De l'amour des créateurs... C'est une éthique. C'est un devoir. Bref, il faudrait penser aux créateurs tout le temps. Car, ce sont les anges de cette terre, les gardiens de la paix, les amis de la beauté et les militants pour le bien de nos sociétés. Dans cette optique, un hommage a été rendu, vendredi soir à l'institut supérieur des médias et communication de Rahal El Meskini à Casablanca, à l'un des piliers du théâtre national, un intellectuel et un homme de lettres qui a consacré sa carrière à l'art et à la création. Un beau geste, en fait, en présence d'une pléiade d'artistes, critiques de théâtre, étudiants et corps professoral de l'institut, en signe de reconnaissance et gratitude envers ce symbole. Avec une écriture théâtrale très unique, poétique et une vision philosophique profonde, le dramaturge, à un âge aussi jeune, a pu tracer son cheminement dans le paysage artistique national en déclarant l'émergence d'une grande école théâtrale autonome. A cette occasion, le directeur de l'institut, ami du dramaturge, Mohamed Talal, a mis la lumière sur «le parcours artistique de cette figure de proue en s'appuyant sur l'esthétique de ses écrits, puissance de son militantisme et profondeur de sa vision vis-à-vis de la société et vis-à-vis du monde». De son coté, Mohamed Bhjaji, journaliste et écrivain, a rappelé le public de «la vie syndicale et créatrice de Mohamed Kaouti, car ce dernier a présidé, durant des années, le Syndicat national des professionnels du théâtre dans lequel il a initié plusieurs projets artistiques mais également il a défendu les droits légitimes des créateurs». L'écriture de Kaouti, a-t-il ajouté, «est une écriture consciente, militante, des textes qui voyagent dans les cultures et les civilisations. A vrai dire, une nouvelle écriture, une nouvelle théorie de réception qui invitent le lecteur et le public à vivre la création avec l'écriture, les personnages afin de se prolonger dans l'univers de l'éthique en jouant sur l'imaginaire du lecteur. Des textes qui s'ouvrent sur la pensée humaniste mondiale tels que Samuel Barclay Beckett dans «Sidna Kdar», «Bou Ghaba», «No man's land», «Ring» et d'autres. Certes, l'écriture chez Mohamed Kaouti se considère comme un atelier ouvert sur des nouvelles perspectives du dialogue avec les peuples et cultures du monde. Ipso facto, c'est une écriture blanche et universelle. Ainsi, le critique du théâtre, El Houcine Chaâbi, a fait rappel de «l'expérience du dramaturge dans le domaine de la gestion, notamment dans le secteur de la production artistique qui a joué un rôle primordial dans la progression de la création théâtrale au Maroc.» De l'autre, c'était l'occasion également pour jeter un regard sur la thématique de la transplantation dans les œuvres du dramaturge, en signalant au nouveau phénomène artistique relatif à la «collusion» entre l'écrivain ou dramaturge et le réalisateur de l'œuvre. Par ailleurs, M. Hmadi, membre du groupe théâtral «Salam Al Barnoussi», indique que Kaouti «a fondé un nouveau théâtre avec un nouveau souffle et nouvelle vision qui illustre très bien la réalité de son époque, qui était marquée par une dynamique politique et culturelle très particulière, en abordant, en revanche, les grandes questions qui touchent la réalité de cette période.» Le mot du metteur en scène, réalisateur, Abdelilah Ajil, s'est articulé «sur l'esthétique de l'écriture de ce symbole, sur son expérience avec la scène, les acteurs et la personnalité forte de cet homme et militant.» Quant à la richesse de son écriture et ses ouvres d'art, Mohamed Kaouti, dans un mot de la fin, a exprimé son amour au public en partageant des mots du respect et gratitude avec les amis et camarades de son temps. Un hommage en signe d'amour et engagement pour le pays et son peuple...