L'Espagne du nord s'éloigne de celle du sud. La récession et les conséquences de l'effondrement de l'immobilier ont essentiellement provoqué la disparition d'une partie des acquis de la convergence entre les communautés autonomes en termes de rente, atteinte en 2009. Dans une chronique de la journaliste Armanda Mars publiée dans son édition de lundi, le quotidien espagnol El Pais relève que la «vieille brèche entre les régions riches et pauvres, un héritage pollué de cette interminable crise qui avait atteint son paroxysme en 2012» est de retour. Selon le journal, le reflet de l'Europe à deux vitesses devient «très éclatant» en Espagne avec des régions riches telles le Pays Basque, Madrid, Navarre et Catalogne, qui ont «amélioré leur position par rapport à la moyenne du Produit intérieur brut (PIB) per capita entre 2008 et 20012, et d'autres se trouvant à «l'autre extrémité», comme Estrémadure, Andalousie, Castille-La Manche et Murcie qui ont «perdu des positions». Il est intéressant, en lisant l'analyse d'El Pais, de se rendre compte d'une Espagne bicéphale. Il est amusant de faire des comparaisons entre les deux groupes de régions autonomes. De ce fait, retient le journal, il existe réellement une différence «entre l'Espagne qui exporte et celle qui ne le fait pas, entre l'Espagne qui perd de la population et celle qui gagne des habitants, entre l'Espagne qui avait placé sa confiance en l'industrie de la brique comme moteur de croissance et celle qui comptait sur d'autres soutiens comme alternative». De même, le chômage divise le pays en deux parties avec des taux qui vont de 16% de la population active pour les basques à près de 36% pour les andalous ben que la moyenne nationale est supérieure à 26%. «Le résultat est dramatique», note le journal qui se réfère à des données de l'Institut espagnol de la statistique (INE-public) selon lesquelles le meilleur niveau du PIB per capita, enregistré au Pays Basque, se situait en 2008 à 29,7 points au-dessus de la moyenne nationale (129,7 points sur 100) alors que la position inferieure était occupée par Estrémadure avec 31 points au-dessous de la moyenne nationale (68,4 points sur 100). La «brèche» atteint 61 %. A la clôture de 2012, le PIB per capita basque est, quatre ans plus tard, de 30.828 euros, c'es-à-dire 35,4 points au-dessus de la moyenne nationale. Ceci signifie qu'il est le double du PIB per capita d'Estrémadure, qui est de 15.395 euros (35,4 points au-dessous de la moyenne nationale) et que la « brèche » a agrandi pour atteindre 67,8% entre l'habitant de la région la plus riche et celui de la région la plus pauvre d'Espagne. Selon le journal, les mesures drastiques d'ajustement dans certaines Communautés autonomes ont affecté la bonne marche économique dans la mesure où les comptabilités régionales en 2012 reflètent une situation selon laquelle la récession a fortement frappé les régions qui ont consenti plus d'efforts pour redresser les déséquilibres budgétaires. Les régions de Castille-La Manche, les Asturies et l'Estrémadure, qui ont fait le plus de sacrifices dans ce sens, ont enregistré des chutes de l'activité économique respectivement de 3%, 2,5% et 2,2%. Pour connaître l'effet de cette politique, il est intéressant de citer le cas du gouvernement régional de Castille-La Manche qui a réussi à réduire de 6% son déficit (passant de 7,9% à 1,5%) en éliminant deux milliards euros de la rubrique «dépenses». Un rapport du Conseil économique et social (CES) a aussi établi un lien entre la distribution des revenus et l'augmentation des disparités régionales en insistant sur l'apport de l'innovation. «Madrid, Catalogne, Pays Basque et Navarre sont les Communautés autonomes qui traditionnellement réalisent le plus important effort au niveau des dépenses en matière de Recherche et développement (R&D) alors que leurs entreprises sont plus représentées dans les domaines de technologies innovatrices», retient El Pais. Ce sont aussi les régions qui se placent en tête en termes de revente per capita.