moyenne de 200 hommes d'affaires sont venus à la rencontre de leurs homologues marocains, dans chaque pays. Résultat : 2 370 contacts ont été établis. D'ailleurs, je voudrais profiter de l'occasion pour remercier le ministère des Affaires étrangères et de la Coopération pour sa précieuse contribution à la réussite de cet événement, de même que l'implication des Associations professionnelles. Quelle est la perception du Maroc dans les pays que nous avons visités ? L'Afrique subsaharienne est le prolongement géographique et stratégique pour notre pays. Elle est donc pour nous un partenaire incontournable, notamment sur le plan économique, et ce, à court, moyen et long termes.Le Maroc jouit d'une image positive et d'un capital sympathie très important auprès de nos voisins subsahariens. Sans oublier les relations diplomatiques excellentes du royaume avec ces pays. Des relations qui gagneraient toutefois à être consolidées, notamment du point de vue économique dans une logique de co-développement Sud-Sud. Dans ce sens, il y a lieu de développer et d'approfondir certaines idées qui nous permettraient de développer ce partenariat, notamment la création d'un «fonds d'investissement pour l'Afrique». Un fonds souverain dédié à accompagner les entreprises marocaines sur le continent pour qu'elles puissent avoir un levier supplémentaire. Cela nous permettrait notamment de confirmer notre positionnement en tant que hub pour un éventuel partenariat Sud-Sud / Nord. Quelle est la prochaine destination ? Avant de confirmer les prochaines étapes, nous entamons d'abord un travail d'évaluation des 4 caravanes déjà entreprises. Ce travail «d'Audit de performance», nous permettra de mesurer nos forces et faiblesses et de déterminer des axes d'amélioration. En tout cas, nous avons déjà visité 14 pays, à savoir : le Sénégal, le Mali, la Côte d'Ivoire, le Cameroun, la Guinée équatoriale, le Gabon, la Mauritanie, le Burkina Faso, la Gambie, la République démocratique du Congo, le Ghana, le Togo, le Bénin et l'Angola. Lors de la 5e caravane programmée pour le mois de décembre prochain, nous comptons revenir dans deux pays déjà visités et où l'on a identifié un réel potentiel à court et moyen termes, en plus de deux nouveaux pays.