La journée mondiale de la femme est toujours une occasion de commémorer, d'abord l'événement avec tout ce que cela renferme d'enseignement et de signification. C'est aussi une opportunité de faire le point sur l'état d'avancement de la condition féminine sur moult registres. Notre pays a franchi, sans conteste, des étapes considérables dans le sens de l'émancipation de sa moitié, en continuelle métamorphose, quoique de longs chemins restent à parcourir pour combler toutes les attentes. A ce propos, le tissu associatif, par le truchement duquel le mouvement féminin marocain a su se frayer de longs chemins, à l'issue de laborieuses et ardues actions de rehaussement. Dans le sillage des exemples lumineux qui agrémentent cette montée salutaire des femmes dans la société civile, nous citerons aujourd'hui, le cas de Nadia Jellouli, militante pluridisciplinaire de haute facture. Une femme humble, sobre et convaincue, dont la cause féminine, entre autres, demeure le cheval de bataille au centre des soucis multiples de la société marocaine. Son passage dans la capitale du Souss, en compagnie de son époux, ex directeur de l'Académie régionale de l'éducation et de la formation de la région Souss Massa Drâa, restera à jamais gravé dans les mémoires de la communauté d'Agadir. Ses empreintes aussi bien dans le champ associatif que pédagogique et politique mettront toujours de la tiédeur dans le coeur de tous celles et ceux qui l'ont côtoyée et accompagnée dans son éloquent parcours. Bref entretien: Quel sens donneriez-vous à cette occasion de la journée mondiale de la femme ? Nadia Jellouli : C'est une journée symbolique, il est vrai, mais s'avère, à mon sens, une journée parmi tant d'autres, par le biais de laquelle et de son travail assidu et constant, la femme est censée sortir davantage de sa coquille pour faire germer toutes le potentiel dont elle regorge. La condition de la femme a besoin, en effet, d'une persévérance de longue haleine, consolidée par les acquis cumulés des années durant, dans le contexte de la démocratisation et de la modernisation de la nation. Comment se présente l'action associative dans le sud, au sein de laquelle tu t'es tant investie? Il est incontestablement vrai, la femme du sud marocain, déploie un effort impressionnant, en particulier dans le domaine du développement, au niveau des associations et des coopératives. Cet engouement certain a pu mettre en train de nombreuses initiatives génératrices de revenus, en termes de constitution d'entités dans les domaines des produits du terroir, particulièrement l'huile d'Argane, l'amande, le safran, le cactus, le miel... Au niveau d'Agadir, le travail féminin se focalise surtout sur les conditions de la femme en difficulté, au niveau des femmes célibataires, des enfants abandonnés, des droits de l'homme, des bonnes surexploitées, des femmes victimes de la violence... A ce titre, notre action associative, s'attelle, en effet, à ce genre d'actions, en coordination avec toutes les parties concernées, aussi bien institutionnelles, représentatives qu'associatives. Pensez-vous qu'à la lumière de la nouvelle Constitution, le Maroc pourra hisser ses indicateurs sociaux dans lesquels les femmes jouent un rôle prépondérant ? Il est vrai que la nouvelle constitution a constitué un tournant décisif dans l'histoire de l'élévation des conditions de vie, toutes spécificités confondues. Elle a permis, entre autres, à l'institutionnalisation de nombre de droits économiques et sociaux des populations et la consécration de la parité et de la justice sociale. Cependant, il va sans dire que l'application de toutes ces innovations institutionnelles est tributaire d'un gros déploiement de toutes les forces vives de la société pour mettre à contribution ces acquisitions. Nous en avons la possibilité, au vu des capacités intrinsèques des citoyens, notamment des femmes qui endurent le plus les affres des effets de l'injustice, de l'oppression et de l'avilissement. Les marges de liberté et la volonté manifeste d'aller dans ce sens sont des outils indéniables afin de mettre à l'épreuve cette tâche qui se range, en fait, dans l'alignement des générations de réformes entreprises par notre pays, depuis déjà presque deux décennies. Beaucoup de dysfonctionnements de la vie publique demeurent un sérieux handicap pour le développement multidimensionnel. Quelle place la femme devrait-elle occuper dans cette dynamique nationale? Certainement, une place de choix. Il n'y a plus de raison que la femme se cantonne dans les arrière-plans, alors que les lois et les codes, notamment le code de la famille, sont érigées pour justement l'incorporation organique de la femme dans ce grand chantier. Au niveau de la vie associative, au côté naturellement de la participation politique et représentative, la contribution de la femme est vitale, au regard de son aptitude sincère et perspicace. Il ne s'agit pas, en effet, d'un mécénat que cherche la femme, mais d'un mérite affiché dans les éventails de la vie commune. Maintenant, il va falloir ouvrir les portails grands ouverts pour la mise en pratique de tout cet arsenal, dans une approche de synergie et de symbiose, loin de tout sectarisme et d'exclusive. Sans la participative effective et avérée de la femme, on ne saurait prétendre à une croissance sûre et pérenne.